À Nouakchott, le G5 Sahel veut renforcer les progrès accomplis
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Les pays du G5 Sahel et leurs partenaires internationaux se sont retrouvés à Nouakchott ce mardi 30 juin. Ils ont exprimé leur volonté d'amplifier les progrès enregistrés, selon eux, contre les jihadistes ces derniers mois.
Avec notre envoyé spécial à Nouakchott, François Mazet
Les dirigeants présents à Nouakchott ont d'abord salué les progrès effectués depuis six mois : renforcement de Barkhane, succès militaires dans la zone des 3 frontières, améliorations au sein du G5 Sahel depuis la mise en place d'un état-major commun. « Les efforts se poursuivent, les progrès sont significatifs, mais restent insuffisants », a concédé Mohamed Ould Ghazouani.
« Ce sommet de Nouakchott nous a offert l’occasion d’échanger autour de l’évolution de la situation sécuritaire dans la région. A la lumière non seulement de la recrudescence de la violence en Libye et ses incidences négatives sur toute la sous-région, mais aussi de la dangereuse extension des terroristes à de nouvelles régions. » Référence à l'attaque de Kafolo dans le nord de la Côte d'Ivoire le 11 juin dernier, qui illustre la crainte d'un déplacement des djihadistes des zones où ils sont sous pression, vers les pays côtiers.
Ghazouani plaide pour l'annulation de la dette des pays les plus pauvres
Si la lutte anti-terroriste a connu des succès, les autres « piliers » de Pau piétinent : aide au développement, redéploiement des Etats et autonomisation des armées nationales.
Mohamed Ould Ghazouani a particulièrement insisté sur la nécessité d'annuler la dette des pays les plus pauvres pour lutter contre les crises économique, sociale, sécuritaire et sanitaire, amplifiées par la pandémie de Covid-19
« La question de la dette extérieure des pays pauvres s’est posée comme problématique majeure dans l’agenda de la diplomatie nationale. Le G5 a lancé un appel pour l’annulation de la dette des pays les plus pauvres, qu’il a réitéré lors des différents Forums internationaux. Le moratoire décidé par le G20 au profit des pays africains constitue une avancée qui doit être saluée, mais nous pensons aussi qu’elle est insuffisante pour résoudre les problèmes liés à l’endettement excessif, fortement accentués par les conséquences socio-économiques de la pandémie de Covid-19. »
Lutte contre l'impunité
Dans leur communiqué final, les dirigeants se sont aussi engagés à renforcer la judiciarisation des zones de conflit, c'est-à-dire la lutte contre l'impunité. Un point sur lequel le président du Conseil européen Charles Michel et le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres ont particulièrement insisté, soulignant au cours de la conférence la nécessité de faire respecter les droits humains. Antonio Guterres a également dit souhaiter un renforcement de la Minusma.
Emmanuel Macron s’est pour sa part dit « convaincu que la victoire est possible au Sahel ». « Nous sommes en train d’en retrouver le chemin grâce aux efforts qui ont été consentis au cours des six derniers mois », a déclaré le président français à l'issue du sommet. Il a toutefois averti que les forces du G5 Sahel devraient se montrer « exemplaires » dans leur combat, en réaction à des accusations d'exactions de la part de certaines d'entre elles.
« Face aux faits graves qui ont été rapportés, des enquêtes seront menées », a-t-il ajouté. « Le Sahel ne doit pas plonger dans un cycle de violence et de représailles. C’est précisément ce que recherchent les groupes terroristes et ce qu’ils ont réussi à faire dans le passé. »