En Afrique, le défi de la formation professionnelle

Dans un institut de formation à Cap Town, en Afrique du Sud. (Image d'illustration)
Dans un institut de formation à Cap Town, en Afrique du Sud. (Image d'illustration) Getty Images - Klaus Vedfelt

Les diplômés chômeurs sont une triste réalité en Afrique, où bien souvent les formations universitaires ne correspondent pas aux besoins des économies. Mais les choses sont en train de changer avec le développement de la formation professionnelle, devenue une priorité de l'Union africaine. Un secteur où s'illustrent davantage le secteur privé que le secteur public.

Patricia Veringa Gieskes est kinoise. Elle a créé, en 2006, une société d'intérim, The Job factory, mais elle a rapidement dû réorienter son activité principale. « On a presque été dans l'obligation de migrer vers la formation professionnelle pour des raisons de compétence, explique-t-elle. Et nous avons directement vu les résultats. C’est-à-dire que quand on forme les jeunes en adéquation avec ce qu'ils vont devoir mettre en pratique au niveau des entreprises, ils trouvent du travail. »

Au Niger, Abdoulaye Sanda Maïga a identifié le problème il y a vingt ans déjà. Les jeunes diplômés ne sont pas correctement formés aux besoins des entreprises et de l'économie en général. Des bataillons de diplômés ne trouvent pas d'emplois. Il a donc créé l'Institut pratique de santé publique. Et aujourd'hui, il forme chaque année 2 500 jeunes dans des métiers aussi divers qu'agent de santé, infirmier obstétrical, épidémiologiste ou nutritionniste.

« Il est indéniable qu'aujourd'hui, au Niger, le secteur privé pallie le manque de formation qu'ont les jeunes diplômés du Niger, affirme Abdoulaye Sanda Maïga. L'État fait ce qu'il peut, mais il ne peut pas tout faire, c'est impossible. Et nous venons en appui à l'État pour cette formation professionnelle, car aujourd'hui, dans le monde entier, s'il n'y a pas de formation professionnelle, on ne peut pas parler de développement. »

Si l'État ne peut pas tout faire, reconnait Abdoulaye Sanda Maïga, il pourrait au moins aider les entreprises privées de formation professionnelle. « Avant, il y avait une subvention de l'État, ajoute-t-il. Mais ils l'ont arrêté. Il n'y a plus d'aide en tant que tel. Ce qu'ils font parfois, c'est de nous donner des terrains où nous pouvons installer les bâtiments de nos écoles. Mais nous pensons que l'état doit faire mieux que cela et nous appuyer. »

Patricia Veringa Gieskes est confrontée au même manque de soutien de la part des pouvoirs publics. Or, sans aide, son entreprise ne pourra pas perdurer, s'inquiète-t-elle. « Nous avons créé une fondation pour essayer de capter des fonds afin de former les jeunes. Nous sommes une entreprise privée et qui est censée gagner de l'argent, et là, on ne le pouvait plus, car c'est quasiment nous qui financions le tout ».

Abdoulaye Maïga et Patricia Veringa Gieskes savent que la formation professionnelle est la clé pour fournir du travail aux millions de jeunes qui arrivent chaque année sur le marché de l'emploi en Afrique. Mais ils se demandent si cette prise de conscience est bien partagée par les dirigeants politiques.