Mali: la Minusma pourra-t-elle enquêter à Moura

 

Plus de 200 jihadistes tués, une cinquantaine d’interpellations. C'est le bilan officiel de l’opération militaire malienne menée la semaine dernière sur le village de Moura, dans le centre du Mali. Mais cette action antiterroriste fait aussi l’objet de très nombreuses allégations de violences commises par les soldats maliens et leurs supplétifs russes. La Mission des Nations unies au Mali (Minusma), souhaite mener une enquête, mais rien n’est encore garanti.

« Il y a un imbroglio autour des demandes d’autorisations », explique une source onusienne impliquée dans l’organisation de la mission censée enquêter à Moura. Qui espère que les autorités politiques et militaires maliennes finiront par donner leur feu vert. 

L’armée malienne affirme ouvrir des enquêtes de manière systématique en cas d’allégation d’exactions portées contre les Fama, mais les défenseurs des droits humains, maliens et internationaux, tiennent à une enquête indépendante. Indépendante et rapide.

Car certaines sources locales craignent que le temps qui passe puisse être mis à profit pour dissimuler des preuves ou faire pression sur les habitants. Les témoignages faisant état de corps brûlés et enterrés à la chaîne dans des fosses communes laissant déjà penser que le nombre précis de victime sera long et difficile à établir.

Difficile d'enquêter

« Il est toujours possible d’enquêter à distance, d’identifier et d’entendre des témoins, explique tout de même un habitué de ce genre de travail. Mais évidemment, c'est moins précis ». Par le passé, la Minusma a pu enquêter sur de nombreuses allégations d’exactions commises par les forces maliennes ou françaises, comme à Bounty, il y a un peu plus d’un an. Le rapport onusien s’était montré accablant pour la force Barkhane. Mais l’arrivée de supplétifs russes aux côtés des soldats maliens et le secret entretenu par Bamako autour de leurs activités ont considérablement limité l’accès à certaines informations et à certaines zones.

Lorsque l'armée malienne est venue faire un assaut, il était important que notre armée républicaine agisse pour pouvoir bien identifier, cibler les terroristes, les neutraliser et ne pas faire un amalgame. Cet amalgame, au lieu de rassurer la population, a eu pour conséquence négative l'éloignement de ces populations-là.

Ismaël Sacko (Parti socialiste démocrate africain): «Il y a une bonne partie de la population civile qui a été prise pour cible»

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