Sénégal: des féministes demandent l’application de la loi qui criminalise le viol

 
Le collectif des féministes du Senegal s'est réuni le samedi 3 juillet pour appeler à l'application de la loi qui criminalise le viol et la pédophilie.

Le collectif des féministes du Senegal s'est réuni le samedi 3 juillet pour appeler à l'application de la loi
qui criminalise le viol et la pédophilie.
 © Théa Ollivier/RFI


Au Sénégal, le débat sur l’application de la loi qui criminalise le viol et la pédophilie depuis janvier 2020 est revenu sur la table. Tout a commencé suite à la plainte pour viol d’une jeune fille de 15 ans contre le fils d’un journaliste connu, le jeune homme étant actuellement sous mandat de dépôt. Le collectif des féministes sénégalaises s'est mobilisé ce samedi 3 juillet à Dakar pour soutenir toutes les femmes victimes de violences et de féminicides, et pour appeler la justice à appliquer la nouvelle loi. 

Avec notre correspondante à Dakar, Théa Ollivier

Quelques dizaines de femmes se sont rassemblées sur la place de la Nation à Dakar, vêtues de blanc et de violet, pancartes à la main. « Ras le viol ! » « Non à l’omerta ! ». Les slogans scandés appellent à soutenir toutes les victimes de violences, indique une féministe présente, Coumba Ndiaye. « La première cause, c’est combattre l’injustice faite aux femmes surtout le viol. On l’a criminalisé mais son application n’est pas effective. Une loi est faite pour être appliquée et non pour rester dans les tiroirs. »

Mais les obstacles pour porter plainte sont nombreux explique Fernanda Ramos De Almeida, ancienne membre de l’organisation féministe historique « Yeewu yewi ». « Les gens appellent cela ‘’soutoureu’’, c'est-à-dire ‘’se préserver du regard des autres.’’ Les gens se taisent. A chaque fois qu’on demande à la demoiselle, la victime, ‘’quelle était votre attitude et comment vous étiez habillée ?’’ »

Aïssatou Sène, porte-parole du collectif des féministes du Sénégal est lucide face à la faible mobilisation. « C’est normal qu’il n’y ait pas beaucoup de monde parce que la voix des femmes n’est pas écoutée. Quand on est féministe, on nous taxe de pleins d’autres noms. Beaucoup de jeunes femmes malheureusement ne veulent pas être associées à nous, mais le travail que nous faisons, elles vont toutes en bénéficier. »

Selon le ministère de la Justice, 512 affaires de viol et de pédophilie ont été enregistrées depuis l’adoption de la loi de criminalisation en janvier 2020.