Victor-Luke Odhiambo SJ — Une vie vécue où peu osent aller
Un hommage au prêtre jésuite Victor-Luke Odhiambo qui a été tué alors qu’il servait dans un collège de formation d’enseignants au Soudan du Sud. Francis Anyanzu SJ, prêtre jésuite d’origine ougandaise qui vit et étudie actuellement en Afrique du Sud, évoque sa vie de service dans un endroit isolé et très pauvre.
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Victor-Luke Odhiambo SJ, un prêtre jésuite d’origine kenyane âgé de 62 ans, se trouvait dans la salle de séjour de la communauté jésuite Daniel Comboni à Cueibet, un endroit isolé du Soudan du Sud, lorsque des inconnus ont attaqué la maison dans la nuit de mercredi à jeudi, au petit matin du 15 novembre 2018.
Il vivait dans la maison avec trois compagnons jésuites, ainsi qu’un quatrième jésuite en visite, qui s’étaient tous retirés plus tôt dans leur chambre. Puis, aux petites heures du matin, ils ont entendu le bruit – et les coups de feu.
Les bruits de coups de feu sont monnaie courante ici et les menaces sur la vie des gens sont une horreur bien trop courante que les jésuites en mission au Soudan du Sud et tous ceux qui y vivent sont bien forcés de supporter. Le 15 novembre, cependant, les coups de feu étaient tirés dans le salon de la communauté jésuite. Vers 2h00 du matin, deux coups de feu étaient tirés et Victor-Luke était abattu dans la salle communautaire.
Le prêtre a été assassiné pour un mobile connu seulement de ses assassins. Tout ce que ses compagnons ont vu quand ils sont entrés dans le salon était un corps désormais sans vie. Il était trop tard pour alerter qui que ce soit de l’intrusion et de la fusillade.
Son cheminement à la suite du Seigneur, dès qu’il avait entendu son appel, a commencé en 1978 alors qu’il entrait au noviciat jésuite en Zambie. Il fut l’un des pionniers parmi les scolastiques jésuites du Collège Hekima et le premier jésuite du Kenya à être ordonné diacre à l’ école de théologie jésuite au Kenya où beaucoup de jésuites d’Afrique et de plus loin viennent pour leur formation en théologie.
Il a été le fer de lance d’un certain nombre d’initiatives éducatives des Jésuites d’Afrique de l’Est et l’un des « Pères fondateurs » du collège jésuite de Dar es Salaam, en Tanzanie. Depuis 2008, il était directeur de l’école secondaire « Loyola House » à Wau, au Sud-Soudan. Loyola House avait été transformée en école après avoir servi de caserne militaire pendant la guerre. Il a également enseigné l’anglais au centre informatique et écologique St Pierre Claver à Rumbek et était devenu le premier directeur de l’école normale « Mazzolari » à Cueibet – où il devait rencontrer sa mort. Il est le premier jésuite à mourir en service au Soudan du Sud. Sa mort est extrêmement douloureuse pour tous ceux qui l’aimaient.
J’ai rencontré Victor pour la première fois à la Curie jésuite (Maison Provinciale) à Nairobi. Il avait une personnalité très douce et sans prétention – une personne avec qui on vivait simplement et agréablement. Son désir de se contenter du strict minimum nécessaire pour vivre, même lorsqu’il venait à Nairobi, était une façon de témoigner de la frugalité de la vie au Soudan du Sud où des milliers de personnes n’ont pas les commodités de base pour vivre.
Un homme de sagesse qui pesait soigneusement ses opinions avant d’intervenir dans les dossiers. Un jésuite avec une profondeur intellectuelle. Il était très bien informé, aussi bien dans le domaine des sciences qu’en théologie et en littérature. Son engagement envers le peuple du Soudan du Sud est incontestable. Même lorsque les conflits étaient à leur apogée, Victor restait toujours avec les gens, n’abandonnant jamais les « moutons » qui lui étaient confiés. Un disciple dévoué à la vision et à la pratique de Jésus d’être avec « les plus petits d’entre nous ».
Le P. Arturo Sosa, supérieur général des Jésuites écrivant à la province d’Afrique de l’Est, où Victor-Luke a servi, salue le grand héritage qu’il nous laisse.
C’était un homme très courageux, intelligent, attentionné, administrateur créatif et surtout un croyant en la valeur de l’éducation. Il n’avait pas peur de s’aventurer dans l’inconnu, même dans les endroits les plus dangereux, une fois convaincu que c’était la mission du Seigneur. Son exemple de dévouement désintéressé en tant que directeur demeure un défi pour beaucoup de nos jeunes frères dans la Compagnie de Jésus. Il est une lumière qui s’est éteinte, après avoir éclairé d’autres lumières. Comme un grain de blé qui meurt pour porter beaucoup de fruit. Et c’est notre consolation.
L’école normale de Mazollari à Cueibet, la mission jésuite où Victor a été tué, est la plus récente oeuvre de collaboration apostolique entre la province jésuite d’Afrique orientale et le diocèse de Rumbek. Le collège était une initiative de feu Mgr Mazollari, évêque du diocèse de Rumbek, dont le but était de répondre au manque d’enseignants dans le Sud-Soudan. Pendant la longue période de guerre civile, l’infrastructure éducative du pays s’est effondrée et a atteint un niveau des plus déplorables. Le processus de reconstruction du pays a nécessité le recrutement d’enseignants pour l’éducation de base dans les pays voisins et ailleurs.
Cueibet est situé dans les parties les plus reculées de la ville de Rumbek, la capitale de l’Etat du Lac du Sud Soudan, dans la zone du clan Dinka Gok qui est l’un des clans de la communauté Dinka de l’Etat du Lac. L’endroit a toujours été un foyer de tensions ethniques entre les Gok et les clans Dinka voisins. Nous, les Jésuites, travaillons ici depuis environ deux ans, où nous restons pleinement engagés dans la mission de réconciliation en fournissant une éducation dans les zones de fracture où peu osent aller.
Victor-Luke Odhiambo SJ croyait fermement en l’avenir du plus récent pays d’Afrique. Au cours des dix dernières années, il s’est donné entièrement à cette fin. Selon lui, éduquer les gens peut apporter un changement important et permettre aux gens d’avoir un avenir. Lors des réunions jésuites, il a souvent parlé de l’importance de l’éducation si l’on veut que la paix et le développement se réalisent un jour dans le Soudan du Sud.
Nous déplorons une grande perte pour les Jésuites, pour sa famille et ses amis. Mais jusqu’au jour de sa mort brutale, il a semé des graines d’espoir et de courage pour tous ceux qui veulent voir un Soudan du Sud stable. Le provincial des Jésuites d’Afrique de l’Est, Joseph Oduor Afulo SJ, qui prêchait à ses funérailles, a prononcé les paroles suivantes avant de déposer son corps au tombeau.
“Comme une graine, il est mort pour que de bonnes bases éducatives et une foi profondément enracinée puissent trouver des racines solides à Cueibet, dans l’état de Gok et au Soudan du Sud. Il a été répandu comme l’eau de la libation pour donner vie à l’éducation de base et à la connaissance intime du Christ dans ce pays.”
Une mort comme la sienne prouve que le ministère dans les zones de fracture n’est pas quelque chose dont on peut rêver de loin, mais une réalité dans laquelle et pour laquelle des gens comme Victor choisissent de vivre. Ce n’est pas en vain qu’il a donné son dernier souffle pour cela.
L’article original a été posté sur le site Spotlight Africa