Burkina: interrogations autour du massacre des femmes d'Aribinda
L’attaque terroriste qui a visé l’armée burkinabè et les populations à Aribinda dans le nord du pays ne laisse pas d'interroger. Qu'est-ce qui a poussé les jihadistes à s’en prendre aux femmes ?
Le porte-parole du gouvernement burkinabè donne une première information : c’est dans leur fuite que les jihadistes ont tué les populations civiles. Selon les témoignages, la majorité des femmes étaient chez elles. D’autres victimes étaient allées s’approvisionner en eau potable. Quant aux hommes, souligne notre source, ils avaient trouvé refuge au niveau de certaines collines : « Certains hommes laissent les femmes, car les jihadistes ne s’en prennent pas généralement à elles. »
Tentative d’enlèvement ou représailles ?
Mais pour le chercheur Mahamoudou Sawadogo, spécialiste des questions de sécurité au Burkina, l’une des hypothèses serait l’échec d’un enlèvement. « Depuis longtemps, les populations d’Arbinda résistent aux attaques. Donc pour les faire fléchir, les terroristes pourraient décider de faire des otages », explique le chercheur.
L’autre hypothèse soulevée par l’analyste Siaka Coulibaly, c’est la punition : « Cela ressemble plus à des représailles. » Selon le chercheur, pendant longtemps, certains groupes terroristes ont soupçonné les populations, notamment les femmes, de collaborer avec les forces de sécurité en leur fournissant des renseignements. « Face à la riposte des soldats burkinabè, les jihadistes pourraient s’en prendre aux femmes dans leur repli », souligne-t-il.
« Lien avec la campagne militaire franco-africaine »
Pour Baba Dakono, chercheur à l'Institut d'études de sécurité (ISS) à Bamako, cette attaque contre les femmes peut se comprendre d'abord « par le fait que ce sont les composantes de la société les plus vulnérables ». Ensuite, « tout cela ne doit pas occulter notamment dans la recherche de solutions, qu’en plus des femmes victimes qu’on observe, il peut y avoir également des femmes actrices de cette insécurité, pas des actrices comme des combattants, mais des actrices souvent invisibles qui ont un rôle de soutien, de renseignement. »
Enfin, pour l'expert malien, on peut facilement « mettre en lien cette attaque avec l’activisme, la campagne militaire franco-africaine qu’on observe au cours de ces dernières semaines. On sait qu’il y a eu plusieurs opérations de l’armée burkinabè, mais également des armées partenaires, au premier plan la France ».
C’est la première fois qu’un nombre si important de femmes (31) trouve la mort au cours d’une attaque terroriste au Burkina Faso.