Voix d'Afrique N°109.

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Marche à côté de moi,
et sois simplement mon ami…

Une fois par semaine, Sœur Corrie (Cornelia) - 79 ans - prend sa mobylette pour se rendre à Schijndel, village proche de Boxtel. Un aller-retour de 18 km, pour aller à la rencontre de séniors plus ou moins touchés par les nom-
breux soucis de la vieillesse, qu'ils soient d'ordre physique ou psychologique.

En Tanzanie, pendant presque 50 ans, elle a travaillé auprès des femmes et des victimes du sida. Aussi, le changement a-t-il été important pour elle, à son retour aux Pays Bas. Il lui a fallu se réadapter à son nouvel environnement.

C'est à la « Care farm » (ferme de soins), qu'elle a trouvé un nouveau terrain d’action. Depuis six ans maintenant, elle y accompagne des personnes âgées ayant besoin d'être entourées et accompagnées, dans un cadre protégé. Ensemble elles préparent le repas de midi, jouent, bavardent…

À la «Care-farm», comme dans toutes les fermes, il y a des animaux, des champs de maïs et de pommes de terre. Six jours par semaine, de 10h à 16h, le Centre accueille de 25 à 30 personnes. Certaines sont en chaise roulante, d’autres souf-
frent d'un handicap mental ou moteur. Sans cette structure pour les recevoir, tous ces patients seraient condamnés à rester à la maison, seuls et sans soins…

À la ferme, ils donnent à manger aux animaux, ramassent les œufs ou récoltent des légumes. Et grâce à ces diverses activités auxquelles ils participent volontiers, ils sortent de leur isolement, ce qui leur est doublement bénéfique, à la fois pour leur bien-être et leur quiétude, mais aussi pour leur santé physique.

Outre le travail de la ferme, de nombreuses activités sont organisées, et leur diversité permet à chacun d’en trouver une qui corresponde à ses centres d'intérêt. On peut lire, jouer au billard ou faire des jeux de société. Le matin, un animateur fait la lecture du journal quotidien. L’après-midi, on fabrique des cartes, on joue au ballon, on réalise des bouquets de fleurs ou on se promène. Sans oublier le temps de la sieste, "activité" à laquelle bien sûr, Corrie participe !

C’est tout à fait par hasard que notre sœur est devenue volontaire à la ferme. Après avoir vu un dépliant sur cette structure, dans laquelle l’équipe professionnelle collabore avec des étudiants et des volontaires, elle s'y est rendue simplement pour voir. Mais tout de suite elle a été conquise, et n’a pas hésité à s'y engager.

Corrie est très estimée, autant pour sa personnalité que pour son charisme SMNDA et son expérience missionnaire. Le personnel trouve que sa présence apporte une dimension particulière dans le centre, et elle-même reconnaît qu'elle y trouve pleinement sa place. Elle dit : « Je suis une personne pratique, je ne suis pas quelqu’un qui parle beaucoup. J’aime être avec les gens et faire la cuisine ». Préparer et partager le repas crée des liens entre tous. Chacun(e) peut être soi-même, sans s’arrêter aux différences ou au caractère particulier des uns et des autres. Tous sont impliqués, ils se sentent importants et reconnus.

Avec sa prévenance habituelle et la gentillesse qui la caractérise, elle va vers ceux qui sont assis à l’écart, et les invite à venir éplucher les pommes de terre ou à se joindre au jeu. « Être auprès des personnes, leur montrer qu’on se soucie d’elles, leur faire comprendre que leur présence est appréciée », c’est là une motivation importante pour Corrie dans son travail.

Elle explique aussi, qu’elle fait partie de la maison au même titre que chacun, mais que cela ne l'empêche pas de garder son identité missionnaire. « Je désire faire mon chemin avec les gens. Rire et pleurer ensemble, c’est important. A la ferme, l’ambiance nous permet de nous exprimer en toute liberté ; nous formons une seule famille. »

L’ambiance permet de s’exprimer en toute liberté, même dans un défilé de mode.
Corrie, 2ème à gauche debout, élégante avec sa coiffe en dentelle !

Parfois, les gens viennent chez elle car ils ont des questions sur l’Église, la signification des fêtes religieuses, la foi, l’existence de Dieu, ou bien parce qu'ils souhaitent échanger avec elle sur leur façon de se situer face aux dilemmes de l’avortement et de l’homosexualité. Corrie le fait volontiers, car elle est très ouverte sur tous les sujets. Parfois, une simple rencontre peut changer le regard d'une personne. En étant proche des gens, en partageant leur quotidien, on comprend mieux ce qu'ils vivent réellement.

Le Pape d'ailleurs, nous rappelle combien cette attention aux autres est importante quand il souligne que dans notre société, les personnes âgées se trouvent souvent marginalisées et à la périphérie. Beaucoup d’entre elles sont isolées et souffrent de solitude. De plus, lorsqu'elles sont handicapées, ces personnes pensent parfois qu’elles sont un poids pour les autres.

Certes, la souffrance et la misère existent - pas seulement d’ailleurs pour les personnes âgées - Mais il est indispensable de poser un regard positif sur les choses, pour pouvoir offrir l’espoir et la consolation.

Bien sûr, Corrie est parfois profondément touchée par le chagrin et l'isolement des personnes âgées. Toutefois, aidée par sa bienveillance naturelle vis-à-vis des autres, et surtout par sa foi dans la force de la Bonne Nouvelle, elle essaie toujours de leur redonner un petit brin d'espoir. Nous lui souhaitons de pouvoir continuer longtemps encore ce bel apostolat, car c'est bien ce qu’elle désire de tout son cœur.

Marina van Dalen
(Coordinatrice régionale SMNDA des Pays Bas)