Affaire des 49 soldats ivoiriens : les dessous du mystérieux contrat de SAS à Bamako

Les militaires interpellés le 10 juillet à l’aéroport de Bamako sont toujours détenus, malgré les tentatives de médiation. Retour sur le partenariat qui a motivé leur présence sur la base allemande de la Minusma.

Par Jeune Afrique
Mis à jour le 1 septembre 2022 à 18:03

 
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Des soldats ivoiriens de la Minusma défilent à Abidjan lors des célébrations du 59e anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le 7 août 2019. © Sia Kambou/AFP

 

Avril 2019. Le général Yao Adjoumani, attaché de l’ambassade de Côte d’Ivoire aux États-Unis, est approché par son homologue allemand pour établir une coopération entre leurs deux pays, dans le cadre de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma). En plus du déploiement de 800 Casques bleus à Mopti et Tombouctou, ce partenariat prévoyait l’utilisation commune de la base de soutien logistique autonome de Bamako et la mutualisation des charges de protection et de défense. L’armée allemande, qui compte plus d’un millier d’hommes au sein de la mission onusienne, possède des unités spécialisées d’appui aérien installées à l’aéroport international de la capitale.

Une vingtaine d’aéronefs

Berlin a donc proposé à Abidjan d’y affecter des effectifs additionnels dans le cadre du protocole du National Support Element (NSE). Les soldats estoniens, qui assuraient cette tâche par le passé, ne parvenaient plus à convaincre les Allemands, qui ont décidé de se passer de leurs services. La base de l’aéroport de Bamako est opérée par Sahel Aviation Service (SAS), qui est en réalité un prestataire de l’armée allemande dans le cadre de la Minusma. Elle est consacrée au soutien logistique et à l’accueil des contingents belge, norvégien, néerlandais, belges, suédois et danois. Une trentaine de soldats allemands y vivent en permanence. SAS possède en outre une vingtaine d’aéronefs.

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Après plusieurs mois de discussions, les états-majors ivoirien et allemand ont signé un partenariat en juillet 2019, validé ensuite par les Nations unies. La Côte d’Ivoire s’est ainsi engagée à envoyer des hommes assurer la sécurité du site, mais aussi à utiliser ses propres équipements, armements et moyens logistiques. En échange, le prestataire SAS a l’obligation de mettre à la disposition des Ivoiriens des aéronefs pour le transport des troupes, d’assurer leur ravitaillement et le paiement de leurs primes, trimestrielles ou quotidiennes. Il accomplit également toutes les démarches administratives nécessaires auprès de la Minusma et des autorités maliennes. La base de vie dispose en outre d’un hôpital allemand de niveau deux, où le contingent ivoirien peut être pris en charge. Cette coopération a fonctionné sans accroc du 6 juillet 2019 au 10 juillet dernier.

Inquiétudes

Avant cette date, dès le mois de mars, la Côte d’Ivoire avait demandé à l’état-major allemand s’il fallait poursuivre cette collaboration eu égard aux fortes tensions existant entre les autorités de la transition malienne et la communauté internationale. Mais la partie allemande s’était voulue rassurante et avait dissipé toutes les inquiétudes. Seulement, le 6 juillet, le ministère de la Défense ivoirien s’est de nouveau dit préoccupé et a exprimé ses réticences à l’idée d’une nouvelle rotation.

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La Minusma a alors envoyé à Abidjan l’autorisation de survol et d’atterrissage obtenue auprès des Maliens. La relève a donc été effectuée. Le 10 juillet, les 49 militaires ivoiriens étaient arrêtés.