ANNEE SPIRITUELLE A SAMAGAN
OÙ SOMMES-NOUS ? Nous sommes au Burkina Faso, et précisément à Samagan, village situé à 8 kilomètres de Bobo Dioulasso. Samagan est situé au bord d’un marigot du même nom. C’est d’ailleurs ce marigot qui est à l’origine du village. Une des explications sur l’origine de Samagan est intéressante sur ce point : « Samagan » est une déformation par l’administration coloniale du mot « samaa » en langue Bobo, qui signifie « champs fertiles, abondance de cultures ». C’est la fertilité des terres autour de ce marigot qui avait attiré les anciens. Ceux-ci se sont installés de part et d’autre du marigot pour leurs cultures. Cela peut se constater encore aujourd’hui où on voit toujours des habitants du village faire du jardinage autour de ce marigot. C’est donc ces terres autrefois très fertiles du pays bobo que notre Société a choisies pour implanter son Année spirituelle. Quelle belle coïncidence ! L’Année spirituelle n’est-elle pas justement comparable à un champ fertile qui offre les conditions les meilleures pour la croissance de ses jeunes pousses ? Bien que l’appel missionnaire de chaque candidat soit un don de Dieu, il importe de lui procurer un cadre où il peut se développer et s’épanouir comme une fleur magnifique. BIENVENUE A L’ANNEE SPIRITUELLE DE SAMAGAN En entrant dans la propriété de l’Année spirituelle, signalée par un dessin de Pélican (emblème de la Société), vous trouvez un ensemble de plusieurs bâtiments disposés autour d’un bâtiment central de forme ronde : la chapelle. C’est ici que se réunit plusieurs fois par jour la communauté de l’Année spirituelle pour la prière (personnelle ou communautaire) et pour l’Eucharistie. Cette disposition des bâtiments reflète déjà quelque chose du but et des objectifs de ce centre. Il s’agit d’un lieu où des jeunes, âgés d’au moins vingt ans et animés d’un désir ardent d’être Missionnaires d’Afrique, viennent pour faire l’expérience spirituelle fondatrice de leur vocation missionnaire. Ils viennent apprendre à mettre le Christ au centre de leur vie pour acquérir une plus grande liberté intérieure et l’imiter dans leur être missionnaire. Avec saint Paul nous disons ceci : « Il s’agit de le connaître, lui (le Christ), et la puissance de sa résurrection, et d’avoir part à ses souffrances et d’être rendu semblable à lui dans sa mort afin de parvenir, si possible, à la résurrection d’entre les morts. » (Phil 3, 10-11) FORMATION DES APÔTRES DE DEMAIN Le cardinal Lavigerie, fondateur de la Société des Missionnaires d’Afrique, donnait cette recommandation au premier Maître des Novices de la Société : « Je veux des Apôtres, rien d’autre que des Apôtres. » Or, un Apôtre est un homme de Dieu. Un homme de Dieu est un homme de foi et de prière. Un homme de foi et de prière rayonne de la présence de Dieu qui l’habite. C’est pourquoi les candidats qui entrent en Année spirituelle chez les Missionnaires d’Afrique sont censés être « motivés par un véritable amour pour Dieu et pour l’humanité, et prêts à quitter famille et pays afin d’annoncer la Bonne Nouvelle du Christ au monde africain. » Autrement dit, on voudrait voir chez eux les qualités humaines et spirituelles suivantes : un attrait pour un style de vie simple librement choisi et une capacité d’être heureux avec peu de choses ; une ouverture à l’intercontinentalité et à l’interculturalité, particulièrement dans la vie communautaire ; une capacité d’adaptation à un monde en évolution rapide et une réelle créativité ; une grande souplesse et une réelle disponibilité en vue de nominations diverses ; un engagement décidé dans les problématiques politiques, économiques et sociales du pays où il vit et de l’Afrique en générale. Tout ce qui est fait et vécu à l’Année spirituelle ne vise que cela : favoriser la croissance spirituelle des candidats pour qu’ils deviennent des Apôtres de demain, des hommes de Dieu, amoureux du Christ, capables de relever les défis de l’évangélisation auprès du monde africain aujourd’hui et demain, en Afrique comme en dehors de l’Afrique. DÉROULEMENT D’UNE JOURNEE ORDINAIRE Un jeune qui arrive à Samagan a déjà fait une formation intellectuelle en philosophie et dans d’autres sciences humaines. Il ne vient donc pas pour emmagasiner de nouvelles connaissances. Il vient pour faire une expérience de rencontre avec le Christ et aussi avec lui-même en vue de discerner le don de Dieu qui est en lui. Ses études philosophiques ont surtout exigé de sa part un effort intellectuel, voire cérébral. Maintenant, il doit faire un effort spirituel d’intériorisation pour descendre dans son cœur profond et y reconnaître l’appel personnel de Dieu dans sa vie pour y répondre. Il peut faire sienne cette prière de saint Paul pour les Ephésiens : « Je fléchis les genoux devant le Père… qu’il daigne vous armer de puissance, par son Esprit, pour que se fortifie en vous l’homme intérieur, qu’il fasse habiter le Christ en vos cœurs par la foi. Enracinés et fondés dans l’amour, vous aurez ainsi la force de comprendre, avec tous les saints, ce qu’est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur de l’amour du Christ.» (Eph.3, 14-18). Tout ceci demande un engagement personnel constant tant sur le plan intellectuel qu’affectif et physique. Tout le programme de l’Année spirituelle a été pensé de façon à permettre à un jeune bien motivé de profiter au maximum de cette année spéciale pour se former personnellement avec l’aide de l’équipe d’animation du Centre. Cette équipe met à sa disposition un accompagnateur spirituel qui lui servira de guide et de témoin dans son discernement personnel. Les activités essentielles sont justement la prière, l’accompagnement spirituel, les conférences, les travaux manuels, le sport et la détente. Voici une journée ordinaire à l’Année spirituelle : 5h45 : Office du matin en équipe. 6h00-7h00 : Oraison personnelle. 7h15 : Eucharistie. 7h45 : Petit déjeuner. 8h15 : Services communautaires. 8h45-10h45 : Conférences. 11h15-12h30 : Temps personnel en silence (accompagnement spirituel). 12h30 : Repas. 14h50 : Office du milieu du jour. 15h00-16h00 : Temps personnel en silence. 16h30-18h00 : Travaux manuels ou sport. 18h30 : Temps personnel en silence. 19h00 : Office du soir. 19h30 : Souper. 20h30 : Soirée communautaire ou temps libre. 22h00 : Grand silence. Pendant la semaine, trois jours sont particuliers : le lundi, c’est le silence complet ; le jeudi est la journée consacrée à la vie d’équipe ; le dimanche est le jour de l’apostolat. Le discernement à l’Année spirituelle ne se fait pas sans une initiation à vivre les Conseils évangéliques de chasteté, pauvreté et obéissance selon le charisme propre de la Société des Missionnaires d’Afrique. Or, ce charisme est essentiellement apostolique et comporte une dimension importante qui est la vie en communautés internationales et interculturelles. C’est pour cela que notre grande communauté de l’Année spirituelle est subdivisée en quatre équipes réparties dans quatre pavillons sous la responsabilité d’un formateur. Chaque pavillon peut accueillir jusqu’à sept étudiants et comprend une salle relativement vaste pour la vie d’équipe. Chaque mois, il y a au moins un jour de congé ou de détente qui s’organise soit au niveau de la grande communauté, soit au niveau des équipes. « ANNEE SPIRITUELLE » ET NON PAS « NOVICIAT » Dans tous les Instituts religieux, le noviciat est l’étape centrale entre le postulat et la profession religieuse ou les vœux. Il dure généralement deux ans et vise trois objectifs principaux, à savoir : faire une expérience personnelle et profonde d’attachement à la personne du Christ ; faire un discernement spirituel de l’appel du Seigneur et de la manière spécifique dont on veut le servir, et être initié à la vie de l’Institut dans lequel on veut être incorporé. Il en est de même dans la Société des Missionnaires d’Afrique. Cependant, étant donné que nous sommes une Société de vie apostolique et non une Congrégation religieuse, cette étape de la formation n’est pas un noviciat au sens canonique du mot, c’est-à-dire selon le Droit de l’Eglise catholique, le Droit Canon (CIC.646-652). Elle est régie par le Droit particulier de la Société (CL 122) et s’inspire de la spiritualité ignacienne. L’Année spirituelle dure une année scolaire normale et se termine avec la Déclaration d’intention qui est un engagement personnel à poursuivre sa formation en vue de servir la Mission de l’Eglise en tant que membre de la Société. Pendant l’Année spirituelle, le candidat est invité à vérifier par lui-même si la vocation de Missionnaire d’Afrique, avec ses exigences telles que décrites ci-dessus, est un chemin de bonheur et de vie pour lui. Actuellement, c’est la Province du Burkina Faso qui abrite l’Année spirituelle francophone. Notons, en passant, que la Province du Burkina Faso est la seule province de la Société où un jeune peut faire toute sa formation initiale à l’intérieur d’une même province : 1er Cycle à la Maison Lavigerie à Ouagadougou, Année spirituelle à Samagan, Stage apostolique dans l’un des 3 pays qui composent la Province (Burkina, Niger et Côte d’Ivoire), et finir par la 4ème étape à la Fraternité Lavigerie à Abidjan. CONCLUSION Tous ceux qui auront l’occasion de visiter l’Année spirituelle de Samagan apprécieront le cadre extérieur et son silence, mais, surtout, ils y rencontreront des jeunes qui ont un désir réel de servir le Seigneur selon le charisme des Missionnaires d’Afrique. Nous ne pouvons que prier le Maître de la moisson de nous donner des apôtres, rien que des apôtres, capables de relever les défis de la Mission aujourd’hui et demain. Willy Ngumbi, M.Afr. |