Un étudiant Missionnaire d'Afrique originaire du Mozambique et en stage au Niger témoigne des difficultés rencontrées à cause de Boko Haram
Les 3 et 4 juin, le groupe islamique Boko Haram a pris d’assaut Bosso, une ville dans l’est de la république du Niger. Au moins 30 soldats de l’armée ont été tués et des équipements militaires détruits. De l’armement et de la nourriture destinés au soldats Nigériens ont été volés. Selon les Nations Unies, au moins 50.000 personnes ont du être déplacées. Le gouvernement n’a pas déclaré de sinistre civil.
Bosso se trouve dans la région de Diffa, où Boko Haram a déjà perpétré des attaques provoquant des morts. La petite communauté chrétienne est visitée par nos confrères qui vivent à Zinder, à 468 kms. Bosso est aussi à 870 kms de Birni N’Konni, et presque 1.200kms de la capitale Niamey, où je suis en train de vivre mon stage apostolique.
Il est triste de constater que, alors que le gouvernement nie l’existence de victimes civiles, nous avons perdu un de nos frères appelé Rémi Lawson, un chrétien converti de l’Islam. Depuis sa conversion, Rémi était connu pour son courage dans son témoignage de foi. Après avoir dispersé l’armée, Boko Haram s’est attaqué à la région où se trouvait Rémi. Ils lui ont tiré dessus, à l’épaule gauche. Rémi s’est alors agenouillé et a fait le signe de la croix, au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Voyant cela, un milicien extrémiste a crié « infidèle » et l’a tué sur place.
Déjà, les 16 et 17 janvier 2015, nos églises et maisons religieuses ont été incendiées par des musulmans ordinaires. Pourquoi nos lieux de prière ont-ils été malicieusement brûlés ? Notre foi est menacée. L’exemple de Rémi est une preuve que la profession publique de notre foi n’est pas acceptée. Le Niger est pourtant un état laïque, mais cela ne semble vrai que sur le papier.
Le jour de son assassinat, la femme de Rémi a donné naissance dans la paix à un enfant, dans une maternité. C’était le souhait de Rémi, mais la mort de Rémi est un drame pour la famille et un coup sérieux pour notre petite Eglise au Niger. Comme lib frère Lefterius Mwamba l’avait souligné lors des attaques de 2015, nous sommes persécutés mais pas oubliés. Une veillée de prière a été organisée pour que le Seigneur fasse descendre sa force sur nous. Nous sommes encore sur la route pour que le Niger soit un pays où toutes les religions soient reconnues. Nous en appelons auprès de notre Dieu, par son Fils et notre mère Marie, pour que nous puissions tous accepter et avancer dans le sens de la reconnaissance mutuelle dans notre humanité commune
« Dans le monde, vous rencontrerez des difficultés, mais soyez courageux : j’ai vaincu le monde » a dit Jésus (Jn. 16.33). Le zèle et l’espoir pour continuer notre mission au Niger ne peuvent être trouvés que dans la paix promise par Jésus, qui nous appelle également à « aller et faire des disciples de toutes les nations… et regardez, je suis toujours avec vous, jusquq’à la fin des temps (Matthieu 28.19-20). Nous professons notre foi à travers notre engagement pour construire un Niger où règne la paix pour tous.
Chers confrères, familles et amis des Missionnaires d’Afrique, gardons Rémi et sa famille dans notre prière. Nous continuons de prier pour la mission au Niger, de telle sorte que plus la mission devient difficile, plus nous devenions courageux et pleins de zèle dans la proclamation du Royaume de Dieu.
Tomas Seunda Jallet