Mémorial de l’arrivée du Fr. Amans et du P. Lourdel à Entebbe
Le 24 février 1878, quatre jours seulement après son élection, le pape Léon XIII signa un décret de la Sacrée congrégation pour la Propagation de la Foi qui attribuait les régions inter-lacustres du Tanganyika aux Pères Blancs.
Leur fondateur, Monseigneur Lavigerie, alors archevêque d’Alger, fut nommé Délégué Apostolique pour l’Afrique équatoriale. Le 21 avril de la même année, dix de ses missionnaires quittèrent Marseille pour l’Afrique de l’Est. Ils débarquèrent dans l’île de Zanzibar le 30 mai. Au cours de leur progression vers l’intérieur du pays, ils se scindèrent en deux groupes, l’un se rendant au Tanganyika et l’autre en Ouganda.
Le 17 février 1879, le père Simon Lourdel et le frère Amans arrivèrent à Entebbe.
Cinq jours plus tard, ils furent reçus par le roi du Buganda, Mutesa qui les autorisa, eux et leurs confrères demeurés provisoirement en arrière, à établir la mission catholique de Rubaga tout près du palais royal à Kampala, la capitale. Dès avant l’arrivée des Pères Blancs, deux religions avaient fait leur apparition dans cette région : l’islam en 1844 et l’anglicanisme en 1877. Dès leur arrivée les missionnaires commencèrent leur travail d’évangélisation et annoncèrent la bonne nouvelle de Jésus autour d’eux. Bientôt commença un petit groupe de catéchumènes.
Parmi les premiers convertis se trouvaient quelques fonctionnaires et quelques pages de la résidence royale. Le baptême des quatre premiers Ougandais eut lieu le 27 mars 1880. Quatre autres furent baptisés deux mois plus tard.
Malgré le zèle des récents baptisés et des catéchumènes, l’avenir de l’Église ougandaise ne semblait pas des plus roses. Lorsque les Pères Blancs eurent le sentiment que leur vie était menacée, ils crurent bon de quitter le pays et d’attendre des jours meilleurs. Le 8 novembre 1882 ils s’exilèrent volontairement dans le Bukumbi, sur la rive sud du lac Victoria, près de Mwanza dans l’actuelle Tanzanie.
. Jeu scénique /...................................................... Le P. Luc Kola M.Afr, portant les relique du P. Lourdel
En partant, ils laissaient derrière eux vingt baptisés et 250 catéchumènes. En l’absence des Pères, les chrétiens et les vieux catéchumènes devinrent leurs propres apôtres. Spontanément, ils se divisèrent en petites communautés dirigées par des catéchistes. Lorsque les missionnaires revinrent de leur exil en 1885, le nouveau roi, Mwanga, leur réserva un accueil chaleureux et enthousiaste. Mais, hélas, la lune de miel fut de courte durée. Ceux qui étaient opposés aux missionnaires, spécialement le Premier ministre et les arabisants, parvinrent à convaincre le roi qu’il s’agissait d’une intrusion des blancs, destinée à le renverser. Il se mit donc à suspecter les Européens tant catholiques qu’anglicans et tous ceux qui les accompagnaient.
Un évêque anglican et sa suite furent massacrés par les sbires de Mwanga. Ce fait suscita la colère de certains chrétiens du Buganda, même au palais royal. Ils blâmèrent le roi à cause de ce massacre d’innocents.
Parmi ceux qui avaient critiqué la position du souverain se trouvait Joseph Mukasa Balikuddembe, fonctionnaire au Palais et malheureusement rival du Premier ministre. Dans sa colère et dans sa honte, le roi ordonna son exécution, prétextant qu’il ne pouvait recevoir de remontrances de la part de semblables sujets. Balikuddembe, tué le 15 novembre 1885, devint le premier martyr catholique.
Le 25 mai 1886, Mwanga revint au palais après une chasse infructueuse. On raconte qu’il ne trouva personne pour le servir. Lorsqu’il apprit que le personnel était allé écouter des instructions religieuses, il entra dans une telle colère qu’il convia ses chefs à une réunion pour statuer sur le sort de ces chrétiens qui s’étaient rebellés contre lui et la royauté. L’assemblée décida que tous ceux qui refuseraient de renier le christianisme perdraient la vie.
Les pages furent invités à définir publiquement leur position devant le roi et ses notables. Ceux qui déclarèrent vouloir demeurer chrétiens furent condamnés à mort. Le père Lourdel intercéda vainement en leur faveur. L’endroit choisi pour l’exécution fut Namugongo à dix kilomètres environ de la capitale ; l’un des condamnés fut tué à Mengo, sur la route du supplice. Le 3 juin 1886 trente deux jeunes gens, catholiques et anglicans, furent molestés au moyen de lances et de torches puis enroulés dans des nattes et jetés dans les flammes.
Pendant leur supplice, ils demeurèrent inébranlables dans leur foi et s’encouragèrent mutuellement, spécialement les jeunes comme Kizito, qui n’avait que 14 ans. Ils moururent dans la sérénité et la prière. Le dernier supplicié Jean-Marie Muzeeyi, fut décapité ; son corps fut jeté dans un marécage près de Mengo, un faubourg de la capitale.
Ces martyrs ont été canonisés par Paul VI au cours du Concile Vatican II, en présence de 2.000 évêques rassemblés à Rome, le 18 octobre 1964. Leur exemple a inspiré beaucoup de chrétiens ougandais, spécialement dans les moments désespérés.
Le 3 juin est un jour de fête pour les catholiques et chaque année, ils se rendent en pèlerinage à Namugongo.
Basilique de Namugongo.
Sanctuaire national des martyrs catholiques, cette église a été construite sur le site même où furent mis à mort les martyrs de l'Ouganda.
La forme de cet édifice évoque la hutte traditionnelle des Baganda ou « Akasiisiira ». Le bâtiment repose sur 22 piliers représentant les 22 martyrs catholiques. Cette Basilique est le lieu saint vers où se dirigent des milliers de pèlerins arrivés de tous les coins du pays. Le 3 juin de chaque année se joignent à eux des milliers d'autres venus des pays voisins et même du reste du monde, tous affluent vers cet endroit sacré.
En face de l'entrée principale de la basilique, sous le grand autel se trouve l'emplacement où Charles Lwanga le chef des martyrs fut brûlé le 3 juin 1886. Cette église a été consacrée par le pape Paul VI le 2 août 1969.