Transition au Mali : l’OIF envoie le Sénégalais Cheikh Tidiane Gadio à Bamako
L'ancien ministre sénégalais des affaires étrangères en 2015, lorsqu'il était envoyé spéciel de l'Organisation de la coopération islamique en Centrafrique
L’ex-ministre sénégalais des Affaires étrangère a été choisi par l’Organisation internationale de la francophonie pour mener une mission de suivi de la situation au Mali.
Il sera à Bamako « dans les prochains jours », où il conduira une mission à la tête d’une délégation composée de parlementaires et diplomates de la francophonie. Cheikh Tidiane Gadio, 64 ans, a été désigné ce lundi 21 septembre envoyé spécial pour le suivi de la crise malienne pour le compte de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
L’envoyé spécial et sa délégation seront chargés « d’accompagner le processus de transition civile au Mali », précise l’OIF dans un courrier à l’intention du président de la transition tout juste désigné, l’ex-ministre de la Défense Ba Ndaw, et du chef de la junte, désormais vice-président, le colonel Assimi Goïta.
« La médiation de l’OIF viendra en renfort de celle de la Cedeao, qui affiche un objectif clair : un retour à l’ordre constitutionnel au Mali d’ici dix-huit mois. Le président Macky Sall apprécie beaucoup la désignation d’un homme d’expérience comme Cheikh Tidiane Gadio », se félicite Seydou Guèye, ministre porte-parole du gouvernement sénégalais.
Partisan de la levée des sanctions
Plus d’un mois après le coup d’État, Cheikh Tidiane Gadio, qui défend une levée des sanctions imposée au Mali par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), devra assurer une médiation entre les différentes parties prenantes de la crise, des différentes composants du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) aux militaires putschistes en passant par les groupes armés signataires de l’accord de paix d’Alger, les représentants des partis politiques et des organisations de la société civile qui ont participé à la concertation nationale.
Déjà, fin juillet, Gadio avait accompagné le président sénégalais Macky Sall lorsque cinq chefs d’État de la Cedeao s’étaient rendus au chevet d’un Mali en pleine crise politique. « Il y a une responsabilité collective engagée au Mali. La responsabilité de la classe politique prise globalement a fait qu’il y a eu au Mali une longue crise », avait-il alors estimé au micro de la télévision nationale malienne.
Quelques jours après le coup d’État, le 23 août, invité cette fois sur la télévision nationale sénégalaise, il était revenu sur les contestations électorales qui avaient suivi les dernières élections législatives et présidentielles. « Le Mali a connu quatre coups d’État militaires, la seule passation de pouvoir entre civils a eu lieu entre le président Alpha Oumar Konaré et le président Amadou Toumani Touré, lui-même un militaire retraité. Cela pose un problème, estimait-il. Y a-t-il structurellement dans le fonctionnement de l’État malien quelque chose qui aboutit à ce genre de situation ? C’est une réflexion à mener. »
Diplomate expérimenté
Ministre des Affaires Étrangères sous Abdoulaye Wade et actuel président de l’Institut panafricain de stratégie paix-sécurité-gouvernance (IPS), qui se définit comme une structure autonome de formation, de réflexion et d’actions en faveur de la paix, la sécurité, la bonne gouvernance et de la solidarité panafricaine, Cheikh Tidiane Gadio dispose « d’une très riche expérience diplomatique », justifie l’OIF dans le communiqué annonçant sa nomination. « Cheikh Tidiane Gadio a une prédilection pour les thématiques concernant la consolidation démocratique. S’y ajoutent ses nombreuses relations qui vont lui permettre de jouer pleinement son rôle de facilitateur dans la médiation », ajoute Seydou Guèye.
De fait, l’ex-chef de la diplomatie sénégalaise a déjà conduit plusieurs missions de médiation et de facilitation, notamment sous l’égide de l’Union africaine, de la Cedeao et le l’Organisation de la coopération islamique (OCI).