[Chronique] Sommet de Joe Biden sur le climat : les clefs du casting africain
Le président américain Joe Biden, qui organise jeudi et vendredi un sommet virtuel sur le climat, a invité 40 dirigeants, dont cinq africains. Quels ont été les critères de sélection ?
Il n’est jamais anodin de recevoir une invitation au premier sommet d’envergure d’un président américain frais émoulu, fût-ce une rencontre en visio-conférence qu’on peut suivre en pantoufles. C’est encore moins banal, quand un continent de 54 pays ne se voit attribués que cinq bristols.
Pour son sommet « virtuel » débuté le 22 avril et consacré au climat, Joe Biden a pourtant convié 40 dirigeants, ce qui aurait pu laisser espérer une dizaine de places au continent qui représente plus d’un quart des pays du monde et qui, de surcroît, subit de manière particulièrement cruelle les effets du réchauffement climatique : cultures décimées par la sécheresse ou quelque cyclone, menaces de famine et, en corolaire, heurts intercommunautaires entre agriculteurs et éleveurs…
Des invités incontournables
L’Afrique se console en considérant qu’il s’agit prioritairement d’attirer à la table des négociations les plus gros pollueurs, dont ses nations ne font guère partie. Mais pourquoi les invités africains à cette mondanité écologiste sont-ils Félix Tshisekedi, Cyril Ramaphosa, Ali Bongo Ondimba, Uhuru Kenyatta et Muhammadu Buhari ? La démonstration de l’équilibre géographique ne résiste guère à l’absence de présidents nord-africains.
Au moment du choix des invités à n’importe quel sommet, luisent les badges d’incontournables. Depuis la 34e session du sommet de l’Union africaine de février dernier, le président de la RDC préside l’institution continentale. La RDC – ça tombe bien – est souvent présentée comme le « second poumon du monde », avec le bassin du Congo, le fleuve Congo ou encore le parc des Virunga.
Dans une même logique d’ampleur vertueuse ou « vicieuse », les émissions nationales de gaz à effet de serres sont liées à la taille d’un pays et à son développement économico-industriel, ce qui rend incontournables l’Afrique du Sud et le Nigeria, les deux géants du continent africain.
Biden aura besoin du quintet africain
Par ailleurs, s’il s’agit de désigner poliment du doigt les pollueurs présumés responsables et irresponsables, il est aussi utile de décerner quelques satisfécit à valeur d’exemples. Officiellement, le nouveau président américain a invité « les dirigeants […] qui font preuve d’un solide leadership en matière de climat ». Pays de feu la militante écologiste nobelisée Wangari Maathai et son organisation Green Belt, le Kenya abrite le siège mondial du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et a misé très tôt sur un écotourisme favorable à la préservation de l’écosystème.
Quid d’Ali Bongo Ondimba, dont sa participation au sommet marquera son retour dans des événements d’envergure mondiale ? Pays, comme la RDC, de la région du bassin du Congo, le Gabon a adopté, depuis de nombreuses années, des politiques applaudies en matière de préservation de l’environnement et d’utilisation raisonnable des ressources naturelles. Et comme le Kenya, il compte un activiste écologiste reconnu : Marc Ona.
Face à des interlocuteurs comme le Chinois Xi Jinping et le Brésilien Jair Bolsonaro, l’ambitieux Biden aura bien besoin du soutien du quintet africain.