Deux textes pris sur le site internet de "Prions en Eglise"
En chemin avec Jésus
Je me prépare à vivre ce mois de mars “charnière”, passage vers Pâques, spirituellement, intellectuellement et pastoralement. Spirituellement, par un pèlerinage en Terre sainte. Intellectuellement, en travaillant mes homélies pour le Triduum. Pastoralement, car mars est un mois charnière pour les étudiants dont j’ai la charge.
Je reviens d’un pèlerinage Prions en Église en Terre Sainte. Pour les pèlerins comme pour moi, ce fut l’occasion de marcher dans les pas du Christ. Cheminer dans le désert, à Nazareth, au lac de Galilée, à Bethléem, à Jérusalem… nous fait percevoir l’incarnation autrement. Les lieux dont nous parlent les lectures de nos eucharisties sont là, sous nos yeux. Dieu a visité son peuple. Oui, c’est une affaire sérieuse. Dieu nous aime. Il l’a montré et nous le montre encore. Voilà une belle porte d’entrée pour le Carême.
Des Rameaux à Pâques, c’est le moment où une communauté se rassemble, grandit en nombre. Comme aumônier d’étudiants, je sais que mars est un mois charnière, un passage. C’est là qu’une année se joue. Mois de travail ou de découragement.
Avec la pastorale étudiante, nous allons vivre, ce mois-ci, une journée en forêt en quatre étapes : une marche détente ; un premier arrêt où nous prendrons le temps de vivre une lectio divina ; après une nouvelle marche, une eucharistie en forêt ; un repas fraternel.
Le monde étudiant m’invite à me déplacer. Rien n’est blanc ni noir. Chacun est en chemin. Et, dans chacun de ces chemins, je vois l’action du Seigneur. Je ne crois plus que l’on doit se désespérer d’un manque de foi chez les jeunes. Ils cheminent et c’est en cherchant avec eux que l’on redécouvre la joie de suivre le Christ.
La marque du chemin
Cette fois, nous sommes dans la ligne droite vers Pâques, même si intérieurement le chemin est parfois sinueux ! La parole de Dieu le trace peu à peu en nous. Elle corrige en nous ce qui a besoin de l’être. Elle aplanit. Elle réconcilie, elle apaise. Elle nous entraîne au large. Elle révèle en nous le chemin de Dieu. La parole du prophète Joël, le mercredi des Cendres, en appelait au cœur : « Revenez à moi de tout votre cœur ! » (Jl 2, 12), tandis que Paul insistait : « Le voici maintenant le moment favorable » (2 Co 6, 2).
Où en sommes-nous aujourd’hui de la prière, du jeûne et de l’aumône et du partage (Mt 6, 1-18) ? La question est essentielle, non pas pour vérifier l’avancée de nos résolutions ou de nos « sacrifices », mais parce qu’il en va de l’amitié avec Dieu. La prière nous façonne le cœur (Mt 6, 7-15). Le jeûne simplifie nos vies et nous guide vers l’essentiel : notre façon d’aimer. Isaïe le rappelle vertement : le jeûne n’est pas de l’ordre de la performance que Dieu devrait homologuer. Il regarde au cœur ! Le jeûne entraîne vers l’autre dans les gestes de l’amitié. Il porte vers le souci de tous. L’aumône ou le partage en sont les autres noms (cf. Is 58).
Isaïe nous rappelle encore à l’accueil de la Parole, en des mots tellement encourageants pour nous : comme la neige ou la pluie, elle ne revient pas vers le Seigneur « sans résultat, sans avoir fait ce qui [me] plaît, sans avoir accompli sa mission » (Is 55,10-11). Nous pouvons poursuivre le chemin avec confiance. L’enjeu du Carême est peut-être, au plus profond, l’amitié avec nous-même et avec Dieu, avec le pauvre aussi, et avec tous. Bon chemin vers Pâques.