Dialogue avec les jihadistes au Mali : ce qu’il faut savoir sur Dioncounda Traoré,
haut représentant d’IBK
Depuis juin 2019, l’ancien président malien de la transition (78 ans) est le haut représentant d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) pour le centre du pays. Sa mission : trouver des solutions pour mettre fin à l’insécurité.
• Lettre
C’est par une lettre, rédigée le 9 janvier 2013, et transmise à François Hollande le lendemain, qu’il a sollicité, en tant que président par intérim, l’intervention militaire de la France au Mali (opération Serval). Dans cette missive, il demandait à son homologue français une « intervention aérienne immédiate » afin d’arrêter la progression de colonnes jihadistes en direction de Mopti.
• Konaré
De 1992 à 1997, sous la présidence d’Alpha Oumar Konaré, il a été ministre de la Fonction publique, puis de la Défense et, enfin, des Affaires étrangères. Il a notamment eu comme Premier ministre un certain… Ibrahim Boubacar Keïta (IBK).
• Adema
Il est l’un des plus anciens responsables de l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (Adema-Pasj), qu’il a cofondée en 1990. En 2000, après la crise interne consécutive au départ d’IBK, il prend la tête de cette formation. En 2012, il est désigné candidat à l’élection présidentielle… qui n’aura finalement pas lieu : le 22 mars, un coup d’État provoque la chute d’Amadou Toumani Touré.
• Grande porte
Député en 1997, il dirige le groupe parlementaire de l’Adema-Pasj, mais quitte l’hémicycle après sa défaite aux législatives de 2002. Il y revient par la grande porte cinq ans plus tard, en se faisant élire président de l’Assemblée nationale à une large majorité.
• Opposant
Après des études à Alger, Moscou et Nice, il rentre au Mali en 1977, un doctorat de mathématiques en poche. Professeur dans l’enseignement supérieur, il est aussi un opposant actif à Moussa Traoré jusqu’à la chute du dictateur, en 1991. Ses activités syndicales et politiques lui vaudront quelques séjours en prison.
• Intérim
Après le coup d’État contre Amadou Toumani Touré, Dioncounda Traoré, alors président de l’Assemblée nationale, se réfugie au Burkina Faso. Aux termes de négociations avec la junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, il est désigné président par intérim le 10 avril 2012. Il le restera jusqu’à sa passation de pouvoir à IBK, le 4 septembre 2013, après plus d’un an d’une transition chaotique.
• Lynchage à Koulouba
Les images – révélées par JA – avaient choqué, tant au Mali qu’à l’étranger. Le 21 mai 2012, une foule de manifestants pro-putschistes envahit le palais de Koulouba. Plusieurs d’entre eux agressent Dioncounda Traoré. Exfiltré par sa garde rapprochée, il évite de justesse le lynchage. Très affecté par cette épreuve, il passera deux mois de convalescence à Paris avant de revenir assurer ses fonctions à Bamako.
• Jihadistes
Le 20 juin 2019, IBK l’a nommé haut représentant pour le centre du pays. Censé trouver des solutions à l’insécurité et aux violences intercommunautaires, il a annoncé, à la fin de janvier 2020, qu’il avait dépêché des émissaires auprès des chefs jihadistes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa pour leur signifier qu’il était « disposé à discuter » avec eux.
• Écharpe blanche
L’un de ses signes distinctifs : durant son intérim à la présidence, il avait pris l’habitude de porter une écharpe blanche par-dessus son costume.
• Cyclisme
Féru de sport, il est surtout fan de cyclisme. Il manque rarement les courses qu’organise la fédération malienne. Celle-ci a d’ailleurs créé, en 2015, le grand prix Dioncounda-Traoré.