Christian Delorme: “les gens ont besoin de dignité”

descarga délormeLa Petite Vigne de Bennwihr a invité Christian Delorme à débattre sur le thème: “Quelles solidarités face aux replis communautaires et aux extrémismes ?” Le prêtre a été, en 1983, l’un des organisateurs de la Marche pour l’égalité et contre le racisme, aussi appelée Marche des Beurs.

Quel est votre sentiment un mois après les attentats contre Charlie Hebdo ?

“L’assassinat des principaux membres de la Rédaction de Charlie Hebdo a montré, une nouvelle fois ( après les meurtres commis par Mohammed Merah en 2012 ), que la folie meurtrière qui sévit chaque jour au Proche-Orient, en Afghanistan et au Pakistan, peut se déployer aussi chez nous et mettre en danger notre « vivre ensemble ». Surtout, les réactions qui ont suivi dans les banlieues et dans les prisons, où beaucoup de jeunes se sont montrés compréhensifs à l’égard des assassins, et où beaucoup ont dit : « Les gens de Charlie-Hebdo l’avaient bien cherché ! », ces réactions témoignent d’une grave fracture au sein de notre société. Parce que nous n’avons jamais cherché à soigner les mémoires blessées héritières de notre empire colonial et, surtout, de la Guerre d’Algérie, des montagnes de malentendus se sont constituées, qui font que beaucoup de nos compatriotes d’origine maghrébine se sentent mal aimés et rejetés par notre République. Je crois malheureusement que la majorité de nos responsables politiques, de gauche et de droite, ne mesurent pas l’importance de cette fracture qui met vraiment en danger le présent et l’avenir de notre pays. Contrairement à ce qui a été dit, les immenses foules qui ont manifesté à travers la France le 11 janvier pour dire leur attachement aux valeurs de notre République laïque ne représentaient pas toute notre nation : il y avait là essentiellement la classe moyenne française non touchée par le chômage, la France qui « s’en sort » malgré la crise. Mais la France en souffrance n’était pas là ni, d’ailleurs, pour d’autres raisons, la France des forces vives du nouveau catholicisme”.

Que pensez-vous de la réflexion de Manuel Valls qui affirme qu’«il existe en France un apartheid territorial, social, ethnique » et qui compare les banlieues à des « ghettos » ?

“En parlant de « ghettoïsation » d’une parte des territoires de la République, et même « d’apartheid », le Premier ministre n’a rien inventé : voilà trente ans que des sociologues et d’autres analystes et praticiens des banlieues populaires ( dont les enseignants et les policiers ) parlent de ce phénomène. La vraie question est de savoir quels sont les causes et les responsables de cette géographie séparatrice des milieux sociaux et des groupes ethniques, et ce que nous faisons pour enrayer cette catastrophe. En 1991, un haut fonctionnaire, Jean-Marie Delarue, avait déjà publié un rapport remarqué que l’Etat lui avait demandé, intitulé « Banlieues en difficulté: la relégation ». Quelles leçons en a-t-on tirées ? Quelles mesures radicales a-t-on prises ?”

Lire plus :

 

Un tiers des chômeurs face aux discriminations à l’embauche

images ifopOrigine, religion, lieu de résidence, surpoids, style vestimentaire, âge… Dans le cadre de leur recherche d’emploi, 34 % des demandeurs d’emploi estiment avoir été discriminés, et ce de façon répétée pour 19 % d’entre eux. C’est ce que révèle le 8e Baromètre de perception des discriminations dans l’emploi publié vendredi 13 février, réalisé par l’Ifop pour le Défenseur des droits et l’Organisation internationale du travail (OIT).  L’enquête s’est particulièrement penchée sur les demandeurs d’emplois d’ascendance étrangère, en comparant un échantillon de demandeurs d’emploi d’origine étrangère (dont 70,2 % du Maghreb et 12,8 % d’Afrique subsaharienne) à l’échantillon global.(…)

  Pour l’échantillon global, la principale cause de discrimination subie est l’âge, dans 35 % des cas (contre 18 % pour les chômeurs d’origine étrangère). Le fait d’avoir plus de 55 ans est d’ailleurs perçu comme étant le facteur le plus discriminant, pour 88 % des sondés. Suivent le fait d’être enceinte (85 %), le style (81 %) et l’obésité (75 %)…. (Saphirnews: 13.02.15 Rédigé par La Rédaction)

Lire plus:

 

Lampedusa, l’accueil des migrants malgré la menace djihadiste

Immigrazione - Luigi Manconi e Giusi Nicolini illustrano un pianLa présence des terroristes de l’Etat islamique sur les côtes libyennes n’empêchera pas Lampedusa de poursuivre l’accueil de ceux qui fuient, laisse entendre la maire de Lampedusa, Giusi Nicolini, dans une interview à Radio Vatican, après l’arrivée de centaines de migrants sur son île et après les menaces des djihadistes de « conquérir Rome ». Elle affirme avec forcé sa décision d´offrir l´hospitalité coûte que coûte: «  Les migrants sont en train d’arriver, ils sont déjà arrivés. Ce qu’il faut, c’est un accueil : même en dehors de la Sicile, les régions du nord doivent ouvrir leurs portes. C’est la réponse que doit donner l’Italie ; nous ne pouvons pas la déléguer. Et l’Europe doit arrêter de nous considérer comme une périphérie ou une frontière parce que c’est inutile ; cela ne sert qu’à créer de la souffrance, à causer des naufrages en mer, à compter les morts et à provoquer de la souffrance sur des territoires qui sont exposés en première ligne comme Lampedusa,

On prévoit des centaines d’arrivées. En tant que maire, que demandez-vous aux institutions ?

De gouverner ce processus plutôt que de rester à regarder, impuissants, les gens qui meurent. Dans ce cas spécifique, j’ai demandé de remédier à l’erreur d’avoir supprimé Mare Nostrum sans penser à une solution alternative, parce que Triton [opération européenne dirigée par Frontex, l’agence européenne de contrôle des frontières], comme tout le monde l’aura compris, n’est absolument pas capable d’affronter cette urgence de type humanitaire. (Source :Radio Vaticana/17/02/2015 18:30). Une interview réalisée par Massimiliano Menichetti, de la rédaction italienne de Radio Vatican.

Lire plus :

 

« The land between » film de David Devele

TLB-Still-Photo-1-JPEG1« The Land Between », ce film (78 minutes) de David Fedele, donne un bon aperçu de la vie intime et douloureuse des migrants subsahariens cachés dans les monts du nord du Maroc. Leur rêve c´est de rentrer en Europe, après avoir réussi à franchir les hautes barrières militaires qui les séparent de Melilla, l´enclave d´Espagne dans le continent africain.

Ce film, unique dans son genre, montre la vie journalière de ces migrants attrapés dans ce limbe, ainsi que la violence et les mauvais traitements dont ils sont l´objet de la part des autorités aussi bien marocaines qu´espagnoles. Ce film pose également quelques questions élémentaires sur le comment et le pourquoi du risque que ces migrants prennent pour leur vie, au point de quitter leur pays, leur famille, leurs amis dans la quête d´une vie meilleure.

The land between… (en français, anglais, bambara) En online gratuitement … cliquer ici: