Burkina Faso : ouverture d’une enquête sur la mystérieuse piste d’atterrissage
Les rumeurs persistantes sur l’existence d’une piste d’atterrissage clandestine dans le nord du pays ont suscité la polémique sur les réseaux sociaux. Face au tollé, Ouagadougou a annoncé le 20 juillet l’ouverture d’une enquête pour élucider l’affaire.
Tout a commencé le 16 juillet dernier sur Twitter. Le journaliste Serge Daniel, connu pour être bien informé sur l’actualité dans les pays du Sahel, publie l’énigmatique message suivant : « D’après mes informations, découverte par les fins limiers au Burkina d’une mystérieuse et clandestine piste d’atterrissage pour avions. Les enquêtes sont en cours. »
Depuis, la rumeur s’est répandue comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux, laissant libre cours à toutes les spéculations autour de cette « mystérieuse » piste d’atterrissage, qui se situerait dans le nord du pays. Servirait-elle à alimenter les groupes terroristes ? Ou à évacuer de façon clandestine les minerais extraits du sous-sol burkinabè, voire à mener des trafics en tout genre ? Depuis plusieurs jours, ce sujet est au centre de l’attention et tous les médias locaux le reprennent.
Dans le contexte sécuritaire actuel, où des groupes jihadistes continuent leur expansion à travers le pays malgré l’engagement de Paul-Henri Sandaogo Damiba de rétablir la sécurité, la possible existence d’une piste d’atterrissage clandestine intrigue. À tel point que, ce mercredi 20 juillet, le gouvernement a dû se prononcer sur la question.
Interrogations
Interrogé par la presse à l’issue du conseil des ministres, Lionel Bilgo, le porte-parole du gouvernement, a déclaré que le Commandement des opérations du théâtre national (COTN) conduisait des investigations pour faire la lumière sur le sujet. Il n’a ni confirmé, ni infirmé la rumeur. « Le COTN poursuit les recherches pour essayer de comprendre d’où vient cette piste d’atterrissage, et d’abord si [son existence] est avérée ou non. Dans le bulletin d’information de l’armée ou [lors] d’un point de presse organisé par le ministère de la Défense, des informations complémentaires seront données », a-t-il assuré.
Dirigé par le lieutenant-colonel Yves-Didier Bamouni, le COTN a été créé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba et a pour missions, entre autres, la sécurisation des frontières terrestres et aériennes.
Dans l’attente de réponses du COTN, la déclaration de Lionel Bilgo a suscité plus d’interrogations qu’elle n’a apporté d’éclaircissements. Comment une piste d’atterrissage pourrait-elle exister sans que les autorités en soient informées ? Sa construction est censée nécessiter des autorisations et une logistique importante. Si elle existe, est-elle le fait de trafiquants ou de puissances étrangères ?
Aéronefs inconnus
Ce n’est pas la première fois que pareils mystères apparaissent. Depuis au moins sept ans, des responsables sécuritaires burkinabè signalent que des aéronefs inconnus survolent le territoire national. En 2015, avec l’aide des populations locales, ils avaient repéré un hélicoptère qui s’était posé dans la zone de Diapaga, dans l’est du pays, sans aucune autorisation.
En 2019, le chef d’état-major général des armées d’alors, le général Moïse Minoungou, avait mis en garde les partenaires du Burkina susceptibles de survoler des troupes intervenant dans le cadre de la lutte contre l’insécurité. « Des aéronefs non identifiés survolent nos bases et zones d’opération. […] Des instructions ont été données aux unités déployées pour qu’ils soient considérés comme des ennemis et traités comme tels », avait écrit l’officier général dans un courrier adressé le 15 novembre à l’attaché de défense de l’ambassade de France à Ouagadougou. La fuite de cette correspondance sur les réseaux sociaux avait soulevé un tollé alors que la présence militaire française était de moins en moins acceptée.