Mali : 20 ans de prison pour les 46 soldats ivoiriens
Inculpés en août pour « tentative d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État », les militaires ivoiriens ont été condamnés à 20 ans de prison ce vendredi au terme de deux jours de procès. Selon certaines sources, le président malien Assimi Goïta pourrait les gracier dans les heures ou jours à venir.
Des soldats des forces spéciales ivoiriennes défilent lors de la fête de l’Indépendance, en 2018 à Abidjan (illustration). © SIA KAMBOU / AFP
Ce vendredi 30 décembre, l’horizon s’est considérablement obscurci pour les 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis près de six mois. Après deux jours de procès devant la Cour d’assises de Bamako, ils ont été condamnés à 20 ans de prison et à une amende de 2 millions de francs CFA chacun notamment pour « attentat et complot contre le gouvernement et atteinte à la sûreté extérieure de l’État », selon un communiqué du Procureur général de Bamako.
La sentence est encore plus lourde pour les trois femmes, libérées en septembre dernier. La Cour les a condamnées par contumace à la peine la plus lourde : la peine de mort et 10 millions d’amende chacune.
Le Mali accuse ces militaires venus dans le cadre d’opérations de soutien logistique à la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), selon Abidjan, d’être « des mercenaires », ce que la Côte d’Ivoire a toujours vivement démenti.
Une grâce en vue ?
Les juges se sont donc faits particulièrement sévères. Mais cette saga politico-judiciaire ponctuée de tensions et de négociations a encore une voie pour trouver un dénouement plus clément. Selon plusieurs sources, le président malien Assimi Goïta pourrait grâcier les 46 soldats dans les heures ou jours à venir. Une clémence qui aurait alors tout d’un compromis politique.
Ces derniers jours, alors que se rapprochait l’ultimatum de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui avait donné jusqu’à la fin de l’année aux autorités de la transition malienne pour libérer les militaires sous peine de nouvelles sanctions, la situation semblait se détendre.
« Incident malheureux »
Il y a une semaine, une délégation conduite par Téné Birahima Ouattara, le ministre ivoirien de la Défense et frère du président Alassane Ouattara, s’était rendue à Bamako pour rencontrer le chef de la transition malienne, Assimi Goïta.
Cette visite clé s’était également déroulée en présence du ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey. Même si d’autres canaux plus officieux avaient été activés, notamment via des chefs religieux ou des hommes d’affaires, la médiation de Lomé est toujours restée centrale, selon nos informations.
Si aucune information sur les négociations de la semaine dernière n’avait fait l’objet de fuites, la rencontre s’était voulue cordiale. Téné Birahima Ouattara avait qualifié l’affaire de « malentendu entre le Mali et la Côte d’Ivoire », tandis que le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait évoqué « un incident malheureux qui [avait] rendu les relations difficiles avec la Côte d’Ivoire ».