François Compaoré, John Numbi, Karim Keïta, Kalev Mutond… Ces Africains recherchés pour des affaires criminelles (3/4)

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Mis à jour le 02 septembre 2021 à 14h18
Karim Keïta ; Moutond ; John Numbi ; François Compaoré

Karim Keïta ; Moutond ; John Numbi ; François Compaoré © Karim Keïta/ Moutond / John Numbi /François Compaoré
Michele CATTANI/AFP ; ROBERT CARRUBBA; Junior KANNAH / © Vincent Fournier/JA ; MONTAGE JA

 

« Wanted » (3/4) – Alors qu’ils ont occupé des postes stratégiques dans leur pays, ces hommes de pouvoir sont désormais cités dans des dossiers criminels. Du Burkinabè François Compaoré au Malien Karim Keïta en passant par les Congolais Kalev Mutond et John Numbi, JA a enquêté.

Burkina Faso – François Compaoré, mieux vaut tard que jamais


François Compaoré fut le conseiller de son frère pour les questions économiques. Ici à Paris, le 12 septembre 2017. © Vincent Fournier/JA

L’affaire date de vingt-trois ans et a rattrapé François Compaoré. Accusé d’avoir commandité l’assassinat, en décembre 1998, du journaliste Norbert Zongo, qui enquêtait lui-même sur les circonstances obscures de la mort de l’un de ses employés, le frère de l’ex-président burkinabè, 67 ans, va-t-il enfin s’expliquer sur sa responsabilité dans ce crime qui avait ébranlé le pays ?

La décision rendue le 30 juillet par le Conseil d’État français, qui valide le décret d’extradition de François Compaoré vers Ouagadougou, laisse augurer un rebondissement en faveur de ceux qui réclament justice dans le dossier de la mort de Norbert Zongo et de trois de ses compagnons, classé en 2006 après un non-lieu et rouvert à la faveur de la chute de Blaise Compaoré.

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SI NÉCESSAIRE, NOUS ACCOMPAGNERONS FRANÇOIS COMPAORÉ EN ZONE ROUGE

Pourtant, le combat est loin d’être terminé : les avocats de François Compaoré, les Français François-Henri Briard et Pierre-Olivier Sur, regrettant une décision qui expose leur client à des « risques de torture, de traitements inhumains et dégradants », ont aussitôt saisi la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) « afin qu’elle fasse échec à l’extradition envisagée ». Le 6 août, la CEDH a annoncé avoir demandé à la France de suspendre l’extradition du Burkinabè en attendant qu’elle examine le dossier sur le fond. La Cour a toutefois insisté sur le fait que cette demande ne présageait pas « de ses décisions ultérieures sur la recevabilité ou sur le fond des affaires en question ».

Si les avocats de François Compaoré ont salué dans un communiqué une « décision indépendante et impartiale », le Burkinabè n’est donc pas tiré d’affaire. Fin juillet, il avait pris acte de la décision du Conseil d’État français, se déclarant « prêt à faire face, dans la dignité, l’honneur et avec responsabilité, à la justice burkinabè ». Me Pierre-Olivier Sur dénonçait quant à lui une « pression politique sur la justice en France dans cette affaire si particulière dans l’histoire des deux pays ». « C’est pourquoi nous avons saisi la Cour européenne, seule juridiction qui pourra statuer avec une juste distance dans ce dossier », ajoutait-il, avant de conclure : « Si nécessaire, nous accompagnerons François Compaoré en zone rouge pour nous assurer que les bonnes conditions d’incarcération et de jugement sont remplies. »

Nadoun Coulibaly