Les Gafam, des entreprises-États

Editorial 

Il faut limiter la puissance des géants du numérique.

  • Guillaume Goubert, 

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Les Gafam, des entreprises-États
 
Guillaume GoubertMAXIME MATTHY

L’histoire nous a familiarisés avec la notion de cité-État : depuis les villes italiennes de la Renaissance jusqu’à, aujourd’hui, Singapour, Monaco ou… le Vatican. L’époque actuelle fait émerger une nouvelle catégorie d’acteurs : des entreprises si puissantes que l’on peut comparer leurs capacités à celles d’un État. Cela est particulièrement vrai des géants du numérique, ceux que l’on désigne désormais par l’acronyme Gafam (GoogleAppleFacebookAmazon, Microsoft). Deux indices en témoignent. Le fait que certains pays aient nommé des diplomates pour entretenir des relations avec ces sociétés. Ou le projet de Facebook de créer une monnaie.

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Désormais, le poids de ces entreprises fait peur. Il faut dire qu’elles ont peu fait pour démontrer leur volonté de civisme. Elles sont connues pour pratiquer à très grande échelle l’optimisation fiscale, autant dire l’évasion voire la fraude fiscale. Elles jouent sans scrupule de leur position dominante (Google et Facebook captent à eux seuls 25 % des recettes publicitaires mondiales). Elles n’ont pas pris les dispositions nécessaires pour éviter que leurs réseaux ne soient utilisés à des fins contraires aux usages de la démocratie.

Paradoxe, lorsque, finalement, elles agissent en coupant les comptes de Donald Trump, elles ne font que démontrer la réalité d’un pouvoir devenu exorbitant : celui de faire taire l’homme le plus puissant au monde, si controversé soit-il. C’est désormais une des urgences majeures de la vie publique que de fixer des règles limitant la puissance des Gafam. Cela sera très difficile car l’affaire ne peut se régler qu’à une échelle internationale. Un beau chantier à mener en commun par la nouvelle administration américaine et l’Union européenne.