Voix d'Afrique N°110.
Albert Kondemodre ordonné diacre
le 28 novembre 2015
en Afrique du Sud.
Je m’appelle Kondemodre Albert du Burkina Faso. Je suis né dans un petit village d’environ huit cents habitants au centre nord du pays. Je viens d’une famille de cinq enfants : deux frères et deux sœurs. Je suis le benjamin d’une famille catholique fervente. On n’était ni riche ni pauvre non plus. C’est dans cette famille modeste que j’ai été éduqué et grandi. Baptisé enfant, j’ai vite partagé la foi de mes parents. Mais mon village n’avait pas d’école à l’époque. Il fallait marcher à pied, sept kilomètres, pour en trouver une. C’était aussi un nouveau défi que de se frotter à d’autres enfants. Durant les six ans du cours préparatoire au cours moyen, on avait des cours de catéchisme et d’éducation civique. Ainsi, avant de passer du primaire au secondaire, je voulais faire quelque chose de ma vie.
L’appel se faisait déjà sentir. Le rêve se dessinait. Notre diocèse venait tout juste d’ouvrir son petit séminaire. J’ai alors pensé y entrer : on recrutait des jeunes pour le séminaire, on récitait souvent des prières pour les vocations pour le diocèse. Mais j’ai échoué au test d’entrée... Il n’y avait pas de lycée dans les environs et j’ai dû quitter mes parents pour la première fois. J’ai été accueilli par ma tante dans une ville située à cent kilomètres. On n’était pas loin d’une grande paroisse, et la cloche de l’église me réveillait chaque matin. Alors j’ai pris l’habitude d’aller à la messe au moins une ou deux fois en semaine le matin avant d’aller au lycée. Je me suis engagé dans différents groupes ou mouvements d’action catholique : JEC (Jeunesse Étudiante Catholique), chorales, lecteurs…
Là, j’ai beaucoup appris; et c’est là qu’a fleuri ma vocation. L’idée de devenir prêtre continuait son petit bonhomme de chemin dans mon esprit mais sans avoir encore aucune idée de la différence entre prêtre missionnaire et prêtre diocésain. Mon seul rêve était de devenir prêtre. Un jour, alors que je relisais tranquillement les principes de la JEC, le septième attira mon attention. Il s’intitulait ainsi: « le jéciste a un esprit missionnaire. » À partir de là tout devint clair. J’ai cherché à savoir ce qu’est un missionnaire. Je me posais beaucoup de questions. J’ai pu approfondir mon idée du missionnaire lorsque je fus invité à participer à un camp missionnaire. Ce camp m’a ouvert les yeux et m’a apporté une réponse à mes interrogations. Finalement j’ai demandé à entrer chez les Missionnaires d’Afrique.
Deux ans après, armé de mon baccalauréat, je demandais à être admis chez les Missionnaires d’Afrique. Mon chemin était ainsi tracé. Ce fut la philosophie comme première étape à Ouagadougou. La deuxième a été le noviciat à Bobo-Dioulasso, toujours au Burkina. Une vraie expérience missionnaire a suivi, lorsqu’après cette année spirituelle, je quittais mon pays pour l’Ouganda et deux ans de stage pastoral au milieu de la population Teso. Pour la dernière étape, la théologie, on m’a envoyé à Merrivale en Afrique du Sud. J’ai fait mon Serment Missionnaire le 27 novembre dernier, et ordonné diacre le lendemain.
Avec toute l’expérience vécue, j’ai compris qu’on ne choisit pas sa vocation. En matière de vocation, Dieu seul détient notre choix. À Lui revient la décision. D’ailleurs, que l’on soit prêtre ou laïc, missionnaire ou diocésain c’est la même mission, le même service. Comme dit Saint Paul : « Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur (1 Cor12, 4 -5). » C’est le Seigneur qui sonde les cœurs, qui détient notre vocation. Cette vocation est aussi personnelle. À mon point de vue, le sacerdoce qu’il soit missionnaire ou diocésain reste le même. Pour moi, je me réjouis et rends grâce à Dieu d’ être où je suis. On voit de plus en plus de prêtres diocésains qui sont envoyés en mission, d’autres restent dans leur diocèse tout en gardant un esprit missionnaire. Partout, où que l’on soit, et qui que l’on soit, la vie d’un prêtre comporte des joies, des sacrifices et des difficultés. La vie est ainsi faite. Je reste persuadé que la vie dans laquelle je me suis engagé est la meilleure pour moi. J’ai confiance et la conviction que si la vocation vient de Dieu, rien ne pourra l’ébranler.
Certes il y aura des difficultés mais la joie sera grande. Il a bien dit : « quiconque aura quitté, à cause de mon nom, ses frères, ou ses sœurs, ou son père, ou sa mère, ou sa femme, ou ses enfants, ou ses terres, ou ses maisons, recevra le centuple, et héritera la vie éternelle...» (Mat19, 27: 30).