Restitutions des œuvres au Bénin et au Sénégal: la loi adoptée par le Parlement français
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Les députés ont finalement eu le dernier mot ce jeudi matin, faute d’accord avec les sénateurs sur un texte commun. Comme le stipule le texte, la France a maintenant un an pour remettre au Bénin les 26 œuvres du trésor de Béhanzin. Le sabre dit d’El Hadj Omar Tall, fondateur de l’empire Toucouleur, a lui déjà été restitué en novembre 2019 aux autorités sénégalaises.
Le texte a été adopté ce matin à la quasi-unanimité : 48 voix pour, aucune contre et seulement deux abstentions. La discussion a été rapide, elle n’a même pas duré une heure. Un quasi-consensus donc autour de ce texte et de ces deux articles qui stipulent que les 26 œuvres du trésor de Béhanzin et que le sabre avec fourreau dit d’El Hadj Omar Tall cessent de faire partis des collections nationales françaises à compter de la date d’entrée en vigueur de la loi.
Malgré cela, l’adoption de ce projet de loi n’aura pas été aussi rapide que prévu. En cause : la restitution par la France à Madagascar de la couronne ornant le dais royal de la reine Ranavalona III. Une restitution survenue début novembre en plein débat au Sénat sur ce projet de loi. Ce qui n’a pas été du goût des sénateurs, notamment de droite, qui ont reproché à l’exécutif de céder un bien culturel à un pays étranger sans demander son avis au Parlement.
Dans la foulée, les sénateurs ont alors proposé de créer une structure chargée de « mieux encadrer scientifiquement » les restitutions futures. Proposition rejetée par le gouvernement et la majorité. Résultat, le Sénat a refusé mardi de voter le projet de loi.
Le compte à rebours est lancé
C’est donc l’Assemblée nationale qui a eu le dernier mot ce matin. C’est toujours ainsi que cela se passe lorsqu’il n’y a pas de consensus entre les deux chambres. Cette fronde des sénateurs n’étaient de toute façon pas dirigées contre ces restitutions en elles-mêmes. « Notre vote n’est en aucun cas un vote contre les restitutions au Bénin et au Sénégal », a tenu à préciser hier Laurent Lafon, le président de la commission des affaires culturelles du Sénat. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’une opposition à la méthode du gouvernement. »
À l’Elysée, on se félicite aujourd’hui de l’adoption de ce texte et du chemin parcouru depuis 2017 pour en arriver là. Le compte à rebours est désormais lancé. Si le sabre dit d’El Hadj Omar Tall a déjà été restitué l’an passé à Dakar, la France a maintenant un an pour remettre aux autorités béninoises les 26 œuvres du trésor du Béhanzin, pillées en 1892 par le général Dodds lors du sac du palais d’Abomey.
Depuis plusieurs mois, Cotonou travaille avec Paris à l’accueil de ces œuvres. La restitution devrait avoir lieu d’ici la fin de l’année prochaine. Ces pièces seront d’abord exposées temporairement au Musée international de la mémoire et de l’esclavage de Ouidah avant d’être définitivement transféré au musée de l’épopée des amazones et des rois du Dahomey.