Burkina/Éducation numérique : Des jeunes et des femmes leaders outillés sur les bonnes pratiques
Malgré ses énormes avantages pour le développement des États, le digital ou le numérique est le plus souvent utilisé en Afrique, et en particulier au Burkina Faso, comme un simple outil de distraction. Aussi, il arrive de constater que cet instrument soit malheureusement utilisé à des fins malsaines. Cela, au point d’occasionner parfois des tensions qui compromettent la paix et la cohésion sociale. En vue d’inverser cette tendance dans les habitudes des jeunes et femmes leaders burkinabè, l’association continentale “Dialogue sans frontières’’ organise les 6 et 7 juillet 2023 à Ouagadougou, un atelier à leur profit, au sein du Conseil burkinabè des chargeurs (CBC). L’initiative est accompagnée par le Programme des nations unies pour le développement (PNUD).
« Au pays des aveugles, les borgnes sont rois », dit-on. Cette assertion décrit ici la situation d’usagers du numérique au Burkina Faso qui pensent en avoir la maîtrise alors que la réalité s’avère être le contraire. Au regard des dérives en effet, constatées çà et là dans l’usage du digital, l’association continentale “Dialogue sans frontières’’ a jugé utile d’outiller les jeunes et femmes leaders du pays autour de la thématique « À la conquête du digital : espaces publics numériques et éducation à la paix et au développement ».
Pour le président de Dialogue sans frontières, Filippe Savadogo, l’humanité, c’est regarder ensemble dans la même direction dans un monde en quête de nouveaux paradigmes et de nouvelles conquêtes. « Nous sommes dans une dynamique de crises qui permet si nous sommes Chinois, de comprendre qu’une crise amène demain la révolution et l’espoir. Alors qu’il arrive quelques fois, que l’on baisse les bras en de pareilles circonstances », affirme-t-t-il.
- « Éduquer une fille, c’est éduquer la nation. Notre avenir est à Djibo, parce que nous allons sortir de la crise »,
Filippe Savadogo, président de Dialogue sans frontières
L’important rôle de la femme dans le développement
Selon monsieur Savadogo, également ancien ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Burkina Faso en France, les femmes sont facteurs de paix, détentrices du pouvoir et de l’avenir. Parce qu’elles incarnent précise-t-il, la construction de la nation.
Alors qu’elle livrait son discours, la représentante résidente adjointe par intérim du PNUD, Isabelle Tschan, a saisi l’occasion pour témoigner sa reconnaissance au gouvernement burkinabè, avec lequel le PNUD collabore efficacement dit-elle, pour l’atteinte des objectifs de développement durable (ODD) du pays. Cela, en vue de travailler à l’épanouissement de la jeunesse burkinabè, a-t-elle ajouté.
« Au Burkina Faso 77,9% de la population ont moins de 35 ans. Par conséquent, la crise que traverse le pays éprouve profondément les jeunes. L’insuffisance d’emplois décents, la rareté des opportunités pour s’insérer dans des secteurs productifs, la faible représentativité et participation dans les instances de décisions, poussent certains dans la radicalisation tandis que d’autres bravent tous les dangers en prenant la route de la Méditerranée », dépeint la représentante du PNUD.
- « Il est essentiel à l’ère du numérique, que nous comprenions la thématique à l’ordre du jour,
pour façonner notre avenir collectif », Marguerite Ouédraogo/Bonané, présidente de la Commission
de l’informatique et des libertés (CIL) qui a donné le mot d’ouverture
Cependant, Isabelle Tschan estime qu’au regard des défis à relever, la jeunesse est la mieux placée pour contribuer au développement durable et à la consolidation de la paix du pays. Et à ce sujet, madame Tschan souligne que beaucoup de jeunes burkinabè épris de paix, ne cessent de développer constamment des initiatives pour la construction d’un Burkina uni et prospère. « Les symposiums organisés par l’association “Dialogue sans frontières’’, appuyés par le gouvernement et le système des nations unies, en mars 2017 et novembre 2019 à Ouagadougou, sur la cohésion sociale et le développement par le dialogue inclusif sont des initiatives qui en témoignent », a-t-elle rappelé.
De l’avis du PNUD, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’atteinte des ODD, notamment l’ODD 16 relatif à la paix et la justice est fortement tributaire de l’implication et de la participation effective des jeunes et des femmes à tous les niveaux de planification du développement et dans les sphères de décision. Encore faut-il qu’ils puissent bénéficier de cadres appropriés qui leur soient dédiés afin de s’investir efficacement à travers des approches novatrices dans la construction et dans la consolidation d’une paix durable, mentionne sa représentante.
- « C’est pourquoi je vous invite, chers jeunes, à faire du digital un outil de travail
qui vous aide à vous réaliser et à être des acteurs de développement »,
Isabelle Tschan, représentante résidente adjointe par intérim du PNUD
Une opportunité pour la jeunesse
Le numérique selon elle, se présente de nos jours comme une opportunité pour les jeunes d’avoir accès à des compétences et à des solutions financières pour s’engager dans l’entreprenariat innovant, et développer les petites et moyennes entreprises. « D’après une étude de l’institut McKinsey basée sur 1 500 dirigeants, ceux qui mènent la course du digital transforment leurs entreprises cinq fois plus vite avec deux fois plus d’intensité que leurs pairs », confie Isabelle Tschan.
Cependant, il y a lieu de nuancer. Car l’actualité enseigne que le numérique, notamment les réseaux sociaux peuvent aussi conduire dans des situations indésirables si leur utilisation ne respecte pas certaines normes et une certaine déontologie, a-t-elle interpelé.
- « Je puis vous assurer de la disponibilité de mon département pour la mise en œuvre
des recommandations qui sortiront de ces travaux », Christian Minoungou,
représentant la ministre en charge de la transition digitale
Le présent atelier a pour objectif général d’évaluer les acquis à court, moyen et long terme des différentes plateformes des jeunes et femmes leaders sur une période de trois ans. Il vise aussi, à dégager des perspectives pour leur consolidation, toute chose qui s’inscrit en droite ligne des priorités du PNUD.
Pour rappel, selon les statistiques sur l’utilisation de l’internet et les médias sociaux en 2021 au Burkina Faso, le pays comptait 5,46 millions d’utilisateurs actifs mensuels sur le net, ce qui fait 25,7% de taux de pénétration et deux millions d’utilisateurs actifs par mois sur les médias sociaux, soit 9,4% de taux de pénétration de la population.
Hamed NANEMA
Lefaso.net