Procès du 28-Septembre en Guinée: Moussa Dadis Camara se mure dans le silence

 

Au procès du massacre du stade de Conakry, la parole était aux parties civiles mercredi 21 décembre. Beaucoup moins expansif que les jours précédents, Moussa Dadis Camara a refusé de répondre à certaines questions des avocats. En tant que président de la transition à l’époque, il est, selon les parties civiles, l’un des principaux responsables de la répression sanglante du meeting de l’opposition qui a fait plus de 150 morts.

Avec notre correspondant à Conakry, Matthias Raynal

Sixième comparution et Moussa Dadis Camara a perdu de sa verve.

« Les bérets rouges sont-ils formés pour tuer ou pour le maintien de l’ordre ? » demande un avocat de la partie civile. « Je ne sais pas ». « Vous ne savez pas en tant que béret rouge… »

Le capitaine s’enferme dans le silence. « Mais sachez que, en droit et plus précisément ici dans ce procès, qui ne dit mot consent » : l’avocat répète cette phrase plusieurs fois. Comme pour souligner qu’en esquivant les questions, Moussa Dadis Camara risque bien de s’accuser lui-même. 

« Tous ces cadres relèvent de vous ! »

« Monsieur le président, suite au massacre, vous avez ordonné l’enlèvement de corps et le nettoyage du stade du 28-Septembre. C’était pour dissimuler les preuves ? » « Le stade est géré par un ministère, c’est la réponse à votre question », dit l’ancien président. « Je sais que le stade a un directeur, un ministre du Sport, mais tous ces cadres relèvent de vous ! » Dadis refuse de répondre, de nouveau.

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Moussa Dadis Camara semble déjà lassé, fatigué même par les questions des avocats. « Est-ce que vous êtes prêt à livrer votre part de vérité ? »  « Comme toujours. » « Capitaine Moussa Dadis Camara, à quel moment vous avez appris que les leaders allaient organiser un meeting d’information ? » « J’avais déjà parlé de ça, je ne veux plus revenir là-dessus. »

Le chef de la junte, au pouvoir entre 2008 et 2009, s’enferme dans le silence. Il s’accroche à sa version : le massacre du stade de Conakry a été, dit-il, « orchestré » par son aide de camp, son ministre de la Défense et le président Alpha Condé.

« Aucune institution républicaine n’a été attaquée »

« Vous avez parlé au pôle du juge d’instruction de la thèse d’un complot contre vous. Quand un chef d’État est victime d’un complot, il procède à l’arrestation immédiate des soi-disant comploteurs. Est-ce que vous l’aviez fait, Monsieur le président ? », demande un avocat des parties civiles. Dadis ne répond pas.

Le conseil poursuit : « La présidence n’a pas été attaquée, aucune institution républicaine n’a été attaquée, comment est-ce que vous expliquez ça ? Est-ce que ce n’est pas vous qui avez comploté contre les manifestants, Monsieur le président ? »

L’audience s’est terminée peu après 17h, l’affaire a été renvoyée au 9 janvier 2023. Le procès reprendra après les fêtes. Les avocats de la défense ne se sont pas encore exprimé. Moussa Dadis Camara devrait donc comparaître plusieurs fois encore.