Université Thomas Sankara : Pr Patricia Ouédraogo déplore un « entrepreneuriat de reproduction » au Burkina Faso
Dans un contexte de raréfaction de l’emploi salarié au Burkina Faso, l’entrepreneuriat apparaît unanimement comme étant l’alternative clé pour générer de l’emploi au profit des femmes et hommes en quête de travail. Face à cette situation, l’université Thomas Sankara, à travers l’équipe de recherche en gestion des entreprises et des organisations du Centre d’études de documentation et de recherches économiques et sociales (CEDRES), a suscité la réflexion sur le sujet. Pour ce faire, il a été organisé ce mercredi 7 juin 2023, dans l’enceinte de l’université, une conférence publique. Le thème retenu à cet effet, est intitulé : « Dispositifs de financement et d’accompagnement à l’entrepreneuriat au Burkina Faso : acquis, limites et perspectives ».
En vue d’édifier l’auditoire, plusieurs acteurs du domaine de l’entrepreneuriat au Burkina Faso ont été conviés à la conférence publique de l’université Thomas Sankara. Ce sont notamment Dr Dorcas Tiendrébéogo, du Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF) ; Bruno Comparé, du Fonds burkinabè de développement économique et social (FBDES) et Larba Pilga, du Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ).
Comme à l’accoutumé, la cérémonie d’ouverture a été respectée. Elle est présidée par la vice-présidente chargée de la professionnalisation et des relations université-entreprises, Pr Patricia Ouédraogo/Zoungrana, de l’université Thomas Sankara. Selon Pr Patricia Ouédraogo, représentant le président de ladite université, dans le contexte actuel de raréfaction de l’emploi salarié, les divers segments de la population sont encouragés à considérer la création d’entreprises comme une alternative crédible au fonctionnariat.
- « L’expérience montre que de nombreux promoteurs d’entreprises échouent faute de compétences suffisantes pour conduire leurs projets », Pr Patricia Ouédraogo, représentant le président de l’université Thomas Sankara
Pour ce faire, de nombreux dispositifs sont mis en place afin de permettre à quiconque qui désire entreprendre, de bénéficier de l’appui financier et de l’accompagnement technique nécessaires, pour concrétiser son projet, soutient-elle, avant d’en citer des exemples. « On peut citer le Fonds d’appui aux initiatives des jeunes (FAIJ), le Fonds d’appui à la petite entreprise (FAPE), le Fonds d’appui aux activités rémunératrices des femmes (FAARF), le Fonds d’appui au secteur informel (FASI), le programme Burkina Startup etc. », illustre-t-elle.
Pr Patricia Ouédraogo affirme également que des efforts sont faits par l’État central et les collectivités territoriales pour rendre l’environnement économique et social davantage favorable aux affaires. À son avis, si les initiatives et les politiques publiques d’amélioration du climat des affaires convergent théoriquement vers une meilleure simulation de la création d’entreprises au Burkina Faso, rares sont les cadres qui permettent d’ouvrir le débat sur les résultats engrangés.
- « Le CEDRES a pour mission de soutenir le développement socioéconomique de l’Afrique par la recherche et la formation en science économique et de gestion », Dr Idrissa Ouiminga, directeur de la recherche à l’université Thomas Sankara
De ce point de vue, la présente conférence publique initiée par l’équipe de recherche en gestion des entreprises et des organisations du CEDRES, constitue une réelle opportunité de réflexion sur les acquis, les limites et les perspectives des dispositifs de financement et d’accompagnement à l’entrepreneuriat, souligne-t-elle.
Un entrepreneuriat de basse qualité
En outre, le Pr Patricia Ouédraogo déplore le constat d’une écrasante domination de l’entrepreneuriat de reproduction au Burkina Faso, où tout le monde fait la même chose. « Le rapport national de Global entrepreneurship monitor de 2015 relève à ce propos que l’entrepreneuriat au Burkina Faso est marqué par une grosse lacune. Il s’agit d’un entrepreneuriat où la quantité prime sur la qualité, l’innovation y est très marginale et le potentiel de création d’emploi et d’internationalisation très faible ».
- Vue partielle des participants à la conférence publique sur l’entrepreneuriat de l’université Thomas Sankara
Au regard de ce qui précède, il est impérieux pour la présidente par intérim de la cérémonie, d’outiller conséquemment les futurs entrepreneurs afin d’accroître leurs chances de succès, mais aussi à mettre sur le marché des produits innovants. L’ouverture prochaine (dès l’année académique 2023-2024) du Master professionnel en entrepreneuriat et gestion de l’innovation vient donc répondre à ce besoin de formation de ces futurs promoteurs d’entreprises.
À l’issue de cette formation proposée par l’université Thomas Sankara, les étudiants vont être à même de s’auto employer, de créer des emplois pour d’autres et de concurrencer les entrepreneurs des autres contrées, assure la vice-présidente chargée de la professionnalisation et des relations université-entreprises.
La conférence publique sur l’entrepreneuriat a été ponctuée par deux panels. Le premier a porté sur le financement de l’entrepreneuriat au Burkina Faso et le second a abordé l’accompagnement à l’entrepreneuriat au pays des hommes intègres.
Pour rappel, créé en 1977, le CEDRES est l’un des trois laboratoires rattachés à l’école doctorale de l’université Thomas Sankara. Il a pour objectif de réaliser, entre autres, une recherche en science économique et de gestion d’intérêt et de haut niveau aux fins d’éclairer les décideurs publics et privés sur des questions économiques et sociales.
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Hamed NANEMA
Lefaso.net