Noël à la MACA


Dans le cadre de leurs activités apostoliques, certains étudiants de la Fraternité Lavigerie vont visiter les prisonniers. Paul Namono nous raconte une de ces visites.

Il régnait une atmosphère exceptionnelle en cet après-midi du dimanche 24 décembre 2006 à la MACA (Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan). En effet, les pensionnaires de cette maison célébraient la naissance de l’Emmanuel dans une ambiance festive, faisant abstraction des conditions de vie particulièrement difficiles dans ce haut lieu de pénitence. La salle polyvalente qui sert de lieu de culte pour toutes les confessions chrétiennes a été magnifiquement décorée en fonction de la circonstance. L’Eucharistie était présidée par l’aumônier de la prison entouré de ses proches collaborateurs intervenant à la MACA et de sympathisants fidèles venus manifester leur solidarité aux détenus.

Avant la messe, la naissance de Jésus a été mimée par les prisonniers dans une mise en scène très inculturée à l’ivoirienne. Ce fut une occasion de “défoulement’’ pour certains qui ont étalé leurs immenses talents d’acteurs qui auraient pu leur être profitables dans d’autres circonstances.

Quoiqu’il en soit, ce sont des pensionnaires très heureux qui ont merveilleusement animé la messe avec des chants et des danses bien exécutés. Noël, c’est le Verbe de Dieu fait chair. Pour eux, ce jour manifeste la solidarité de Dieu avec l’homme, avec le plus faible, le prisonnier et ce, à travers l’action concrète des autres hommes. Après la messe, un bon repas, soigneusement préparé par l’ANAP (Association Nationale d’Aide aux Prisonniers), leur a été servi. De nombreux cartons de friperies leur étaient également destinés, mais ce fut un parcours du combattant pour les leur faire parvenir. A l’entrée de la prison, ce furent les gardes pénitentiaires qui se jetèrent sans scrupule sur les cartons pour en retirer quantité d’habits. Les miettes furent pillées sans ménagement par les détenus et ce, sous le regard complice des gardes.

En dépit de cet incident déplorable, la fête à la MACA fut belle et très appréciée des détenus qui n’ont pas manqué de traduire toute leur reconnaissance aux personnes physiques ou morales qui se dévouent à leur cause. A la sortie de la prison, un membre de l’ANAP nous a confessé sa satisfaction pour tout ce qui a été organisé avant de conclure : « Au moins, aujourd’hui les prisonniers ont bien mangé. » Mais de quoi sera fait demain ? Ça, c’est une autre paire de manche.

Paul NAMONO

NAMONO Paul