Retour au pays natal pour une dizaine de tirailleurs sénégalais

L’État français va financer le voyage et le déménagement, au Sénégal, de vétérans ayant combattu pour la France.

Mis à jour le 3 mars 2023 à 08:11
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

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Chahutée sur les bitumes de ses anciennes colonies, et quelques jours après le discours d’Emmanuel Macron sur sa politique africaine, la France doit faire feu de tout bois, même si l’expression jure, en plein sommet gabonais sur la protection des forêts. Les nationalismes opposés à la politique française sont incarnés par la jeunesse, et Paris, en quête d’estime africaine, caresse les aînés dans le sens du poil.

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Début janvier, alors même que le film Tirailleurs – porté par le comédien d’origine mauritano-sénégalaise Omar Sy – était projeté sur les écrans français, Paris annonçait que les vétérans nés dans les anciennes colonies et enrôlés dans l’armée française pourraient enfin percevoir le minimum vieillesse sans résider au moins six mois par an dans l’Hexagone. Le 1er mars, le cabinet de la secrétaire d’État aux Anciens combattants et à la Mémoire déclarait qu’une dizaine de tirailleurs d’origine sénégalaise vivant en France, en majorité seuls, pourraient rentrer au Sénégal « dans de bonnes conditions », en avril, grâce à une aide financière « importante et exceptionnelle » de l’État français. Aide destinée à couvrir le voyage du retour, le déménagement et la réinstallation.

Corde sensible

La mesure financière ne devrait pas menacer l’équilibre du budget national de la France : cette dizaine d’hommes inclus, le nombre de tirailleurs sénégalais vivant dans le pays est estimé à 37 et, si l’on considère leur espérance de vie, ils ne devraient pas bénéficier du minimum vieillesse très longtemps. Vétérans de la Seconde Guerre mondiale ou des conflits asiatiques et africains de décolonisation, ces anciens combattants sont majoritairement âgés de plus de 85 ans. Certains ont même 95 ans.

Mais la dimension financière est habillée de son lot de trémolos, en cette époque et sur ce terrain où toute réaction est épidermique. C’est « dans le cadre de la solidarité que l’État a envers les anciens combattants », longtemps mésestimés, par le truchement de l’Office national des combattants et des victimes de guerre, que le principe du retour subventionné aurait été défini. Un défi complexe à « remporter », un conseiller évoquant « plusieurs décennies accumulées en France » – des vies entières.

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Et le communiqué de la secrétaire d’État de faire vibrer la corde sensible de « l’honneur de la République », une République qui est l’obligée de « ceux qui ont tant donné pour sa défense ». Mesure plus sociale que financière ? Indépendamment du minimum vieillesse de 900 euros mensuels, le montant de l’aide exceptionnelle au retour n’a pas été précisé. Là encore, officiellement, pour la « sérénité » des bénéficiaires. Cliché sur les familles africaines prétendûment cupides ? La somme aurait été fixée « en accord avec les intéressés et des associations » qui conseillent l’État français.