Niger: après l'attaque de Baroua, l'espoir de tenir face à Boko Haram

Des milliers de déplacés nigériens ont pu rentrer dans le village de Bouara abandonnés depuis six ans suite aux attaques terroristes. Ici des réfugiés nigériens dans un camp près de Diffa en 2017.
Des milliers de déplacés nigériens ont pu rentrer dans le village de Bouara abandonnés depuis six ans suite aux attaques terroristes. Ici des réfugiés nigériens dans un camp près de Diffa en 2017. © BOUREIMA HAMA/AFP

Si seize militaires sont morts dans l’attaque de Baroua, près du Nigeria, dans la nuit du 25 août, aucun civil n’a été blessé ou tué. Les forces de défense du Niger ont donc résisté aux jihadistes de Boko Haram. Selon le ministère, une cinquantaine de terroristes ont été neutralisés. Baroua n’était pas visée par hasard : cette commune est la première où l’État a organisé le retour de déplacés dans le cadre de son opération « retour au village ». La volonté de continuer semble intacte. 

Résilience, résistance. Ambitieuse, l’opération « retour au village » a été lancée par le président Mohamed Bazoum, venu en personne à Baroua le 2 juillet. Six mille personnes sont revenues s'installer sur place.

Présence militaire renforcée avec l'appui des forces spéciales, ravitaillement en vivres et en eau, reconstruction des bâtiments officiels : les autorités nigériennes ne s’en cachent pas, elles s’attendaient à des représailles du groupe Boko Haram.

« On savait que Baroua serait attaquée parce que Boko Haram essayera par tous les moyens de saboter le retour des populations », explique Issa Lémine, gouverneur de la région, joint par Guillaume Thibault à Diffa.

D’où la présence importante des forces de sécurité pour protéger tout le secteur : dans la nuit de mardi à mercredi, en traversant le lac Tchad à pied, à cheval et en pirogue, c'est à un dispositif militaire puissant que les jihadistes ont dû faire face. Aucun civil de Baroua n’a d’ailleurs été blessé ou tué lors de cette offensive.

Le gouverneur de la région de Baroua veut désormais stimuler les populations :

Le message, c’est de tenir bon, de ne plus quitter les villages, exhorte-t-il. Le rapport de force va changer, nous n'allons plus accepter que les gens soient chassés à nouveau par Boko Haram. Et nous allons faire en sorte que les populations puissent revenir et rester définitivement dans leurs villages.

Pour les autorités, l’opération doit se poursuivre. Quelque 120 000 personnes sont toujours déplacées au Niger, et Baroua doit être l’exemple à suivre.

L'un de ces déplacés originaires de  Baroua, Adam Boulama, est actuellement à Niamey, d'où il suit la situation heure par heure. « Les dernières attaques de Bosso n'ont pas réussi, l'attaque de Baroua leur a fait un grand coup, note-t-il. La situation a basculé en faveur, donc, du gouvernement et des populations. »

Pour lui, deux choses permettent aux habitants d’être en confiance : la volonté politique, mais aussi la présence de jeunes de la région au sein de contingents qui protègent la zone.

Si les enlèvements de civils par les éléments de Boko Haram sont en recrudescence, la volonté de résister se retrouve chez les jeunes. « Il faut absolument braver la peur, résister. La communauté a demandé elle-même à retourner sur place. Moi, je reste optimiste, nous allons y arriver », confie Mara Mamadou, de la société civile de Diffa.

Pour Mara Mamadou, coordinateur des organisations de la société civile dans la région de Diffa, il n'y a pas de risque zéro

Les autorités du Niger s’attendent à de nouvelles attaques de Boko Haram dans la zone du lac Tchad. Mais si l’on est loin d’un retour à la normale, la peur semble néanmoins, jour après jour, se réduire.

Depuis le lancement par les autorités, en juin, de l'opération, près de 26 000 personnes ont été reconduites dans 19 localités. Ce n'est qu’un début, mais les résultats semblent encourageants.

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