France: quid de la suite du processus de restitution d’œuvres d’art?

                                   Vue sur les poteaux funéraires malgaches dans l’exposition « Madagascar, arts de la Grande Île » au musée du Quai Branly.
                Vue sur les poteaux funéraires malgaches dans l’exposition « Madagascar, arts de la Grande Île » au musée du Quai Branly. RFI/Siegfried Forster
Texte par :RFISuivre
6 mn

Les députés ont adopté le projet de loi sur les restitutions d’œuvres d’art au Bénin et au Sénégal. Mais est-ce qu’il y aura dans les prochains mois d’autres projets de ce type ? Six pays du continent ont à ce jour formulé des demandes.

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Le gouvernement peut se frotter les mains. Le texte n’a pas simplement été voté par les députés, il a quasiment été adopté à l’unanimité après 2 heures de débat apaisé. Tout le monde ou presque a salué la démarche entreprise. Les sénateurs devraient à leur tour suivre le mouvement début novembre. L’exécutif souhaite que ce texte soit définitivement adopté d’ici la fin de l’année.

10 000 pièces demandées par le Tchad

La France aura alors un an pour remettre les 26 œuvres du trésor de Béhanzin à Cotonou, le sabre dit d’El Hadj Omar Tall ayant déjà été remis au Sénégal sous forme de prêt. Ces restitutions sont une première étape, ne cesse-t-on de répéter au sein de la majorité, quid alors de la suite du processus ?

Six pays du continent ont depuis un an et demi formulé des demandes : le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Mali réclament plusieurs objets. Le Tchad a demandé à récupérer 10 000 pièces. L’Éthiopie en a listé 3 000 exposés au Quai Branly en février 2019. Ces demandes sont pour l’heure en cours d’instruction.  Il y a tout un travail d’investigation à mener. Et cela va prendre un certain temps surtout pour les pays comme le Tchad qui ont demandé à récupérer un grand nombre d’objets.

Les discussions semblent plus avancées avec Madagascar au sujet de la restitution de la couronne de la reine Ranavalona III. Antananarivo souhaite récupérer l’objet pour la fête de l’indépendance le 26 juin. Paris avait proposé dans un premier temps une convention de prêt comme cela s’est fait en 2019 pour le Sénégal avec le sabre dit d’El Hadj Omar Tall, mais les autorités malgaches ont demandé un transfert immédiat de propriété. Il faudra donc en passer par une loi spécifique, loi qui ne se fera pas dans l’immédiat.

Depuis 1960, des États africains demandent à se voir restituer des pièces de leur patrimoine qui ont été pillés pendant la colonisation. Et c'est la première fois que c'est rendu possible.

Marie-Cécile Zinsou, historienne de l'art: «C'est vraiment très important comme loi parce que c'est une première»

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