Isabel dos Santos-Unitel : un tribunal parisien brise
une nouvelle offensive de la milliardaire angolaise
La justice française a rejeté la demande de la femme d’affaires angolaise relative à l’annulation d’une sentence arbitrale la condamnant à payer plus de 600 millions de dollars.
Après la perte de contrôle, le revers judiciaire. C’est ce que représente désormais Unitel, le principal opérateur de téléphonie en Angola, pour Isabel dos Santos. La justice française a en effet rendu ce 26 janvier une décision défavorable à la femme d’affaires angolaise, fille aînée de l’ancien président, José Eduardo dos Santos.
La cour d’appel de Paris a rejeté son recours en annulation d’une sentence arbitrale qui l’obligeait à payer, avec ses coactionnaires au sein de l’opérateur, plus de 600 millions de dollars au portugais PT Ventures, ex-autre actionnaire.
300 000 euros d’indemnités
Cet échec, qui ponctue une longue procédure judiciaire initiée en 2015, intervient après le retrait, annoncé en août, d’Isabel dos Santos du conseil d’administration d’Unitel et alors que l’exécutif angolais, dirigé par le successeur de dos Santos, João Lourenço, veut en reprendre le contrôle.
C’est un nouveau coup dur pour Isabel dos Santos, visée par des enquêtes pour corruption en Angola et au Portugal et fragilisée, sur le plan personnel, par le décès de son mari, Sindika Dokolo, fin octobre dans un accident de plongée à Dubaï.
Concernant l’affaire Unitel, examinée lors d’une audience à Paris le 9 décembre, la décision de la justice française est sans appel. Dans un arrêt de 24 pages, consulté par Jeune Afrique, la cour rejette l’ensemble des demandes de la société Vidatel, via laquelle Isabel dos Santos détient 25 % d’Unitel, et la condamne à payer 300 000 euros d’indemnités (notamment de frais liés à la procédure) à PT Ventures.
Arguments rejetés
Alors qu’Isabel dos Santos, représentée par le cabinet Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan, voulait faire annuler la sentence rendue par un tribunal arbitral en 2019, la cour d’appel de Paris l’a, au contraire, confirmée, confortant la position de PT Ventures, représenté par le cabinet White & Case.
Ni les arguments sur la composition du tribunal, ni ceux sur le manque d’indépendance de deux des arbitres n’ont été retenus, la cour soulignant le respect du pacte d’actionnaires et des règles de l’arbitrage sous l’égide de la Chambre de commerce internationale (CCI) de Paris.
Sollicité par Jeune Afrique, Quinn Emanuel Urquhart & Sullivan n’a pas donné de suite sur la question d’une possible contestation de cette décision. Également contacté, White & Case n’a pas souhaité apporter de commentaire.
Sonangol désormais majoritaire dans Unitel
Ce revers judiciaire confirme la perte d’influence d’Isabel dos Santos au sein d’Unitel, autrefois son bastion. Il s’ajoute à deux autres difficultés récentes.
La première concerne la structure actionnariale d’Unitel, auparavant détenu à parts égales (25 %) par quatre acteurs – Vidatel, PT Ventures, le général angolais proche de dos Santos père Leopoldino do Nascimento « Dino » (via sa société Geni) et la compagnie nationale de pétrole Sonangol (via Mercury). L’opérateur est désormais, depuis le début de 2020, contrôlé à hauteur de 50 % par Sonangol, qui a récupéré la participation de PT Ventures.
La seconde difficulté a émergé en décembre 2020. Selon la presse portugaise, PT Ventures a obtenu d’un tribunal aux Îles vierges britanniques (où est domicilié Vidatel) la nomination de deux administrateurs pour gérer la société d’Isabel dos Santos, y compris sa participation de 25 % au capital d’Unitel.
Sacrée première femme africaine milliardaire par Forbes en 2013, Isabel dos Santos, dont les avoirs ont été gelés en Angola et au Portugal, ne figure plus dans l’édition 2021 du classement du magazine américain des fortunes africaines.