Tunisie: l'allocution de la Première dame pour la journée des Droits de la femme interroge
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En Tunisie, la Première dame Ichraf Chebil est sortie de l’ombre samedi 13 août à l’occasion de la célébration de la journée des Droits de la femme dans le pays. Cette apparition, retransmise à la télévision nationale, a été remarquée car habituellement, l'épouse du président Kaïs Saïed reste très discrète.
Avec notre correspondante à Tunis, Lilia Blaise
Tentative de changement de communication de la Présidence qui évite depuis des années les médias ou simple évènement isolé ? L’allocution de la première dame samedi 13 août a fait grincer quelques internautes, notamment parce que sous la dictature de Zine El Abidine Ben Ali, Leila Trabelsi, femme de l’ex-dictateur, avait beaucoup instrumentalisé la question du droit des femmes à des fins politiques, intervenant aussi lors de fêtes officielles.
Lors de son élection à la Présidence en 2019, Kaïs Saïed avait précisé que son épouse, magistrate de profession, n’aurait pas de rôle dans sa politique, la fonction de Première dame n’existant pas dans le pays. Elle n’a jamais été institutionnalisé ni légalisée dans des textes. Il avait même répété à plusieurs reprises qu’il refusait ce statut, se démarquant ainsi de ses prédécesseurs
Soudaine apparition
Cantonnée à des apparitions publiques à ses côtés, Ichraf Chebil ne s’est jamais exprimée dans les médias. Mais dans la période d’exception que vit le pays où le président détient tous les pouvoirs, difficile d’analyser cette soudaine apparition au devant de la scène au moment où son mari rend visite aux femmes des quartiers populaires à qui il promet un meilleur accès aux droits économiques et sociaux.
Pour le spécialiste des médias Larbi Chouikha, ce moment marque une rupture dans la communication du président de la République et rappelle d’anciennes pratiques ancrées dans l’imaginaire collectif où la femme du président pourrait être amenée à jouer un rôle politique. Une irruption sur la scène publique en forme de retour au passé.