Le Père Jan Van Haandel


La république de la Côte d’Ivoire a connu pendant des années des problèmes politico-ethniques sérieux. À un moment donné, c’était la division et même la guerre. Il y eut des victimes et des gens ont dû fuir le pays.Cela a été le cas pour la famille X. C’était vers 2002. Les parents avaient été pris et étaient disparus, leurs enfants recueillis par des gens d’Église.

Ils croyaient leurs parents morts. Effectivement, le papa avait été tué. Mais la maman, étant en prison et condamnée au même sort, a pu faire appel à une amie d’école pour l’aider à en sortir. Celle-ci était membre du parti au pouvoir. Elle a quand même essayé, et elle a réussi à sortir la maman de la prison, et même du pays. Lorsque cela a été découvert, elle aussi a fait de la prison. Mais la maman était déjà réfugiée aux Pays-Bas, illégalement d’abord. C’est après beaucoup de misères et de souffrances qu’elle a été reconnue victime de génocide. Elle habite dans le sud du Limbourg, seule, car elle a perdu ses enfants. Que sont-ils devenus ?

De passage à Abidjan, capitale de la Côte d’Ivoire, un pasteur de la Guinée entendit à l’église un appel pour accueillir des enfants sans parents, recueillis après des événements politiques. Il en accepta je ne sais combien, à condition qu’ils viennent avec lui en Guinée. Arrivé chez lui, le pasteur fit appel à de bonnes volontés pour prendre en charge ces enfants. Une brave dame et son mari en acceptèrent quatre : trois filles dont un bébé, et un garçon. Eux-mêmes avaient déjà quatre enfants.

Un jour, après quatre ou cinq ans, la dame alla avec les enfants faire des achats en vue d’une fête. Sur le marché, les enfants reconnaissent une commerçante. C’était une grande joie. Celle-ci était convaincue que leur maman était en vie quelque part. Elle demanda leur adresse complète, en promettant de l’envoyer partout pour trouver la maman des trois filles. Le garçon était un petit frère de la maman.

En 2008, la maman aussi a fait par hasard une rencontre dans un marché, juste de l’autre côté de la frontière allemande. Une dame l’a reconnue, et lui a donné l’adresse de ses enfants. L’organisation au service des refugiés, celle de la province du Limbourg, s’est donnée comme difficile tâche de réunir la maman avec ses enfants et son petit frère. Ils ont pris contact avec la dame en Guinée, où les enfants demeuraient. Et ils ont commencé de longues démarches auprès des autorités du gouvernement néerlandais.

En janvier 2009, je fus mis au courant de cette affaire. On me demandait de m’occuper du logement de la dame guinéenne et des quatre enfants durant leur séjour à Bamako, au Mali. Ils devaient se présenter à l’ambassade des Pays-Bas dans ce pays pour l’identification des enfants. En février, ils ont roulé en taxi pendant plus de mille kilomètres. Le test ADN et d’autres examens ont été faits.

Alors, a commencé la période d’attente des résultats et finalement de l’autorisation. En juin, étant en congé, j’ai reçu chez moi le premier responsable de cette organisation et la maman. Ils venaient de défendre leur cause dans une rencontre avec les autorités à Bois-le-Duc. Ils étaient optimistes. L’autorisation de faire venir les enfants a été donnée début juillet. De retour à Bamako, j’ai eu à m’occuper de leur deuxième séjour et de leur départ pour les Pays-Bas.

L’ambassade allait leur fournir tous les papiers dont ils avaient besoin pour faire le voyage et pour rejoindre leur maman.

Le 23 août, j’avais les quatre billets dans mon ordinateur. Ils sont arrivés à Bamako le 29 août. Le premier septembre, après un repas d’adieu et de remerciements à la dame guinéenne pour tout ce qu’elle avait fait pour les enfants, nous sommes partis pour l’aéroport. Le lendemain, dans l’après-midi, j’ai reçu un coup de téléphone de la famille réunie dans la plus grande joie.

 
                                            Père Jan Van Haandel
                                            Bamako

 

                                 Tiré de "Petit Echo" 2012/06, n° 1032