[Infographie] Combien ont coûté les coupures d’internet aux pays africains en 2019 ?
Le continent est la deuxième région au monde la plus touchée par les coupures volontaires d’internet. En 2019, ces dernières ont coûté plusieurs milliards de dollars dans les douze pays concernés. Les détails en une infographie.
C’est en décembre 2018 que les premières manifestations contre le prix du pain s’organisent au Soudan. Elles mèneront à la chute du régime d’Omar el-Béchir en avril 2019. Ces mois de contestations seront filmés, photographiés, twittés, commentés et partagés en masse sur les réseaux sociaux, faisant éclore dans les médias occidentaux quelques figures symboliques de la révolution comme Ala’a Salah, une étudiante soudanaise prise en photo déclamant des poèmes de révolte et devenue depuis l’icône du soulèvement.
Chères coupures
Comment tant d’images ont pu filtrer de ces multiples rassemblements de protestation, tant le gouvernement a eu recours à des coupures d’internet ? En 2019, le Soudan est en effet le pays africain qui a eu le plus usé de cette pratique, avec au total 36 jours de coupure selon les estimations d’un rapport publié récemment par Top10VPN, un comparateur de systèmes de contournement de la censure appelés réseaux virtuels privés ou VPN.
Pour parvenir à ces conclusions, l’entreprise a agrégé les données de plusieurs organisations, dont celles de l’ONG américaine Netblocks qui répertorie en temps réel toutes les coupures de réseau en cours sur le globe et de l’Internet Society, qui calcule chaque année, le coût de ces débranchements.
Au-delà de l’atteinte à la liberté d’expression, le recours aux coupures du principal outil de communication mondial impacte également l’économie des pays qui l’utilisent. Pour l’État soudanais, qui compte 12,5 millions d’internautes, le coût des « shutdowns » est estimé à près de 1,9 milliard de dollars (environ 1,7 milliards d’euros) en 2019. La somme représente près de 17 % du budget 2020, fixé à 11,4 milliards de dollars et voté fin décembre par le gouvernement de transition.
Des réseaux sociaux inaccessibles au Tchad
Comme son voisin frontalier, le Tchad détient lui aussi un record de coupure. Depuis 2016, le pays présidé par Idriss Deby Itno restreint régulièrement l’accès aux réseaux sociaux à son million d’internautes. L’an passé, des services comme WhatsApp, Facebook ou Twitter ont été bloqués pendant 4 728 heures, soit 197 jours. Selon Top10VPN, l’opération aurait coûté 125,9 millions de dollars à l’État sahélien.
Deux « shutdowns » en Algérie
Au Maghreb, l’Algérie qui a connu de long mois de protestation ayant mené à la démission d’Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, a elle aussi rompu la connexion à Internet par deux fois. D’abord en juin, pendant les examens des étudiants (une pratique mise en place depuis trois ans) puis en septembre, lors de l’annonce de la date officielle des élections présidentielles. Au total, l’Algérie a opéré quarante-sept heures de coupure totale et trois heures de restrictions de réseaux sociaux. Coût de l’interdiction : 200 millions de dollars.
Le nombre de coupure d’internet est en forte hausse à l’échelle mondiale depuis quatre ans. En 2016, l’organisme indépendant Access Now a répertorié 75 coupures d’internet contre 196 en 2018 dans 25 pays. Avec 122 coupures dans 21 pays, l’année 2019 aura donc connu une légère baisse, mais la plus de la moitié des restrictions ont concerné des pays africains.
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