A la mer à la mort

Le-bateau-de-la-mort
Début avril, plusieurs naufrages ont coûté la vie à plus d’un millier de personnes qui tentaient de rejoindre le continent européen. Ces tragédies ont suscité un ballet de réactions désolées des responsables européens qui semblaient enfin prendre la mesure de l’ampleur de la catastrophe. Le cynisme de cette prétendue prise de conscience des dirigeants européens semblait déjà évident tant cette hécatombe était prévisible. Elle était en effet la conséquence logique d’une politique migratoire essentiellement sécuritaire et mortifère….

 

En parallèle, l’Union reste désespérément incapable de définir une politique plus juste permettant d’accueillir ces personnes risquant leurs vies pour traverser la Méditerranée. Cette incapacité patente est d’autant plus terrible que les Etats de l’UE savent que l’écrasante majorité des migrants fuient un contexte désastreux où ils subissent les affres de la guerre ou de la misère….

De manière plus générale, doit-on réellement blâmer les populations issues des autres pays africains et orientaux dont l’histoire a été marquée par une relation de pillage quasi systématique de leurs richesses (via entre autres la colonisation, les plans d’ajustement structurels, la fuite des cerveaux et immigration sélective, l’ingérence politique et économique et maintenant le réchauffement climatique…) ? Ne serait-il pas temps d’installer des canaux légaux d’immigration qui permettraient d’éviter que, dans les dix prochaines années, plus de 22 400 personnes ne périssent à nouveau en mer ? (Source: La Libre Belgique/19.06.15/Une opinion de Karim Sheikh Hassan, avocat au barreau de Bruxelles)

Lire plus:

 

Migrants : et si ouvrir les frontières générait de la richesse ?

30Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières et autorisent la libre circulation des individus sur leur territoire. Que se passerait-il dans l’immédiat ? Au bout de vingt-cinq ans ? Hier considérée comme une utopie, cette question est devenue un véritable objet d’étude. Et les scientifiques commencent à y apporter des réponses, qui n’ont pas grand-chose à voir avec les timides mesures prises face à la crise migratoire au sujet de laquelle l’Europe se déchire. Le sujet, pourtant, reste dans le secret des laboratoires. Il en sera ainsi tant que les gouvernants construiront leur ­politique dans ce domaine en se laissant guider par l’opinion publique plutôt que par les résultats scientifiques.

En attendant cet hypothétique virage, l’escalade continue. Depuis janvier, plus de 100 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques et italiennes, et plus de 1 500 sont mortes au cours de la traversée. Les migrants, de plus en plus, mettent leur vie en danger pour profiter de l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, censée garantir le droit à « toute personne (…) de quitter tout pays, y compris le sien ». Les frontières, elles, sont toujours plus hermétiquement protégées. A l’entrée de l’Europe comme sur les autres continents, des murs s’érigent ici et là. Et cette course sécuritaire, qui a déjà coûté, selon le consortium de journalistes européen The Migrants Files, 1,6 milliard d’euros aux contribuables du ­continent depuis 2000, ne donne aucun ­signe d’essoufflement.

Pour sortir de cette « incapacité où nous sommes actuellement d’imaginer un monde où l’on circule librement, sans visas et même sans passeports, comme c’était la norme avant 1914 », la juriste Idil Atak (université Ryerson, Canada) et la politologue Speranta Dumitru (université Paris-Descartes) ont fait de cette possible ouverture des frontières le thème du dernier numéro de la revue Ethique publique. Un autre groupe de recherche, baptisé Mobglob (pour « Mobilité globale et gouvernance des migrations »), s’est constitué autour de politologues, de sociologues, d’un géographe et d’un ­anthropologue pour creuser le sujet. Cette ­dizaine de cerveaux du CNRS, de l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) ou de Sciences Po conjuguent leurs approches pour reprendre sur d’autres bases un débat qu’ils estiment mal posé. (Source :Le Monde/25.06.15/ Par Maryline Baumard )

Lire plus :

 

Des migrants occupent la cathédrale de Tanger

atrio-desde-el-interior-de-la-catedral-de-tanger-marruecos_560x280

 

Plusieurs dizaines de migrants occupent la cathédrale de Tanger depuis mercredi 1er juillet. Dans cette ville marocaine distante des côtes espagnoles de seulement 24 km, ces migrants attendent de pouvoir traverser et rejoindre l’Europe. Beaucoup en sont arrivés à occuper illégalement des logements. Le 1er juillet, la police a délogé de force tous les migrants.

D’après le site d’informations Medias24, un groupe important de migrants (composé notamment d’Ivoiriens, Camerounais, Maliens, Centrafricains, Guinéens et Sénégalais), s’est ainsi installé sur le parvis de la cathédrale, avant d’occuper l’atrium de l’église. Dans un communiqué publié mardi 7 juillet, l’archevêché de Tanger précise que la veille, « la crypte a été ouverte pour accueillir les délogés » et qu’il réfléchit aux moyens de nourrir ces migrants parmi lesquels se trouvent des femmes et des enfants en bas âge.

L’équipe diocésaine dénommée "Tanger accueille migrants" (TAM) s’est mise à l’œuvre dès vendredi 3 juillet et a conçu un plan d’aide qui donne la priorité aux enfants et aux femmes. Mais elle a été vite débordée par l’arrivée d’autres migrants. Ceux-ci n’étaient pas vraiment dans le besoin mais voulaient orchestrer une médiatisation de la situation. La tension est montée entre les parties en présence.

Il a donc fallu clarifier le sens et les priorités de l’aide de l’Église. La crypte a été fermée. L’ordre des célébrations étant perturbé, il n’y a pas eu de messes le samedi et le dimanche dans la cathédrale. Malgré ces difficultés, l’équipe de TAM a continué d’aider les migrants les plus fragiles. Elle a pu trouver un logement pour 69 femmes et enfants mais continue ses recherches pour aider le plus de migrants possible.

Dans la nuit du lundi 6 juillet, Fouad El Omari, maire de la ville, s’est rendu dans la cathédrale et s’est entretenu avec les migrants. Il a promis une solution urgente aux moins aux plus nécessiteux. De son côté, Mgr Agrero Martinez, archevêque de Tanger, a assuré le maire de la toute la disponibilité de l’Église et de sa volonté d’aider les migrants selon ses possibilités. (Source: la Croix/8/7/15/Alexis Ngadjama)