Père Bernard Fagnon
...Bernard est né le 22 novembre 1930 à Paris. Son père, Charles était électricien, sa mère Germaine, couturière. Par la suite deux filles viennent compléter le foyer. En 1937, la famille déménage en banlieue parisienne, à Antony. Voulant répondre à une vocation missionnaire, en 1945, après quelques années au Lycée, Bernard gagne le Petit Séminaire des Pères Blancs à Saint Laurent d'Olt en classe de 4è, et continue au Séminaire de Bonnelles en 1946 pour les classes du second cycle. En 1950 il est à Kerlois en Bretagne pour la philosophie. Après son service militaire en Allemagne il rejoint en Algérie, le noviciat de Maison Carrée. Il est envoyé à s'Heerenberg aux Pays-Bas puis à Monteviot en Ecosse pour la théologie en anglais. Le 29 Juin 1958, il est ordonné prêtre à Bonnelles par Monseigneur André Dupont, évêque de Bobo-Dioulasso où Bernard vient d'être nommé.
Ses formateurs sont unanimes pour signaler chez lui " une nature très active, travaillant avec ordre et méthode, une volonté forte, énergique ; ce qui le caractérise c'est un grand dévouement ! "
Au Burkina Faso : Bernard arrive en Haute-Volta (qui deviendra le Burkina Faso en 1984). Il y est présent de 1958 à 2003, avec une interruption de 4 années pour l'animation missionnaire en France de 1965 à 1969. Il est aussitôt nommé professeur d'Anglais au Petit Séminaire de Nasso : à Monteviot on avait écrit : " il parle anglais couramment, mais avec un accent français assez fort ! " C'était suffisant pour une nomination de professeur, sans autre préparation. Il s'en tira d'ailleurs très bien ; il fut même choisi comme examinateur officiel lors des épreuves orales d'anglais au baccalauréat.
Tout son apostolat au Burkina fut axé sur la jeunesse. Il fut à plusieurs reprises professeur d'anglais au Petit Séminaire de Nasso, puis aumônier des Lycées et Collèges dans les différentes missions où il fut affecté : Bobo-Dioulasso, Toussiana, Tounouma, Orodara, Ban fora, Niangoloko. Grâce à sa connaissance du scoutisme pratiqué pendant sa jeunesse, de 1937 à 1945, il fut nommé aumônier national des Scouts et des Guides du Burkina. Les jeunes l'appréciaient beaucoup. C'est pourquoi, lors de son décès, certains qui résidaient dans la région parisienne ont tenu à venir assister à ses funérailles à Bry-sur-Marne. Vu son riche passé comme professeur et aumônier des jeunes, il s'intéressait surtout aux enseignants et aux élèves.
Pendant son séjour à Niangoloko, il entretint une correspondance régulière avec sa paroisse Saint Saturnin d'Antony pour les intéresser à la mission. Cela lui permit d'établir un jumelage entre les deux paroisses apportant un soutien financier appréciable aux œuvres de Niangoloko.
En France : En 2003, il est nommé en France pour prendre la responsabilité à Paris, de l'accueil à la rue Friant. charge à laquelle il ajouta plusieurs activités : la visite aux malades originaires du Burkina, l'accompagnement d'une équipe Foyer Notre-Dame, et un service de librairie qui lui permit d'envoyer plus de 1.000 sacs postaux de livres pour des communautés dans une douzaine de pays africains en particulier au Burkina, au Mali et en Côte d'Ivoire. Il assura aussi quelques petits travaux dans la communauté : poubelle, sacristie . . .
Il continuait à s'intéresser à la vie du Burkina grâce aux visiteurs de la maison d'accueil de Friant et à une correspondance suivie avec les confrères et les chrétiens du Burkina.
En septembre 2018, il arrive à la maison de retraite de Bry-sur-Marne. Sans attendre il prend quelques initiatives: l'entretien du parc, l'accompagnement de malades, l'acheminement du courrier… Malheureusement son séjour y fut très bref, interrompu brutalement par un incident à une station de métro (resté coincé dans un tourniquet) alors qu'il revenait d'une rencontre avec une équipe du Foyer Notre-Dame à Paris. Rentré à Bry, ne se sentant pas bien et après une visite aux urgences où rien ne fut diagnostiqué, les complications se sont très vite enchaînées. Amené en urgence à l'hôpital Mondor de Créteil, il y décède le 5 février 2019 après trois journées en réanimation.
Les funérailles de Bernard se sont déroulées dans notre chapelle à Bry avec la présence de ses deux sœurs et de son neveu. Le Père Michel Girard dans son homélie a brossé merveilleusement la personnalité de Bernard. L'ambassade du Burkina avait envoyé une nombreuse délégation. Dans son intervention, Madame la Consul a souligné l'œuvre de Bernard en faveur du Burkina pendant ses quinze années passées à Paris, ce qui lui a valu de recevoir la décoration du Mérite.
Il repose maintenant au cimetière municipal de Bry-sur-Marne, à côté des nombreux confrères qui l'y ont précédé. Dieu a pu l'accueillir avec joie en lui disant : " Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton Seigneur ! "
François Jaquinod