Un nouveau proche-orient ?
Dans le chaos du Proche-Orient, soudain les lignes bougent. En particulier dans les deux grands pays non arabes qui sont aussi les deux seules vraies puissances régionales, les deux grands pouvoirs historiques : la Turquie et l’Iran. Plus que d’inflexions, il pourrait s’agir de véritables tournants politiques.
Après une longue période de complaisance et de complicité, Ankara semble avoir lâché et vouloir frapper Daech. Couper le flux de candidats au djihad transitant par ses aéroports et ses villes frontières, autoriser l’aviation américaine à opérer depuis ses bases militaires, démanteler les cellules dormantes et les relais logistiques de l’organisation islamiste : voilà ce que les alliés de la Turquie réclamaient depuis longtemps, en pure perte. C’est donc une bonne nouvelle. Mais au même moment, le gouvernement turc décide de frapper, par des raids policiers et des bombardements, les rebelles kurdes du PKK, avec lesquels il négocie pourtant un accord depuis plusieurs années. Que cherche vraiment le président Erdogan ? À ce stade, le scepticisme, voire la suspicion, reste de mise.
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“Des conflits géopolitiques sous couvert de religion”
Et si les conflits du Moyen-Orient contemporain n’étaient pas de nature religieuse ? Pour l’historien et économiste libanais Georges Corm, cette approche réductrice de la géopolitique ne sert qu’à légitimer la thèse du « choc des civilisations ». Dans son livre Pour une lecture profane des conflits*, l’universitaire démontre les nombreux mécanismes qui ont permis de légitimer des guerres injustes depuis la fin de la Guerre froide. Une politique qui passe par l’instrumentalisation du religieux.
Par une lecture profane des conflits, entendez-vous vous opposer à la théorie de « choc des civilisations » ?
C’est un retour à la politologie classique, une approche des situations de guerre par une analyse multifactorielle, et non pas par une causalité unique qui serait religieuse, ethnique ou prétendument morale. La thèse du choc des civilisations est, à mon avis, une mise à jour post-moderne de la division du monde entre Sémites et Aryens, qui a provoqué l’antisémitisme effarant ayant mené au génocide des communautés juives d’Europe. Cette thèse perverse empêche de réfléchir sur les causes des conflits. Aveuglée par cette théorie du choc des civilisations, l’opinion publique peut soutenir des entreprises guerrières comme l’invasion de l’Irak, de l’Afghanistan, ou encore les interventions en Libye, en Syrie et très récemment au Yémen. (Source : L Mond des religions/22/07/2015 Propos recueillis par Matthieu Stricot)
Yemen – près de 2 millions d’enfants contraints à l’abandon scolaire
Le conflit se poursuit dans le pays et, parmi ses graves conséquences, se trouve notamment l’obligation pour près de 2 millions d’enfants d’abandonner les écoles. Jusqu’ici, ce sont 3.600 instituts qui ont été fermés, les élèves et leurs familles s’étant transférés dans des zones plus sûres. Parmi les écoles fermées, 248 ont été complètement détruites, 270 accueillant des évacués et 68 autres étant occupées par des groupes armés. Pour le système éducatif du Yémen, un contexte de ce genre comporte, selon l’UNICEF, un impact dévastateur. Actuellement, l’organisation des Nations unies cherche à fournir un soutien scolaire à plus de 200.000 enfants, en offrant également des cahiers, des crayons et des cartables. De son côté, le Ministère de l’Instruction yéménite cherche à mobiliser les enseignants nécessaires et à habiliter des espaces temporaires, tels que des tentes, pour en faire des salles de classe. La prochaine année scolaire devrait débuter le 5 septembre mais tout dépendra des conditions de sécurité du pays. Avant le déclenchement du conflit actuel, le taux de scolarisation au Yémen était de 79% même si 2 millions d’enfants ne pouvaient fréquenter les écoles à cause de la pauvreté, de la discrimination ainsi que de la mauvaise qualité de l’enseignement. (AP) (Agence Fides 27/07/2015)