Tchad: À Kana, interrogations sur les zones franches prévues par l'État

Localité de Kana au Tchad. © RFI

 

Au Tchad, la création d’une zone économique spéciale dans la province du Logone Occidental alimente la controverse. L’État du Tchad entend créer ces zones franches pour encourager les investisseurs à s’installer dans le pays. Mais dans la province du Logone, tout le monde n’approuve pas le projet.

Avec notre correspondant au Tchad, Madjiasra Nako

Le village de Kana, situé à une vingtaine de kilomètres de Moundou, chef-lieu du Logone Occidental, est calme en journée. Nous sommes en janvier, la période des récoltes passées, il n’y a pas grand-chose à faire. Assis sous un manguier, André Lotodiongodo, la soixantaine, ne voit pas d’inconvénients à l’occupation des centaines d’hectares nécessaires à la création des industries pour des produits d’élevage. Mais il a des conditions : « Nous estimons que la cession de nos terres, seule source de revenus, doit être précédée d’une juste et préalable indemnisation afin d’avoir de quoi subvenir à nos besoins ».

« Selon les schémas, ce n’est même pas viable »

Tout cela est superficiel, estime Ndjeralar Miankeouel, une des grandes voix de la société civile du Logone Occidental, le projet ne respecte pas le schéma national d’aménagement du territoire adopté par le gouvernement pour la période 2014-2035, indique-t-il : « Selon les schémas, ce n’est même pas viable. On a une zone qui est d’abord à potentialité agricole. Une zone spéciale industrielle, il y a des critères, il y a des conditions : d’abord, les schémas s’y prêtent, deux, il y a une gouvernance ». 

Le militant ajoute qu'en plus de n’avoir pas respecté le schéma directeur, le projet risque de créer des problèmes fonciers dans la plus petite des provinces du pays qui a la plus forte densité de population au kilomètre carré.

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