Burkina : les nouveaux «comités locaux de dialogue pour la paix» suscitent des questions

 

Le conseil des ministres a adopté mercredi un décret pour créer la Coordination nationale des comités locaux de dialogue pour la restauration de la paix. Ces comités ont été annoncés la semaine dernière par la présidence. L’objectif est de mettre en place un mécanisme de discussion avec les Burkinabè ayant rejoint les groupes armés. Dans son compte rendu, le conseil des ministres insiste sur le caractère « endogène » de ces comités, c’est-à-dire que chacun doit prendre en compte des problématiques très locales. Cette initiative est accueillie de manière mitigée. 

« L’extrémisme violent ne vient pas de l’extérieur », a expliqué jeudi, Paul Henri Sandaogo Damiba, lors d’une rencontre avec les directeurs des médias burkinabè. Pour le président de la transition, le dialogue doit donc démarrer sur le terrain, grâce aux autorités locales.

Oui mais lesquelles ? Interroge l’ancien maire d’une commune du Soum, dans le Nord du pays. Car début février, les conseils régionaux et municipaux ont été dissous, et remplacés par des délégations spéciales. « Désormais, les préfets gèrent les collectivités, poursuit l’édile. Mais certains n'y ont jamais mis les pieds. »

Quant aux autorités coutumières, beaucoup ont fui les violences. Sur les quatre émirs du Soum par exemple, seul celui de Djibo est encore sur place.

Badini Idrissa, du cadre de concertation des organisations de la société civile du Soum, salue cette initiative de dialogue mais estime quant à lui que le rapport de force n’est pas bon. « Les terroristes arrivent aujourd’hui à isoler des communes entières, je me demande s’ils ne vont pas trop en demander », poursuit un autre acteur de la société civile. 

Depuis plus d’un mois, la ville de Djibo subit un blocus. Elle n’a pu être ravitaillée qu’une seule fois, grâce à une escorte des forces de défense et de sécurité.