Burkina Faso : la mission (presque) impossible du capitaine Traoré
Auteur du deuxième putsch qu’a connu le pays en l’espace de huit mois, il se rêve en nouveau Sankara. Peut-il faire mieux que son prédécesseur dans un pays gangrené par l’insécurité ?
Ibrahim Traoré acclamé par une foule de supporters agitant des drapeaux russes à son arrivée au siège de la télévision, à Ouagadougou, le 2 octobre 2022. © Vincent Bado / REUTERS
Tout un symbole. Ce 15 octobre, Ibrahim Traoré vient rendre hommage à Thomas Sankara, à quelques dizaines de mètres du lieu où l’ancien chef de l’État a été assassiné, trente-cinq ans plus tôt. D’un pas lent, le jeune capitaine se dirige vers la statue de son illustre aîné, une gerbe de fleurs à la main. Puis les organisateurs de la cérémonie lui transmettent « le flambeau de la révolution », lui enjoignant solennellement de perpétuer les valeurs sankaristes. Et pour cause : la veille, Traoré a été officiellement désigné président de la transition jusqu’en juillet 2024 par des « assises nationales des forces vives », devenant, au passage, le plus jeune chef d’État du monde en exercice.
Depuis qu’il a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, le 30 septembre, nombre de Burkinabè voient en celui qu’ils ont surnommé « IB » un nouveau Sankara. Les deux hommes présentent, il est vrai, quelques similitudes. Même grade, même béret rouge, même âge lorsqu’ils sont arrivés au pouvoir (34 ans), même parcours : tous deux ont réussi un putsch huit mois après que leur pays a connu un premier coup d’État. Voilà pour la forme.
Sur le fond, la comparaison paraît plus hasardeuse. L’époque a changé, et les deux capitaines ne s’inscrivent pas dans la même veine. « Sankara n’était pas qu’un militaire. C’était un vrai leader politique, qui avait une idéologie et une vision précise de la société qu’il voulait mettre en place. Il ne semble pas que ce soit le cas de Traoré », estime une figure de la société civile.
« IB ou rien »
Le nouveau venu, lui, n’hésite pas à entretenir le mythe d’une filiation. Avec un certain succès : en deux semaines, il s’est taillé une image d’homme providentiel aux yeux des milliers de jeunes de moins de 30 ans. Majoritaires dans le pays, ils ont été biberonnés à l’idéal sankariste et écœurés par une classe politique qu’ils exècrent. Comme ils l’ont scandé partout avant les assises nationales, pour eux, c’est « IB ou rien ».
Avant d’enfiler ce treillis de héros de la nation, Ibrahim Traoré a connu un parcours plutôt atypique. Contrairement à la plupart des officiers burkinabè, il n’a pas fréquenté le Prytanée militaire de Kadiogo. Il a étudié à l’école publique dans sa commune de Bondokuy (province du Mouhoun), puis au lycée, à Bobo-Dioulasso. L’un de ses anciens professeurs garde le souvenir d’un « élève brillant ».
En 2007, le baccalauréat en poche, il s’inscrit en licence de géologie à l’université Joseph-Ki-Zerbo de Ouagadougou. Il sort major de sa promotion. Au lieu de poursuivre son cursus universitaire, il change de destinée : en 2010, l’étudiant consciencieux franchit les portes de l’Académie militaire Georges-Namoano, à Pô, qui forme l’élite de l’armée.
Membre de la douzième promotion, il en sort sous-lieutenant en 2012. Il est affecté au régiment d’artillerie de Kaya, tout en suivant deux formations au Maroc. Deux ans plus tard, l’apprenti géologue est promu lieutenant. En 2015, il rejoint le mouvement des « boys », ces officiers loyalistes qui s’opposent à la tentative de coup d’État du général Gilbert Diendéré. Au sein de l’une des unités qui entre dans Ouagadougou pour forcer les putschistes à déposer les armes, il gère plusieurs pièces d’artillerie.
De retour dans son régiment, le lieutenant Traoré enchaîne les missions de terrain. Avec ses hommes, il est régulièrement en première ligne face aux groupes jihadistes qui ne cessent de progresser à travers le pays. Il est envoyé dans la zone très exposée des trois frontières (Mali-Burkina-Niger) et participe, en 2019, à l’opération Otapuanu, qui vise, sans grand succès, à pacifier l’Est. À Kaya, il forme aussi quelques centaines de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), ces supplétifs civils que le gouvernement mobilise pour lutter contre les terroristes.
La désillusion Damiba
Apprécié de la troupe, Traoré y est décrit comme un « bon officier de terrain », « valeureux », qui « ne rechigne pas à la tâche et n’a pas peur du danger ». « Il aime l’action. À tel point qu’il est peut-être parfois un peu trop fougueux », estime l’un de ses camarades. En 2020, ses faits d’armes – il a, par exemple, fait une quarantaine de kilomètres à pied avec ses hommes pour aller défendre la localité de Barsalogho – lui valent d’être nommé capitaine.
Après la réélection de Roch Marc Christian Kaboré, à la fin de 2020, l’officier trentenaire constate, dépité, que la situation ne cesse de se dégrader. Avec d’autres membres du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR), il fait partie de ceux qui, le 24 janvier 2022, aident le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba à réussir son coup d’État. Une fois installé au palais de Kosyam, Damiba le nomme chef de corps du régiment d’artillerie de Kaya.
Mais l’enthousiasme laisse rapidement place à la désillusion. Malgré les promesses de leur nouveau chef, rien ne change pour la troupe. Les attaques sont toujours aussi nombreuses et meurtrières. Sur le front, le capitaine Traoré et ses pairs sont en proie aux mêmes difficultés, notamment logistiques.
La grogne monte contre Damiba, en particulier parmi les trentenaires qui lui avaient permis d’accéder au pouvoir. Ils l’accusent d’être déconnecté de la réalité, de former, avec son entourage, une bande d’ « officiers climatisés », confortablement installés dans la fraîcheur de leurs bureaux ouagalais pendant qu’eux risquent leur vie en brousse. « Durant les semaines qui ont précédé sa chute, Damiba ne répondait quasiment plus à ceux qui essayaient de le joindre. Il était dans sa bulle, ce qui a évidemment exacerbé les tensions », confie un gradé.
En septembre, Traoré essaie de l’alerter et de le pousser à opérer des changements tactiques. En vain. Le 26, un convoi de ravitaillement à destination de Djibo, sous blocus des jihadistes depuis février, est attaqué à Gaskindé. Officiellement, 27 militaires et 11 civils sont tués. Ce bain de sang est celui de trop. Traoré se rend à Ouaga et demande encore à être reçu par son aîné. Pas de réponse. « Il était très amer », se rappelle un officier.
« Coup de maître »
Le 30 septembre, Traoré et ses hommes – notamment les Cobras, des membres d’unités d’infanterie spécialisées – passent à l’action. Des tirs résonnent aux alentours de 4h30 autour de la villa ministérielle où réside Damiba, à Ouaga 2000. Malgré l’annonce de sa destitution, le lieutenant-colonel fait de la résistance. Le lendemain, il est bien décidé à reprendre la main. Pour beaucoup, le rapport de force militaire lui est même plutôt favorable.
Tout bascule en début d’après-midi, après ce que certains qualifient de « coup de maître » de la part de Traoré. À la Radiodiffusion télévision du Burkina, il fait annoncer que Damiba « se serait réfugié au sein de la base française de Kamboinsin » pour y « planifier une contre-offensive. » « Cela fait suite à notre ferme volonté d’aller vers d’autres partenaires, prêts à nous aider dans notre lutte contre le terrorisme. » En clair : Damiba est soutenu par la France car ses tombeurs souhaitent se rapprocher de la Russie.
Ci-dessous :
Le capitaine Traoré (au centre) lors d'une cérémonie marquant le 35e anniversaire de l'assassinat de Thomas Sankara, à Ouagadougou, le 15 octobre 2022. © Olympia de Maismont / AFP
Pour les putschistes, peu importe que l’information – livrée d’ailleurs au conditionnel – soit erronée, ou que les populations soient utilisées dans le bras de fer entre militaires. L’annonce fait l’effet d’une bombe à Ouaga où, comme dans nombre de capitales sahéliennes, le sentiment antifrançais est largement partagé. Quasi instantanément, des milliers de personnes descendent dans les rues. « Traoré a eu l’intelligence de transformer son putsch en insurrection populaire », estime un responsable politique. « La partie était quasiment pliée. Sans ça, son coup n’aurait jamais réussi », affirme un diplomate étranger.
En centre-ville, quelques centaines de manifestants attaquent l’ambassade de France et saccagent l’Institut français sans que les forces de l’ordre bougent le petit doigt. Dans la foule, la présence de drapeaux russes ne laisse guère de doute sur l’implication des réseaux pro-Moscou, implantés de longue date au Burkina Faso.
Cependant, difficile de voir la main du Kremlin derrière le putsch de Traoré. « Il s’agit d’abord et avant tout d’une affaire interne à l’armée. La Russie n’a qu’un comportement opportuniste et essaie de récupérer la situation en s’appuyant sur ses réseaux locaux », analyse un haut responsable français. Face au bouclier humain constitué par les putschistes, Damiba, qui veut éviter toute effusion de sang, est contraint de jeter l’éponge. Dans la matinée du 2 octobre, il quitte Ouagadougou à bord d’un hélicoptère. Destination Lomé, au Togo. « IB » a réussi son coup.
Prudent et sûr de lui
Après avoir laissé entendre qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir, le capitaine a finalement décidé de l’assumer pleinement. Du haut de ses 34 ans, il ne paraît pas particulièrement impressionné par l’énorme charge qui pèse sur ses épaules. Il se montre serein, dégage une certaine assurance. À tel point que certains de ses supérieurs, qui digèrent mal de devoir saluer leur subordonné, le taxent déjà d’arrogance.
Pourtant, Traoré se montre plutôt prudent. Après avoir fait plusieurs interventions médiatiques durant le putsch, notamment pour essayer de rattraper le coup vis-à-vis des autorités françaises, il pèse désormais ses mots. Et a fait passer la consigne à son premier cercle, le temps d’y voir plus clair. Depuis une quinzaine de jours, ses apparitions publiques se comptent sur les doigts d’une main. Participation à l’hommage militaire rendu aux soldats tués à Gaskindé, réception de citoyens se mobilisant pour sauver Djibo de la famine… Sa communication est axée sur l’urgence sécuritaire, preuve que le putschiste maîtrise déjà bien les codes de son nouveau métier.
Sur le plan diplomatique, le capitaine Traoré s’est également employé à vite rassurer la Cedeao, dont il a reçu une mission dès le 4 octobre. « Il a clairement dit [à ses membres] qu’il tiendrait les engagements pris par ses prédécesseurs, et donc que la transition ne dépasserait pas juillet 2024 », explique un diplomate ouest-africain.
Inexpérimenté
Depuis qu’il est aux commandes, Traoré gère le pays avec une quinzaine de lieutenants et de capitaines en qui il a toute confiance, notamment les capitaines Sorgho, Ouiya ou encore Méda. « Ils fonctionnent de manière assez collégiale », indique une source militaire. L’artilleur prend également soin de consulter régulièrement les officiers de sa génération déployés à travers le pays. Dans un contexte ouagalais toujours très volatil, où la méfiance entre gradés est permanente, il demeure protégé par ses hommes, pour la plupart membres d’unités Cobra.
Sur le plan militaire, IB a une idée assez précise de la stratégie à mettre en œuvre pour endiguer l’insécurité. « Il a bien mûri son projet, au fil des expériences accumulées sur le front », affirme un gradé. Il compte ainsi adopter une posture plus offensive en accélérant le déploiement des « unités de marche », dont la mission est d’aller au contact des groupes jihadistes. Outre le recrutement de 3 000 hommes dans les mois à venir, tous les moyens possibles seront consacrés à l’effort de guerre, comme l’a montré la réquisition express de 42 pick-up appartement au ministère de l’Environnement, au lendemain du putsch.
Au-delà de l’enjeu militaire, c’est peu dire qu’Ibrahim Traoré nourrit un certain nombre de doutes. En tant que président, il n’aura plus un régiment à gérer mais tout un pays. Or sa jeunesse et son inexpérience inquiètent. « Que connaît-il à la gestion de l’État ? » critique une figure du régime déchu de Kaboré. Deux millions d’habitants déplacés, une inflation galopante, la grogne sociale qui couve… Faire uniquement la guerre ne suffira pas. « Le plan, c’est qu’il n’y a pas de plan. Les militaires ne savent pas comment s’y prendre », s’inquiète un important homme d’affaires.
Influences politiques
Comme beaucoup d’autres avant lui, Traoré deviendra inévitablement moins disponible, moins accessible. Autant de griefs déjà formulés contre Damiba. « S’il veut gérer l’administration, il lui faudra d’abord s’entourer de cadres compétents. Et ensuite, même s’il s’en défend, il n’aura d’autre choix que de faire de la politique », explique un ex-ministre.
N’en fait-il pas déjà ? À Ouagadougou, beaucoup l’accusent déjà d’être en service commandé pour le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le parti de Kaboré, et les organisations qui ont été à la pointe lors de l’insurrection populaire de 2014 contre Blaise Compaoré. « Traoré et les militaires qui ont fait ce putsch ont reçu un important soutien financier de leur part, cela ne fait aucun doute », accuse un partisan de Compaoré. « Il faut beaucoup d’argent pour réussir ce genre de coup. Il est forcément appuyé, depuis le début, par des politiques », ajoute une source sécuritaire.
Dans les rangs de l’ancienne majorité présidentielle, certains démentent formellement. D’autres reconnaissent que la chute de Damiba, qu’ils accusaient de tout faire pour les liquider, « les arrange forcément » et avouent avoir « accompagné le mouvement ».
« C’était d’abord une affaire entre militaires. Mais, inévitablement, des acteurs civils et politiques sont entrés dans la danse pour faire en sorte que ça marche », concède une figure de la société civile. Après avoir pris tant de risques pour réussir son coup d’État, IB se laissera-t-il dicter ce qu’il doit faire par des politiciens ? « Il sait parfaitement que Damiba est tombé parce qu’il a trop fait de politique et pas assez la guerre. Il serait idiot de reproduire la même erreur », estime une source diplomatique.
Encore lui faudra-t-il, aussi, bénéficier du soutien de toute l’armée. Là encore, l’affaire n’est pas gagnée. Dans cette grande muette déjà très divisée – entre générations d’officiers, entre clans liés à tel ou tel bord politique… –, le putsch du 30 septembre a suscité beaucoup de remous. Certains gradés se montrent très critiques à l’égard de Traoré. À commencer par les proches ou les soutiens du lieutenant-colonel Damiba, qui ont perdu la main. « Ce putsch de capitaines montre que l’indiscipline est généralisée dans nos rangs. Or une armée n’est rien sans discipline. Quels ordres Traoré va-t-il pouvoir donner à ses supérieurs ? Beaucoup ne l’accepteront pas. Résultat, ça sera encore plus le bazar », dénonce un proche de Damiba.
D’autres officiers supérieurs se veulent plus rassurants et rappellent que, depuis la chute de Kaboré, les « aînés » de l’état-major devaient déjà composer avec les desiderata de leurs cadets. « Qu’ils soient lieutenant-colonel ou capitaine, ils restent des subordonnés pour beaucoup d’entre nous. Nous sommes habitués à cette situation, s’amuse un haut gradé. Finalement, il n’y a pas de problème majeur, l’état-major est bien décidé à l’accompagner. »
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Des manifestants s'en prennent à l'ambassade de France, à Ouagadougou, le 1er octobre 2022. © Vincent Bado / Reuters
France ou Russie ?
Visage parfois dissimulé derrière son cache-cou à la manière d’Assimi Goïta, le nouvel homme fort de Ouagadougou devra également rapidement clarifier ses intentions en matière de partenariat. Depuis sa déclaration à la télévision nationale en forme d’appel du pied à la Russie, beaucoup se demandent – en particulier dans les chancelleries occidentales – si le Burkina Faso de Traoré adoptera la même trajectoire que le Mali de Goïta.
« Quand il a fait cette déclaration, c’était bien davantage pour s’assurer de renverser Damiba que pour donner une vraie orientation stratégique [au régime] », estime un partisan du putsch. Il n’empêche. Floraison de drapeaux russes dans les mains de ses partisans, y compris entre celles de certains putschistes, activisme tous azimuts des réseaux pro-Moscou en sa faveur, déclaration de soutien d’Evgueni Prigojine, le patron de la nébuleuse Wagner, alors qu’il était à peine installé au pouvoir… Traoré a beau essayer de rassurer ses partenaires occidentaux et ses voisins, ces signaux n’ont échappé à personne.
Comme Paul-Henri Sandaogo Damiba l’avait été dès son arrivée à Kosyam, il ne fait aucun doute que le capitaine Traoré sera approché – s’il ne l’a pas déjà été – par des émissaires de Wagner. Reste à savoir ce qu’il décidera d’en faire. « L’offensive russe va se poursuivre au Burkina. Et il y a évidemment un risque que les nouvelles autorités y succombent », s’inquiète un responsable français. Selon des sources sécuritaires, des contacts auraient eu lieu entre le groupe de Traoré et la junte malienne avant le coup d’État. Et, parmi les officiers trentenaires qui l’entourent, certains ne cacheraient pas leur souhait de se rapprocher franchement des Russes.
Cette vision est loin d’être partagée par les élites burkinabè, qu’elles soient militaires, politiques, ou économiques. « Globalement, personne n’est opposé à une diversification des partenariats. Elle est même souhaitée. Mais de là à rompre totalement avec la France et les Occidentaux comme cela a été fait par le Mali, cela reviendrait à se mettre le couteau sous la gorge », résume un ancien cadre du régime Kaboré.
Quid de la population, et surtout des mouvements pro-russes qui ont largement mouillé la chemise pour Traoré ? Tous s’attendent à ce que le jeune capitaine coupe les liens avec l’ancienne puissance coloniale. « Il a déjà trop parlé : il a dit qu’il allait régler en trois mois ce que Damiba n’avait pas réglé en huit mois, et qu’il allait se tourner vers la Russie. Forcément, tout le monde l’attend au tournant. Il lui sera très difficile de faire machine arrière », estime un observateur.
Autre problème de taille : selon une source sécuritaire, plusieurs hauts gradés auraient conditionné leur soutien à un maintien à l’écart des Russes. « S’il fait l’inverse, cela va très vite chauffer pour lui », indique cet informateur. En attendant, IB dispose toujours d’un soutien déterminant, tout aussi important que celui de l’état-major : celui de la rue et des jeunes générations. « Il jouit d’une popularité indéniable. Mais le jour où il ne l’aura plus, cela deviendra tout de suite beaucoup plus compliqué, et certains ne se gêneront pas pour tenter à leur tour de le renverser », analyse un ancien ministre. D’où le risque, déjà dans les toutes les têtes, d’un nouveau putsch. Dans les maquis de Ouaga, une fois la nuit tombée, certains en sont déjà à parier si le « petit » capitaine passera les fêtes de fin d’année sous les ors de Kosyam.