La Paroisse : une nécessité pastorale incontournable
Le mercredi 9 mai 2012, les missionnaires d’Afrique sont arrivés à Atakpamé, au Togo, pour y commencer la première insertion des missionnaires d’Afrique dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest. L’objectif principal de cette fondation au Togo était de pouvoir mieux connaître et donc aussi de mieux accompagner les aspirants missionnaires d’Afrique, qui se présentaient car, jusque là, ils étaient visités d’une manière plus ou moins régulière par des animateurs venant de Ouagadougou, voire même de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso voisin. C’était un gros investissement en temps et en fatigue pour l’animateur concerné, et un sérieux investissement financier de la part de la Province. Mais l’investissement et les fatigues en ont valu la peine, car nous comptons aujourd’hui six Togolais comme missionnaires d’Afrique, et deux seront ordonnés au mois de septembre de cette année 2017, ce qui fera au total alors huit missionnaires d’Afrique togolais. Comme la plupart des aspirants venaient du diocèse d’Atakpamé, c’est ce diocèse qui a été choisi comme lieu d’implantation.
Mais, nous ne voulions pas nous occuper uniquement de nos jeunes aspirants et de leur accompagnement. Nous voulions aussi mieux comprendre leur mentalité, connaître le milieu d’où ils provenaient, comprendre l’Eglise qui était la leur et, si possible, rendre service à cette Eglise. Nous ne voulions pas seulement recevoir de l’Eglise locale, mais nous voulions aussi lui donner quelque chose, et spécialement notre charisme missionnaire. C’est pourquoi, en négociant notre arrivée avec l’évêque du lieu, Mgr Nicodème Barrigah, nous lui avons demandé de nous confier une paroisse. Car, selon nous, la paroisse est le meilleur moyen de s’insérer dans un milieu, d’en connaître et d’en comprendre la mentalité, d’apprendre la langue et les us et coutumes de la population locale, de collaborer avec les prêtres diocésains et d’exercer notre charisme missionnaire. Ainsi, Mgr Barrigah nous a confié une localité du nom de Talo-Novissi, dans les faubourgs de la ville d’Atakpamé qui n’avait pas encore le statut de paroisse, mais qui était une communauté chrétienne qui avait vu le jour onze (11) ans avant notre arrivée. Depuis le 30 août 2013, Talo-Novissi a été érigé en paroisse sous le vocable de Notre-Dame d’Afrique.
Comme il s’agissait d’une nouvelle fondation, beaucoup de choses étaient à faire. Nous n’avions pas de maison. Pendant quatre ans, nous avons logé dans une maison louée à quelques kilomètres en dehors de la paroisse. Il a donc fallu construire une maison. Le seul bâtiment qui se trouvait sur le terrain de la paroisse était une petite chapelle, sans portes ni fenêtres et qui, au cours de la semaine, faisait aussi office d’école primaire. Répondant à ce besoin important que nous n’avions pas prévu, nous avons construit une école primaire complète de six classes et une école maternelle de deux classes. Actuellement, nous sommes en train de construire l’église paroissiale.
Tous ces soucis matériels importants ne nous ont cependant pas déviés de l’objectif de notre mission : construire une communauté chrétienne missionnaire. Nous ne sommes pas venus au Togo pour construire des bâtiments, aussi nécessaires que ces bâtiments puissent être, mais pour construire des communautés chrétiennes qui soient du levain dans la pâte de ce milieu, encore fortement sous l’influence de la religion traditionnelle, surtout le Vaudou, et harcelé par de nouveaux mouvements religieux.
Aussi, quelques mois après notre arrivée, et malgré des constructions déjà lancées, nous nous sommes mis à l’apprentissage de la langue locale, le éwé, outil pastoral indispensable. Puis, nous nous sommes engagés activement dans les Communautés Chrétiennes Catholiques de Base (CCCB) qui nous permettent chaque semaine de donner un éclairage sur les évangiles et la vie chrétienne. Malheureusement, beaucoup de chrétiens considèrent les CCCB comme une activité en plus, alors que tant d’autres mouvements et associations existent déjà. Dernièrement cependant, grâce à une meilleure sensibilisation, le nombre des participants aux réunions hebdomadaires a augmenté.
Dans nos prédications dominicales, nous n’oublions pas la dimension missionnaire de l’évangile et sa nécessité pour une authentique Eglise du Christ. Nous avons réorganisé la catéchèse de manière à pouvoir plus facilement suivre la progression de chacun et de chacune, et nous nous efforçons d’imprégner les catéchumènes, jeunes, enfants et adultes, d’un esprit vraiment chrétien et d’une conviction chrétienne et missionnaire.
Une caractéristique de notre paroisse, de notre diocèse, et de l’Eglise du Togo toute entière, c’est l’existence de toutes sortes d’associations laïques, connues ici sous le nom de « congrégations » (Ste.Rita, Notre-Dame du Perpétuel Secours, St Antoine de Padoue, et autres) avec chacune sa spécificité, et dont les principales activités consistent dans des prières, spécialement des triduums et des neuvaines. C’est une activité pastorale tout à fait nouvelle pour nous, et nous n’avons pas encore réussi à nous y intégrer vraiment, étant donné que leurs réunions ne sont pas des réunions comme les autres, mais des réunions de prière, avec des prières spécifiques, qui se tiennent en plus très tôt le matin, à 4h ou à 5h.
Nous accordons une attention particulière aux jeunes, garçons et filles, pour leur donner une formation chrétienne de base solide. Mais, comme ils bougent beaucoup pour poursuivre leurs études en dehors de notre paroisse, il n’est pas facile de les avoir sous la main pour longtemps. Grâce à notre insertion paroissiale, nous avons aussi la chance de pouvoir participer aux réunions pastorales diocésaines et décanales, ce qui nous permet d’avoir de bonnes relations avec le clergé local et de pouvoir également partager avec eux nos différentes expériences missionnaires et nos points de vue sur certaines questions pastorales. Nous avons l’impression qu’ils apprécient notre présence et notre apport pastoral.
Nous rêvons, dès que nos soucis matériels de construction auront diminué, de manifester encore plus clairement notre spécificité missionnaire en créant des succursales, des « stations secondaires » comme on les appelle ici. Nous avons grande envie à ce que nos activités pastorales et nos différents engagements débordent largement le cadre de notre paroisse actuelle. En attendant, nous ne regrettons nullement d’avoir choisi la paroisse comme terrain d’atterrissage dans ce nouveau milieu !
Au nom de la communauté M.Afr. de Talo
Theo Caerts, M.Afr.