À la Une: la situation sécuritaire se dégrade encore au Burkina Faso
Publié le :
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré a procédé mercredi 30 juin 2021 à un remaniement gouvernemental. (Photo d'illustration). © AP/Sophie Garcia
RFI
« La saignée se poursuit dans les rangs des Forces armées nationales, constate le quotidien Aujourd’hui. Une semaine après l’embuscade meurtrière tendue par des hommes armés sur l’axe Taparko-Dori où 12 gendarmes partis secourir les passagers d’un bus qui avait sauté sur un engin explosif improvisé, avaient trouvé la mort, le Burkina Faso est de nouveau endeuillé. Encore un dimanche de deuil, car avant-hier, 13 militaires ont été mortellement touchés et 8 blessés lors d’une opération de sécurisation à une vingtaine de kilomètres de Natiaboani., dans la région de l’est. »
Et Aujourd’hui de remarquer que « depuis le putsch du 24 janvier dernier, qui a consacré l’avènement du MPSR au pouvoir, c’est la toute première fois que les Forces armées sont si durement frappées. Le président Damiba, dont le gouvernement a annoncé la mise en branle de nouvelles stratégies et des actions vigoureuses sur le front, le président Damiba est très attendu et le temps n’est pas son meilleur allié. Pied au plancher, le tombeur de Roch Kaboré se doit donc de mettre les bouchées doubles, estime le quotidien ouagalais, pour mettre en déroute les assaillants qui écument des pans entiers du territoire burkinabè semant mort et désolation sur leur passage. »
Kaboré était-il vraiment le problème ?
Le Pays hausse le ton : « malgré le changement de régime, le décompte macabre se poursuit régulièrement, au point que certains commencent à se demander si le problème était vraiment le président Roch Kaboré. Les militaires, qui ont pris le pouvoir le 24 janvier dernier, ont moins d’excuses parce que la défense du territoire, c’est leur métier, et la plupart d’entre eux étaient sur les théâtres d’opérations sous le régime précédent. Ils sont donc censés connaître la situation sur le terrain. » Alors, s’interroge Le Pays, « s’ils n’ont pas de stratégie adaptée, pourquoi avoir pris le pouvoir sous le prétexte de la dégradation de la situation sécuritaire ?
Par ailleurs, pointe encore Le Pays, « dans la lutte contre le terrorisme, tout le monde devrait regarder dans la même direction. C’est dans ce contexte que l’on peut se poser des questions sur l’opportunité du maintien en détention de l’ancien président Roch Kaboré, alors même qu’officiellement, on ne connaît pas de charges retenues contre lui. Dans un État de droit, seule la Justice peut décider de la détention d’une personne. »
La presse malienne à l’agonie
On le voit, la presse burkinabè ne ménage pas les militaires au pouvoir. Elle conserve sa liberté de ton et son esprit critique. Ce qui n’est plus le cas au Mali. « La presse malienne à l’article de la mort », lance Le Sursaut à Bamako. « C’est un secret de polichinelle, s’exclame le quotidien malien, la presse malienne est de nos jours négligée, piétinée et divisée. » Avec « des courants constitués de laudateurs de Kati, aux amplificateurs de la politique-spectacle. S’y ajoutent les nostalgiques des temps passés, les amis des anciens dignitaires. » Et « ce faisant, poursuit Le Sursaut, l’actualité dominante est ramenée à des sujets de "chiens écrasés". (…) Les vrais maux des Maliens sont relégués au second plan, le pouvoir n’a aucun égard pour l’avenir du secteur des médias. (…) On interdit même la livraison des journaux dans certains services publics (…) et on invite la presse locale à soutenir la transition, le ventre creux, la convocation des créanciers sous l’oreiller. Dormez en paix valeureux journalistes qui n’ont pas vécu ces moments. Ces vœux sont de ceux qui attendent leur tour, car le secteur (de la presse au Mali) est à l’article de la mort. »
L’Afrique en treillis…
Enfin, à lire dans Le Point Afrique cette chronique désabusée de l’écrivain guinéen Tierno Monénembo intitulée « L’Afrique en treillis » : « Les gradés sont de retour au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, constate Tierno Monénembo. Trois coups d’État en un an ! Et rien ne dit que l’avalanche a atteint ses limites. Les mauvaises causes produisant les mauvais effets, le choléra du troisième mandat a entraîné la peste des néo-coups d’État. (…) L’Afrique se trouve coincée dans un dilemme dont elle aura du mal à sortir. On est en droit de penser qu’elle est condamnée dans les prochaines décennies à crouler sous le poids des dynasties militaires. Les Assimi Goïta, Mamadi Doumbouya et consorts n’ont pas du tout l’air pressé en effet. (…) C’est la fin des haricots, soupire encore l’écrivain guinéen. Plus personne ne croit à l’illusion démocratique des années 1990. L’avenir sera en treillis et n’imaginons pas que la catastrophe ne sera qu’économique et sociale. Elle sera aussi largement sécuritaire. »