Père Pierre Jullien
...Pierre est né le 26 Décembre 1926 à Alger. Son Père tenait une Pharmacie, rue Daguère ; Sa famille était profondément croyante et se composait de 8 enfants. Une des sœurs de Pierre est devenue Sœur Blanche. Ils vivaient out près de notre maison Mère à Maison Carré, Pierre a dû y rencontrer les Pères Blancs et c'est peut-être la raison pour laquelle il est entré dans la Société.
Pierre a fait son année spirituelle à Maison-Carré en 1947, a fait son serment à Thibar le 27 juin 1952 et a été ordonné prêtre à Carthage le 05 Mai 1953, après ses études de Théologie. Nommé au Mali à Manddiakuy au Diocèse de San, il commence à apprendre la langue, le Bobo-Oulé et sera nommé vicaire dans cette paroisse de Mandiakuy où il y sera heureux et rendra les autres heureux par son dévouement et son sens de la personne. Trois ans plus tard il ira à Bomborokuy mais il n'y restera qu'un an avant de revenir à Mandiakuy .
Pierre s'était investi dans la langue et les coutumes, langue qu'il parlait à la perfection ; Un jour à Ségou, au Mali, il était dans la cour de la mission avec un autre confrère, au-delà du mur d'enceinte, passaient des gens qui parlaient le Bobo-oulé, Pierre engagea la conversation avec eux jusqu'à l'entrée de la mission. Arrivé là, les gens furent étonnés et surpris de voir le Père Jullien parler leur propre langue et lui dirent : " tu parles notre langue à la perfection comme si tu étais l'un de notre village ". Pierre s'était incarné dans le milieu comme l'avait demandé le Cardinal notre fondateur et surtout Jésus-Christ " soyez des témoins de l'Evangile, des hommes de Paix, dans les villages où vous entrerez vivez comme les gens ".
En 1964, Pierre part faire sa grande retraite à la Villa Cavaletti en Italie, et à son retour il est nommé à Touba, toujours au diocèse de San ; En 1970 il vient à Ségou avec Monseigneur Leclerc pour prendre l'économat de diocèse pour peu de temps avant de rejoindre le petit séminaire de Togo comme économe. Pierre était un bon gestionnaire mais ne cachait pas son désaccord pour les dépenses excessives et non justifiées ce qui faisait des accrochages avec les confrères et le personnel.
Pierre avait la nostalgie de l'Algérie et avait souffert des événements entourant l'indépendance et du départ de sa famille vers la métropole, Il avait aussi beaucoup de mal à accepter le renouveau conciliaire qui avait changé trop de choses et il eut de la peine à s'adapter à la nouvelle façon de célébrer les offices et l'eucharistie il se renfermait un peu sur lui-même ; Il restait attentif aux autres mais ne se livrait pas. Nommé à Tominian il n'y restera que peu de temps, fatigué physiquement et moralement, il rentre définitivement en France le 23 avril 1976.
Sa première nomination le conduira à Lille pour l'animation missionnaire jusqu'en 1977, date où il est nommé pour de nombreuses années à Paris, rue Friant. Là il va donner la pleine mesure de ses qualités de service en œuvrant tour à tour à l'accueil et surtout dans le service des voyages au cours duquel on ne comptera plus ses déplacement, allez retour à Roissy pour aller chercher des confrères de retour ou en partance pour l'Afrique. Qui parmi nous n'en a pas bénéficié ? Pour le service des voyages, il a fait bien des kilomètres en mobylette, en métro, et en voiture.Il disait connaitre très bien Paris et sa banlieue car il fallait aussi s'occuper des visas pour les différents pays d'Afrique ; Il était heureux de ce service en rendant les autres heureux par son accueil à l'aéroport.
En 1995 il rejoint la maison de retraite de Bry sur Marne, où pendant de nombreuses années, il va avoir une multitude de contacts avec les gens du quartier ; mais son âge avancé va l'user, et après plusieurs séjours à l'hôpital, il va s'éteindre calmement dans sa chambre, dans la communauté des Pères Blancs dont il a toujours été un membre fidèle et heureux. Il repose en paix auprès de Celui qu'il a cherché et à qui il a consacré toute sa vie.
A son enterrement très priant et recueilli beaucoup de sa famille sont venus dans notre chapelle de Bry sur Marne ainsi que des amis venus s'associer à notre prière.
Jacques Bufferne