Prostitution nigériane: jusqu'à 7 ans de prison ferme
pour les membres du réseau
Vingt-quatre personnes, dont une en fuite, étaient jugées à Lyon du 6 au 13 novembre. ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Les membres d'un vaste réseau de prostitution de Nigérianes actif dans plusieurs villes de France en 2016-2017 ont été condamnés ce vendredi 29 novembre à Lyon à des peines allant jusqu'à sept ans de prison ferme.
Avec notre envoyé spécial à Lyon, Pierre Olivier
Des peines allant de deux à sept ans de prison ont été prononcées par le tribunal de Lyon. Dans la majorité des cas, trois infractions ont été retenues : proxénétisme aggravé, traite d'êtres humains et blanchiment d'argent.
Dix femmes et 13 hommes originaires du Nigeria ainsi qu'un Français avaient été jugés du 6 au 13 novembre. Considérés comme les têtes du réseau, le pasteur Stanley Omoregie, ont été condamnés à sept ans de prison. C'est également le cas de Jessica Edosomwan, actuellement en fuite. Âgée de 26 ans, elle est l'une des criminelles les plus recherchées d'Europe par Interpol.
Les prostituées qui étaient à leur tour devenues proxénètes ont elles aussi été condamnées à des peines allant de trois à six ans de prison, selon leur degré d'implication et leur ancienneté. Le garagiste français qui réparait les camionnettes des prostituées a quant à lui écopé de deux ans de réclusion.
Des peines jugées sévères par la défense
Ces condamnations sont moins importantes que les réquisitions du ministère public, qui avait réclamé jusqu'à dix ans de prison. Pour les avocats de la défense, elles n'en demeurent pas moins très sévères. « Ce n'est pas la première fois que devant la 16e chambre correctionnelle de Lyon il est jugé de ce qui a pu être appelé des "réseaux nigérians". Il y a deux ans, les peines maximales prononcées étaient de quatre ans », commente ainsi Me Thibaud Claus, avocat d'un des condamnés.
Maître Sébastien Sertelon, l'avocat d'un des proxénètes du réseau, souligne aussi l'importance des peines prononcées : « à mon sens, il y a une réelle volonté de la politique pénale de vouloir mettre fin à certains réseaux. Manifestement, non seulement le parquet, mais aujourd'hui les magistrats du siège, nous montrent qu'ils veulent mettre fin à ces infractions considérées comme particulièrement graves. »
Face aux prévenus, 17 prostituées s'étaient constituées parties civiles, ainsi que deux associations spécialisées dans l'action contre le proxénétisme. Elles saluent un jugement qui montre aux accusés la gravité de leurs actes. Mais l'association L'Amicale du nid dit aussi regretter que les sommes de dommages et intérêts demandées aux coupables n'aient pas été plus importantes.
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