Maison de retraite Lavigerie
Le 24 juillet 1924, s’installa une communauté Pères Blancs, aux pieds des Pyrénées, à quarante kilomètres de Lourdes, dans ce beau pays béarnais basque, en une maison du pays, la “Villa Luz”.
De la Villa Luz à la Maison de retraite Lavigerie
Nombreuses furent les vocations au Béarn et au pays basque. Nous continuons notre présence missionnaire dans la fidélité à nos anciens. Avec le temps, la “Villa Luz” s’est élevée d’un étage en 1925, de deux étages en 1932 pour devenir “Villa Notre Dame”, sanatorium doté d’un solarium. “À l’époque, me confie un confrère, la maison était gérée par les Pères Blancs, (un supérieur, un économe, un Frère infirmier). Nous étions une bonne vingtaine, nous nous connaissions bien entre nous ; peu dépassaient les 80 ans ; pas de nonagénaire à fêter. Nous n’avions pas de télévision, ni le confort actuel ; nous nous retrouvions pour les jeux de société, dans une très bonne entente. Les prêtres diocésains étant nombreux (35 à Pau, 14 maintenant), nous étions moins sollicités pour le ministère.”
En 2002, la “Villa Notre Dame” s’étendit sur toute la largeur de la propriété pour doubler le nombre de chambres de résidents. Elle répondait aux normes et devint, 9 ans plus tard, la “Maison de retraite Lavigerie”, passant au régime officiel des maisons de retraite, sous la direction d’une société de gestion ; ainsi, notre responsable n’en est plus le directeur. Notre communauté de 53 résidents, 3 Frères, 50 Pères, s’adapte à cette nouvelle structure. Saluons d’abord notre doyen, marchant à petits pas vers son centenaire en avril 2013 ; 13 confrères nonagénaires le suivent de près, ainsi que 30 octogénaires et quelques-uns que l’on dit jeunes. Un bon melting-pot international : (SAP 6, EAP 6, PAC 8, PAO 28, Maghreb 2, et 2 divers !) Nous sommes tous conscients d’être des privilégiés, vu toutes les facilités de la vie moderne, l’informatique, la télévision, la qualité des services de santé et le dévouement de tout le personnel.
Nous formons une famille
Malgré toutes nos différences de caractères bien trempés, et nos sensibilités humaines, nous formons une famille où chacun a sa petite responsabilité, selon ses possibilités, depuis l’accueil au standard téléphonique jusqu’à l’entretien du parc, le voiturage des malades, la sacristie, la liturgie, les bibliothèques, le service d’information, d’informatique. “Une place pour chacun et chacun à sa place”. La roue tourne, chacun à son rythme. Même si nous échangeons peu entre nous, sous l’écorce rude apparaît la délicatesse, la tendresse du cœur qui ne veut se dire que dans la discrétion, en ces services rendus, échanges de revues, de journaux, de livres, ces invitations sur place à l’occasion d’un anniversaire, ces voiturages à Lourdes pour une journée de prière, ou une expédition d’une journée en Espagne, à travers les Pyrénées. Mais, depuis six mois, nous constatons combien les santés se dégradent rapidement. Les visites en chambre apportent un réconfort.
À la recherche du bon vouloir de Dieu
Missionnaires d’Afrique, nous tenons à garder notre esprit de famille dans notre nouvelle structure d’État. Toute la communauté se réunit officiellement, à peu près deux ou trois fois par trimestre, selon les urgences, au gré des circonstances, ce qui permet au responsable de ranimer les cœurs, de réconforter et donner les directives et conseils pour un meilleur vivre-en-famille, grande réunion préparée avec les conseillers. Le temps fort de notre vie de prière est bien sûr la célébration eucharistique quotidienne, qui rassemble toute la communauté. La prière des laudes et vêpres est laissée à la liberté d’un chacun. Nous devons tenir compte de l’évolution des mentalités suite aux années soixante ; de même en est-il du Salut et de l’adoration du Saint Sacrement. Chacun vit à son rythme, à la recherche du bon vouloir de Dieu. Chaque premier vendredi du mois, nous avons la récollection mensuelle, soit personnelle, soit avec un enseignement qui peut être donné par un confrère résident ; l’après-midi, nous avons une heure d’adoration du Saint Sacrement (participation libre). Durant le temps de l’Avent, chaque semaine, une lecture suivie du prophète Isaïe réunissait les volontaires, une bonne vingtaine ; de même durant le carême, une lecture continue du livre “Cheminement des disciples au fil des évangiles” de Pierre Simson (M.Afr).
Nous avons apprécié la venue du Père Jan Mol, comme prédicateur de retraite, et sommes toujours heureux d’accueillir nos visiteurs : le Père Detlef Barstch, alors Provincial, Jos Van Boxtel et Emmanuel Ngona de Rome, Jo Deneckere, Hermann Cornelissen, Hugo Mertens de Belgique, M. José Morales, José Maria Sarasola d’Espagne, Romaric Bationo du Burkina, missionnaire en Zambie, en stage en Irlande et bien sûr des confrères de France. L’Afrique ne nous oublie pas avec les visites de Mgr Philipe Ouedraogo et Mgr Zerbo Jean, archevêques au Burkina Faso et au Mali.
L’animation de la maison Lavigerie
Au fil des années, chaque responsable apporte sa note personnelle. Des services en paroisse sont présentés : messes, confessions, ou catéchèse. Avec l’âge, le nombre des candidats diminue. Des personnes compétentes sont invitées pour des conférences et des témoignages variés. Ce qui est nouveau, des ballades dans la nature, en petit groupe.
D’autre part, nous savons tous que nous échangeons peu entre nous et qu’il y a un manque de relations interpersonnelles, vu notre nombre. Avant le Concile Vatican II, la solide formation reçue, dans nos grandes maisons, veillait à former des frères vivant de charité mutuelle forte pour affronter une vie missionnaire rude, ne touchant pas trop l’aspect psychologique d’une relation interpersonnelle d’amitié. Là aussi, chaque responsable a son approche : – Nouveauté ! Nous avons été invités à écrire une page de notre vie missionnaire. Petit à petit, sans trop savoir pourquoi, on s’exécuta et aujourd’hui, tu peux consulter ce livret “Vies missionnaires”. – Autres Nouveautés : Invitation à se retrouver en petit groupe au restaurant ou en soirée avec des confrères partageant les mêmes responsabilités. Accueil de confrères de passage en soirée, après le repas, avec les conseillers ou quelques autres, petites rencontres avec un petit quelque chose à grignoter. Pourquoi pas ! Ballade en pleine nature, la belle nature des Pyrénées, par petit groupe, même avec des handicapés.
Magnifique est le Seigneur ! Merci à tous nos responsables, depuis le haut jusqu’en bas, pour leur souci des confrères âgés.
Edouard Duclos, M.Afr.