Je me souviens d’une histoire, racontée par le catéchiste de la paroisse de Solenso, Simon Ouédraogo, quand j’étais au Burkina Faso, sorte de fable pour inviter un époux et son épouse à se réconcilier.

C’est l’histoire d’un colporteur, sorte de marchand ambulant, qui allait de village en village pour vendre ses marchandises. Mais en fait de marchandises, il n’avait que quatre choses à proposer, mais quelles choses étranges, voyez plutôt : Il y avait la richesse, le pouvoir, la sagesse et… le pardon ! (cherchez l’intrus !). Il proposait donc ces quatre choses, mais avec cette particularité que chacun ne pouvait en choisir qu’une seule !

Il arrive donc dans une cour et montre ses quatre choses au chef de famille. Laquelle choisir ? Notre homme se trouve bien ennuyé, qu’auriez-vous fait à sa place ? Or cet homme était polygame, il avait quatre femmes ; il décide donc de consulter ses épouses.

La première, qui était jeune et coquette et qui aimait les bijoux et les beaux pagnes lui dit de choisir la richesse, évidemment !

La deuxième, une femme forte qui aimait commander, lui dit de choisir le pouvoir : il deviendra ainsi un grand chef et tout le monde lui obéira.

La troisième qui aimait donner des conseils, lui dit : “Non, choisis plutôt la sagesse ; alors les gens viendront de partout te consulter, te demander conseil ; tous auront pour toi beaucoup de considération et de vénération.”

Enfin, la quatrième s’approche : c’était la plus âgée, elle était sa première épouse, compagne de toutes ses difficultés, de ses peines et de ses joies. Elle lui dit donc : “Regarde, nous qui sommes avec toi aujourd’hui ; si nous avons toujours pu vivre en harmonie et en bonne entente avec toi, c’est parce que nous avons toujours su nous pardonner. À quoi servent la richesse, le pouvoir, et même la sagesse, s’il n’y a pas l’entente que procure le pardon ? Là est la source de notre bonheur et de la paix dans ta maison aujourd’hui. Choisis donc le pardon.”

Notre homme trouva que cette dernière avait bien parlé et, suivant son conseil, il choisit le pardon !

Georges Riffault, M.Afr

Voici deux photos du catéchiste Simon,

prises en 2011 par son fils, Jérôme,

prêtre du diocèse de Nouna

(Burkina Faso).

Tiré de "Petit Echo" 2012/7 n° 1033