Le Burkina Faso, premier pays africain touché par le terrorisme en 2023

Cinq des dix pays du monde les plus touchés par le terrorisme sont africains, selon le triste classement de l’Indice mondial du terrorisme 2023, dont le Burkina Faso occupe la deuxième place. Le Bénin et le Togo affichent des « progressions » pour le moins inquiétantes.

Mis à jour le 20 mars 2023 à 15:14
 
 
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Par Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

 

 

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        Damien Glez 

 

 

Si l'Afghanistan reste le terrain de jeu le plus fructueux des terroristes islamistes, nombre de pays africains enregistrent d’inquiétantes progressions dans la dixième édition de l’Indice mondial du terrorisme (GTI). Le rapport 2023 de l’Institut pour l’économie et la paix prend en compte les décès de 2022 mais aussi les incidents, les otages et les blessures dus au terrorisme. Tout en sachant que ces statistiques ne sont pas des plus simples à obtenir, dans certains pays…

La « progression » du Togo et du Bénin

La moitié du « top ten » est africain. Derrière le pays des talibans, le Burkina Faso est deuxième du classement avec, sur un an, 310 incidents terroristes ayant occasionné 1 135 morts et 496 blessés répertoriés. La Somalie, le Mali, le Nigeria et le Niger occupent respectivement les troisième, quatrième, huitième et dixième rangs. En douze mois, quatre de ces cinq pays ont progressé dans ce triste palmarès. À l’échelle du top 50, 20 nations sont africaines. Parmi elles, des nouveaux venus : le Togo, 27e, a bondi de 49 places, tandis que son voisin béninois, 28e, a « progressé » de 23 places.

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Alors qu’à l’échelle mondiale, l’Institut constate une chute de 9% des décès dus au terrorisme et une diminution de 28% des attaques, l’Afrique n’est guère concernée par cette embellie relative, éclaircie qui s’explique notamment par la baisse d’intensité des conflits au Moyen-Orient. Le rapport n’hésite pas à dire que la région du Sahel est désormais « le principal épicentre du terrorisme, comptant plus de décès dus au terrorisme en 2022 que l’Asie du Sud et le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA) réunis ». Théorisé il y a une dizaine d’années, le « Sahelistan » est-il devenu réalité ?

Où puiser de l’optimisme ? Certaines juntes qui continuent de galvaniser leurs partisans évoqueront les progrès encore à mesurer de stratégies offensives de reconquêtes patriotes du territoire, notamment celle du Burkina Faso, arrivée au pouvoir un trimestre avant la fin de 2022, aujourd’hui tout à la fois en symbiose avec son voisin malien et récipiendaire de matériel militaire venu d’une Côte d’Ivoire fréquemment vouée aux gémonies des inclinations francophiles.

Victoires en trompe-l’œil ?

Où dénicher le pessimisme le plus indécrottable ? Dans le trompe-l’œil qui donne l’impression que la baisse des violences terroristes signifie la résolution des problèmes. Celle-ci est souvent le signe de l’ultime victoire du radicalisme islamiste, comme en Afghanistan où la férule de talibans revenus au pouvoir tétanise le pays, avec un recours moindre à la chicotte terroriste. Le nombre de décès dus au terrorisme y a diminué de 866, soit une amélioration de 58%.

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Mais derrière la baisse du nombre de morts du terrorisme, à l’échelle mondiale, l’indice distille un autre chiffre : le taux de mortalité des attentats qui est passé de 1,3 décès par attaque en 2021 à 1,7 en 2022. Il s’agit de la première augmentation du taux de létalité en cinq ans…