André de Thézy (1925 – 2015) (PE n°1092 – 2018/06)
« Piot bruiteu, grand tavailleu », « faisant peu de bruit, mais grand travailleur », cette locution picarde est une bonne première approche de notre confrère André. Peu communicatif, mais ardent à la tâche, il a vu le jour un 23 avril 1925 à Ercheu, en terre picarde, dans une grande famille profondément chrétienne. Cette terre de Picardie, il aimait s’y retrouver durant ses congés, et y retrouver les siens qui l’entouraient d’une grande affection.
C’est en 1947 qu’il commença son noviciat à Maison-Carrée. Il poursuivit ses études en Tunisie, et fut ordonné prêtre le 12 avril 1952 dans la cathédrale de Carthage
Il fut alors nommé au Mali, au diocèse de Sikasso, où, dans les jeunes paroisses de Kimparana, puis Koutiala ou Karangasso, il donnera le meilleur de lui-même pendant une trentaine d’années, jusqu’en 1982. C’était le pays Minyanka, tellement attachant pour lui qu’il était devenu sa terre d’adoption. Il parcourait les villages, accueillant et attirant la population par son sourire rayonnant.
Sa bonne connaissance de la langue facilitait les contacts. Voici ce qu’écrivait son responsable de mission : « Le père de Thézy m’est un auxiliaire irremplaçable. Beaucoup plus fort en langue que moi, C’est lui qui règle les questions délicates, quand je sens mon incapacité à saisir les nuances de la conversation. Il est toujours prêt à répondre au premier appel de ma part. Dès qu’on parle de ce qui regarde les coutumes, il s’anime et fait des remarques précieuses et judicieuses. Il ne cesse de travailler à acquérir de nouvelles connaissances à ce sujet. Les Minyanka apprécient beaucoup les contacts qu’ils ont avec lui, car lui, si réservé qu’il puisse être parfois avec ses confrères, s’ouvre très facilement dans ses contacts avec la population qui nous entoure ».
Il se rendit ensuite en pays bambara, ce qui l’obligea à s’initier à une nouvelle langue africaine. Il le fit avec sa grande disponibilité habituelle, pendant deux ans seulement, car sa mauvaise vue l’obligea à revenir en France en 1984. Il se rendra alors à Vitry-sur-Seine, en paroisse où il demeura trois ans.
Sa nouvelle terre de mission fut alors Mours, à partir du 10 octobre 1988, pendant 27 ans. Il y sera toujours à la tâche, souriant, tant que ses forces vont le lui permettre.
On se souvient de lui comme d’un confrère aimé de tous : ses confrères, certes, mais aussi les employés de la maison, les membres de sa famille, les visiteurs de passage. Il parlait à chacun comme s’il les avait toujours connus. Il était aidé par sa mémoire phénoménale et s’intéressait à chacun avec son cœur. Il les portait « dans la mémoire de Dieu », avec une grande délicatesse. Personne ne lui était étranger.
Le travail manuel et les services de toutes sortes, même les plus humbles, comme pousser les poubelles ou ranger les encombrants ne le rebutait pas, bien au contraire. Et même lorsque ses forces ont commencé à diminuer, il resta encore et toujours disponible. Dans le parc, son principal lieu de travail, on aimait le voir, assis sur sa chaise, surveillant le feu des branches mortes, fumant sa vieille pipe, ou récitant son chapelet qui le mettait en communion avec tout le monde,
Jusqu’au bout il a « tenu », sans jamais se plaindre, alors qu’il sentait ses forces le lâcher. Deux jours avant de nous quitter, il s’obstinait encore à arracher les mauvaises herbes qui poussaient entre les pavés. Il voyait de moins en moins pourtant. Mais il voyait « avec le cœur ».
Lors de ses obsèques la chapelle contint avec difficulté les nombreuses personnes, famille et amis, qui vinrent l’entourer au cours d’une belle cérémonie, où de nombreux confrères de la région parisienne concélébrèrent. Puis ce fut le départ pour Ercheu où le caveau familial l’accueillit. Il repose désormais en sa Picardie natale.
Merci, André, d’avoir demandé à rester jusqu’à ton dernier souffle au sein de la communauté de Mours. Tu nous laisses un témoignage précieux que la communauté gardera longtemps et dont elle essaiera de vivre. Tu nous fais nous souvenir de l’évangile : « Celui qui parmi vous apparaît comme le plus petit, c’est celui-là qui est le plus grand ».
Michel Groiselle, M.Afr.