La France et le Mali suspendent la délivrance mutuelle des visas
Dans un contexte de vives tensions bilatérales et régionales, Paris a suspendu la délivrance des visas destinés aux ressortissants maliens. Bamako a répliqué dans la foulée, en vertu du principe de réciprocité.
La France et le Mali ont demandé à leurs consulats respectifs de suspendre la délivrance de visas. © Pascal Deloche/Godong/Photononstop via AFP
La France a suspendu, en début de semaine, la délivrance de ses visas aux ressortissants maliens, après avoir placé tout le Mali, y compris Bamako, en zone rouge, « formellement déconseillée » aux voyageurs, indique une source diplomatique.
La capitale malienne se trouvait auparavant en zone orange, « déconseillée sauf raison impérative ». Le reste du pays était en zone rouge en raison de la progression des jihadistes, du risque d’enlèvement et de l’insécurité de manière générale.
Une « surprise » pour le Mali
Le ministère malien des Affaires étrangères a dit avoir appris « avec surprise » le classement de tout son pays en zone rouge, dans la soirée du 9 août, sur les réseaux sociaux. « En application du principe de réciprocité », il a décidé de suspendre à son tour la délivrance de visas par les services consulaires maliens à Paris.
Le Quai d’Orsay indique, dans une mise à jour de ses « conseils par pays » datée du 7 août, que, dans le contexte actuel de fortes tensions, tout déplacement au Mali est formellement déconseillé, et appelle les ressortissants français vivant dans ce pays à faire preuve de la plus grande vigilance.
« Cette modification entraîne une réorganisation des services de l’ambassade de France à Bamako, qui ne pourra dès lors plus délivrer de visas jusqu’à nouvel ordre », précise sur son site internet Capago, le prestataire qui traite les demandes de visas avant l’instruction des dossiers par les services consulaires français.
Perte de contrôle
Les relations entre la France, engagée au côté de l’armée malienne contre les jihadistes depuis 2013, et le Mali se sont fortement détériorées depuis le putsch d’août 2020. La junte a poussé les forces françaises vers la sortie en 2022, et s’est tournée politiquement et militairement vers la Russie. Elle a expulsé l’ambassadeur de France.
Depuis, la France a vu d’autres de ses alliés au Sahel connaître un changement de pouvoir à la suite d’un putsch, comme le Burkina Faso, en 2022, ou le Niger, le 26 juillet dernier. L’intégralité de ces trois pays voisins, tous confrontés à l’expansion jihadiste et formant une immense aire géographique, est désormais en zone rouge pour la diplomatie française.
La France a également suspendu la délivrance de visas par ses services consulaires au Burkina Faso, indique Capago sur son site.