Le dilemme malien de la France
Editorial
Emmanuel Macron s’interroge sur la présence militaire française au Sahel
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Ce n’est pas la première fois qu’Emmanuel Macron évoque ouvertement un retrait des troupes françaises du Mali. Mais il n’a jamais semblé aussi disposé à passer à l’acte, manifestement exaspéré par les derniers développements de la crise. Lundi dernier, les officiers de l’armée malienne ont renversé l’exécutif pour la deuxième fois en neuf mois. En réponse, le président français a rappelé, dans le JDD, les conditions de l’engagement de la France : l’organisation d’un retour à la démocratie et l’étanchéité des liens avec les islamistes. Puisque ces conditions ne semblent pas remplies à ce jour, il est légitime de s’interroger sur le devenir de l’opération Barkhane.
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Pour autant, un retrait serait si lourd de conséquences qu’il semble aujourd’hui irréaliste. Les raisons qui ont conduit l’armée française à intervenir en 2013 sont toujours là. Les groupes djihadistes continuent de déstabiliser l’ensemble de la région. Du Niger au Burkina Faso, on craint l’effet domino. L’allié tchadien est fragilisé par la mort sur le front du président Idriss Déby. A ce stade, pour la France, un retrait serait synonyme d’échec, après plus de huit années de combats qui ont coûté la vie à 55 de ses soldats. Il laisserait le champ libre à d’autres puissances qui n’attendent que cela et accroitrait le risque de crises migratoires dans les années à venir. D’où l’insistance d’Emmanuel Macron sur l’engagement des Européens. En relançant l’idée d’un « plan Marshall » pour l’Afrique, il espère impliquer économiquement ceux qui rechignent à s’engager militairement. Sans constituer un aveu de faiblesse, il faut entendre ce que cela signifie en creux : la France ne compte pas endosser seule la responsabilité d’un échec au Mali.