L’Afrique en 2021 : et si nous parlions des bonnes nouvelles ?
Une nouvelle édition de « The Africa Report » se penche sur l’Afrique qui « marche », ces réussites et avancées souvent éludées. Pourvu que ça dure.
On l’oublie parfois, mais c’est lors de l’édition de mars 2016 du Africa CEO Forum, que pour la première fois les présidents Alassane Ouattara et John Dramani Mahama (alors chef de l’État ghanéen) ont jeté le gant face aux multinationales du cacao.
Les dirigeants des deux leaders mondiaux du cacao (70% de la production) ont annoncé leur intention de former un cartel pour imposer des prix plus élevés – ou simplement plus justes – de « l’or brun » pour les paysans africains.
La question de la réussite africaine
« Le Ghana et la Côte d’Ivoire doivent devenir la plaque tournante mondiale du chocolat. Nous devrions avoir une zone de développement conjoint et inciter les entreprises à s’y installer pour transformer le cacao », avait martelé John Dramani Mahama.
The Africa Report (TAR), publication soeur de Jeune Afrique, n’a pas oublié ce moment, qui a marqué l’amorce d’un rééquilibrage de la relation entre producteurs de matières premières et multinationales.
Après plusieurs manoeuvres dilatoires et menaces, « à la fin de l’année [2020], les plus grandes compagnies avaient accepté les arguments du Ghana et de la Côte d’Ivoire et conclu un accord sur la tarification et la surcharge » sur le prix du cacao, explique TAR dans son nouveau numéro (avril-mai-juin).
Cette réussite africaine n’est que l’une des nombreuses bonnes nouvelles que « The Success Issue » (« L’Édition de la réussite » au sens propre, mais aussi « l’enjeu » ou « la question » de la réussite), le nouveau numéro de TAR a choisi de mettre en valeur.
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« Il est tellement facile de se concentrer sur le pire en ce moment », explique à Jeune Afrique Nicholas Norbrook, rédacteur en chef (Managing Editor) de The Africa Report, citant « les inégalités dans la distribution du vaccin, des économies durement affectées par le coronavirus, les violences au Nigeria, au Mozambique, en Éthiopie… »
Pour autant, insiste-t-il : « L’Afrique ne cesse de se hisser vers le haut. Et nous voulons mettre le doigt sur ce qui marche, pour encourager, pour inspirer, pour célébrer cette Afrique qui n’est jamais aussi forte que quand elle puise sa force en elle-même. »
De la tech à la santé, l’industrie et l’énergie jusqu’aux initiatives bouleversantes prises par les jeunes à travers le continent et les positions inédites occupées par des personnalités africaines aux sommets des plus puissantes organisations de la planète, le nouveau magazine regorge de mille exemples de ces réussites africaines, qui méritent d’être davantage mises en avant en cette année difficile pour le continent, qui, dans sa partie subsaharienne, sort de sa première récession connue en vingt-cinq ans.
« Une génération de responsables politiques et de technocrates africains de talent occupe des postes de premier plan dans d’importantes instances mondiales. Ils sont à l’origine de programmes de réforme qui aideront le continent à prospérer », note le nouveau numéro de TAR, pointant le « leadership » du Sénégalais Makhtar Diop, désormais aux commandes de la Société financière internationale (IFC), de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, patronne de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et de l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé.
Une seul voix
Comme pour donner raison aux choix de TAR, au début d’avril, ces trois dirigeants, d’une seule voix, ont plaidé pour une plus grande solidarité dans la distribution mondiale des vaccins, lors des réunions de printemps 2021 de la Banque mondiale et du FMI.
« Le Nigeria compte plus de 200 entreprises fintech, qui ont récemment levées plus de 50 millions de dollars de fonds par trimestre », rappelle TAR, pointant la réussite éclaboussante de jeunes pousses telles que Flutterwave et Paystack, qui ont éveillé les appétits de la Silicon Valley américaine ces derniers mois.
Le magazine ne manque pas non plus de relever « le bruit des plafonds de verre qui s’effondrent de Casablanca au Cap », avec la montée en puissance de dirigeantes telles que Salwa Idrissi Akhannouch, directrice générale de Aksal Group au Maroc, de Bola Adesola, vice-présidente senior à Standard Chartered Bank, ou Ibukunoluwa Abiodun Awosika, présidente de First Bank, au Nigeria.
Dangereuses idées reçues
Il est à noter que cette édition a le mérite de ne rien omettre des challenges, des erreurs de diagnostic et des dangereuses idées reçues qui persistent sur le continent, malgré les réussites qu’il met en avant.
Aussi, il contient une passionnante analyse de la « fermeture de la fenêtre d’opportunité » longtemps offerte par l’industrialisation, permettant aux pessimistes, optimistes et réalistes de « state their case », présenter leurs idées, sans faux-fuyants ou arguments d’autorité. En un mot : lisez-le!